15 mars – JM Blanquer est-il encore ministre de l’éducation nationale ? Après l’annonce le 14 mars que « en moyenne » la moitié des enseignants devrait rejoindre les établissements lundi 16, le ministre de l’éducation nationale tient des propos nettement plus mesurés le 15 mars. Entre ces deux moments , l’intervention du premier ministre qui invite à réduire au minimum les déplacements. Le ministre semble en dehors du gouvernement et incapable d’en comprendre l’action.
14 mars : La majorité des professeurs dans les établissements
En moins de 24 heures, le ministre de l’éducation nationale est à nouveau désavoué par le gouvernement. On se rappelle que JM Blanquer , le 12 mars , affirmait que la fermeture des écoles n’était pas envisagée.. jusqu’à ce que le président de la République annonce leur fermeture le même 12 mars au soir. C’est ce qui se passe à nouveau en ce moment sur un sujet tout aussi important puisqu’il concerne la santé d’un million d’enseignants.
Le 14 mars, le ministre de l’éducation nationale annonce que « le principe c’est que les adultes sont au travail » et qu’il devra y avoir « la moitié des professeurs en permanence dans les établissements en moyenne ». « Le principe c’est que les adultes sont au travail. Les modalités c’est d’être dans l’établissement ou à la maison. C’est le chef d ‘établissement qui décide. Un professeur qui a une raison de ne pas venir (parce qu’il est malade ou a des enfants à garder) le fait valoir. La moitié des professeurs en permanence dans les établissements c’est une moyenne. Chaque chef d’établissement a besoin d’une équipe pour assurer le fonctionnement de l’établissement », dit JM Blanquer. Le ministre « peut concevoir que certains soient en télétravail certains jours et présents à d’autres moments ». Il maintient le droit pour la hiérarchie d’organiser des réunions.
14 mars au soir : contredit par le premier ministre
Le 14 mars au soir, E Philippe annonce de nouvelles mesures de lutte contre la pandémie. « L’immense majorité des scientifiques dit que la meilleure façon de freiner l’épidémie c’est la distanciation sociale… On doit impérativement limiter les déplacements et les contacts. Ca s’applique dans les entreprises et les administrations qui doivent lundi engager l’organisation massive du télétravail ».
Ces propos contredisent ceux de JM BLanquer qui voyait les écoles et établissements accueillir la moitié des enseignants. A de nombreux endroits, les recteurs , les inspecteurs ou les chefs d’établissement on convoqué pour lundi l’ensemble du personnel. Certains enseignants ont reçu un emploi du temps pour la semaine calqué sur leur emploi du temps habituel. Tout cela semble balayé par la parole du premier ministre.
Et par sa propre administration ?
La circulaire du 13 mars n’évoque pas la question de la présence des enseignants mais seulement celle des directeurs et chefs d’établissement. La FAQ ministérielle sur le coronavirus a été mise à jour le 14 à 17 heures. Mais elle ne semble pas très claire.
« Les réunions, séminaires, séquences de formation… de plus de 100 personnes doivent donc être reportés jusqu’à nouvel ordre. Ceci ne fait pas obstacle à la tenue de réunions pour l’organisation de la continuité pédagogique ou la tenue des conseils de classe ni à la venue des personnels dans l’établissement notamment pour réaliser la production de ressources pédagogiques, accéder à des postes de travail haut débit, assurer le lien avec les familles démunies d’outils numériques, contribuer à la coordination de l’équipe éducative ou disciplinaire », dit-elle.
Un peu plus clair, mais en contradiction avec les propos du ministre quelques minutes plus tôt, ce document ministériel annonce : » l’ensemble des personnels des écoles et établissements scolaires ne sont pas tenus de rejoindre systématiquement à partir de lundi 16 mars leur lieu de travail :
– les équipes de direction et les personnels indispensables pour assurer la mise en place de la continuité administrative et pédagogique, le lien avec les familles et les élèves, l’accueil des enfants des personnels de santé sans solution alternative de garde, ainsi que les personnels en charge de la salubrité et de la sécurité des établissements doivent être physiquement présents.
– Les autres personnels doivent être invités à privilégier le télétravail.
– En tout état de cause, les personnels fragiles au regard de l’épidémie (liste disponible sur le site du gouvernement) doivent être invités à rester à leur domicile et donc à télé-travailler, dans la mesure du possible. »
15 mars : moins de 10% des professeurs dans les établissements
Le 15 au matin, sur France Info, JM Blanquer réajuste son discours. « Le but n’est pas de faire venir qui que ce soit pour le principe de le faire venir… Le but n’est pas de faire venir beaucoup de professeurs », dit le ministre. « La majorité sera en télétravail mais il faut une équipe de permanence dans l’établissement… Dans chaque cas le chef d’établissement décide quel professeur vient physiquement et quel autre télétravaille ». Finalement JM Blanquer lâche que « sur 70 enseignants peut-être 5 ou 6 seront présents ».
Que doivent faire les enseignants ? Les propos du premier ministre, ceux du ministre de l’éducation nationale les invitent à une extrême prudence. On ne comprendrait pas que la hiérarchie locale n’en tienne pas compte.
Un ministre dépassé
On comprend que le ministre tienne davantage au principe hiérarchique qu’à la gestion de l’épidémie et la santé des personnels. Surtout , le ministre de l’éducation nationale passe son temps à essayer de rattraper ses bévues et les décisions gouvernementales. Il semble déjà en dehors du gouvernement.
François Jarraud