Présentant le 29 janvier leur projet de réforme de l’éducation prioritaire, P Mathiot et A Azema ont rencontré peu de critiques de la part des députés de la commission de l’éducation de l’Assemblée , plutôt séduits par l’idée d’une distribution territoriale des moyens de l’éducation prioritaire. Les questions de l’opposition ont été noyées par le flot de louanges de la majorité. Cependant quelques faits émergent de cette rencontre.
Rappelons les grandes lignes de la réforme proposée par P Mathiot et A Azema dans un rapport sur l’éducation prioritaire remis à JM Blanquer. Ils proposent de réduire la politique nationale d’éducation prioritaire aux seuls Rep+. La labellisation Rep disparaitrait avec les moyens qui lui sont afférés dont les primes versées aux enseignants. Ces moyens seraient donnés aux académies qui décideraient de leur affectation sur des critères locaux en associant davantage les collectivités locales. Ces critères ne seraient plus forcément sociaux. Le rapport invite à inscrire la distance parcouru pour aller dans l’établissement comme critère. Cela revient à faire prendre en charge par les fonds de l’éducation prioritaire le surcout réel des établissements ruraux. Enfin le rapport veut faire évoluer la politique de recrutement. Sur ces points A Azema et P Mathiot ont apporté quelques précisions.
Pourquoi ne pas avoir proposé la suppression des Rep+ avec les Rep ? « On sanctuarise les Rep+ car on est en période électorale. Ca n’aurait pas été une bonne idée de changer la carte. On aurait lancé la machine à baffes », explique Pierre Mathiot devant les députés. La remarque situe aussi le niveau de leur rapport…
Dans un duo déjà bien éprouvé, A Azema essaie de rattraper ces propos en rappelant qu’il avait déjà été question en 2014 de réduire l’éducation prioritaire aux Rep+. « Il faut rapprocher la carte de l’éducation prioritaire de la carte de la politique de la ville. La stabilisation de la carte des Rep+ est liée à celle de la politique de la ville », affirme t-elle. L’éducation nationale abandonnerait donc sa propre politique.
P Mathiot a insisté sur le fait que la délabellisation des Rep ne signifie pas la fin d’une politqiue nationale. La politique académique pourrait se faire sur des critères nationaux. Malheureusement on a l’exemple de la politique d’affectation des moyens du premier degré lancée par le gouvernement précédent. Des critères objectifs très locaux ont été construits par la Depp . Des moyens sont donnés par le ministère. Mais ensuite les recteurs mènent leur politique personnelle sous pression des usages et pouvoirs locaux. L’abandon de la politique nationale donne aux plus forts davantage de moyens et les usages administratifs renforcent cette tendance (les moyens sont toujours plus rentabilisés dans les gros établissements de centre ville qu’ailleurs).
Dans ces nouveaux calculs, les critères de transport favoriseraient les établissements ruraux qui sont déjà favorisés en terme de résultats et de moyens scolaires. La réforme consisterait à faire payer le prix des établissements et écoles ruraux par ceux des quartiers urbains populaires.
P Mathiot est aussi intervenu sur l’affectation des enseignants. Pour envoyer des professeurs sur les quartiers populaires et sur les zones rurales il a l’idée de certifications . La certification « élèves allophones » dirigerait vers les uns et celle « classe multi ages » vers les autres . Car prélever des moyens aux premiers pour les donner aux seconds est aussi une politique ethnique…
François Jarraud
Sur l’impuissance des politiques académiques sur critères nationaux