Alors que le ministre parle sans cesse de la « priorité au primaire », les chiffres des postes mis aux concours 2020 démentent ces propos. Pour la 3ème année on enregistre une baisse sensible des postes offerts. Certaines académies sont particulièrement touchées.
Un millier de postes en moins
La publication au Journal officiel du 11 mars de la répartition des postes mis aux concours de professeur des écoles en 2020 montre une nouvelle chute du recrutement.
En 2018, 10526 postes étaient proposés au concours externe de professeur des écoles. Ce nombre est passé à 9636 en 2019. En 2020 il ne sera que de 9515. Ainsi, malgré les dédoublements et les annonces de plafonds du nombre d’élèves dans les classes qui nécessiteraient des postes supplémentaires, c’est un millier de postes en moins qui sont proposés au concours externe du primaire depuis l’arrivée de JM Blanquer.
Des académies particulièrement touchées
La répartition par académie est assez révélatrice. Dans les deux plus grandes académies, là où le nombre de candidats est trop faible, le nombre de postes est maintenu : 1520 à Créteil et 1690 à Versailles. Mais on sait déjà que ce nombre ne sera pas atteint en réalité.
Il est intéressant de noter la baisse des postes en Normandie. Dans cette académie modèle de la réunification des anciennes académies, le ministère anticipe les économies de postes que cette nouvelle gestion permet. A Rouen on passe de 267 postes offerts en 2018 à 174. A Caen de 174 à 118.
D’autres académies voient le nombre de postes mis au concours baisser fortement. C’ets le cas à Paris (374 en 2019, 270 cette année), Lille (722 et 480), Nantes (322 et 244), Poitiers (la fameuse « capitale de l’éducation ») 190 et 135), Reims (234 et 157), Toulouse (330 et 220) et La Réunion (210 et 160).
Quelle « priorité au primaire » ?
» L’école primaire sera ma priorité absolue jusqu’à la fin du quinquennat. Elle se traduira par un budget accru et par une action pédagogique que je souhaite toujours plus efficace », avait écrit aux professeurs JM Blanquer, à la veille d’une manifestation, en mai 2019. Il a repris la formule de la « priorité au primaire » fréquemment dans les médias. Nous avons déjà montré comment cette « priorité au primaire » est payée par des suppressions de postes dans le second degré.
En diminuant le nombre de postes mis aux concours, JM Blanquer change les conditions du concours au dernier moment pour des étudiants qui sont engagés dans un cycle de formation long. A Lille, par exemple, les candidats apprennent ce matin qu’ils ont deux fois moins de chances d’être reçus que les années précédentes.
Ces évolutions hachées participent de la crise du recrutement en décourageant les étudiants de se tourner vers un métier déjà mal rémunéré mais aussi où les chances de succès ne sont pas en rapport avec l’effort demandé. La crise a longtemps été circonscrite au second degré. Elle a gagné le primaire récemment, d’abord dans deux puis dans 6 académies en 2019.
F Jarraud