La première réunion de travail sur la revalorisation en lien avec la réforme des retraites dans l’éducation nationale a lieu le 23 janvier. Les syndicats y vont en ordre dispersé. La Fsu veut dissocier cette question des retraites et attend une réelle revalorisation pour tous les personnels. Le Sgen Cfdt souhaite que « rapidement » tous les agents soient concernés. Le Se-Unsa interpelle les parlementaires.
Les discussions sur la revalorisation des enseignants dans le cadre de la réforme des retraites s’ouvrent le 23 janvier avec une première réunion sur « l’examen des missions et cartographie des indemnités et primes dans le premier degré ». Le lendemain a lieu une seconde réunion,sur les mêmes sujets concernant le second degré. Puis les 28 et 29 janvier il est question des carrières et de leur gestion individualisée. Ensuite les 4 et 5 février, du « fonctionnement des collectifs pédagogiques ». Il faut attendre les 6 et 7 février pour « une synthèse et examen des premiers scénarios de revalorisation ».
Evidemment la lecture de ces thèmes n’incite pas à l’enthousiasme. Le ministère voudrait gagner du temps et laisser pourrir qu’il ne ferait pas mieux. Alors que le système éducatif est gravement perturbé, que les enseignants sont bien mobilisés, on parle primes, gestion individuelle des carrières , c’est à dire peut-être primes au mérite, puis « collectifs pédagogiques », c’est à dire là encore avantages pour les plus méritants, et on s’arrête pour une synthèse.
Normalement la revalorisation c’est plus simple : on parle grilles, indices, échelles. Ces mots semblent bannis des projets ministériels. Et le ministre lui-même a expliqué que les 500 millions promis pour 2021 (dans un an et plus !) seront surtout pour les enseignants débutants. On est donc encore loin de la revalorisation pour tout le monde.
La FSU semble sceptique sur la démarche ministérielle. « Si l’article 1 du projet de loi parle bien d’une revalorisation salariale permettant de garantir aux enseignants un même niveau de retraite que ceux des corps équivalents de la Fonction publique, le gouvernement étalerait cet engagement sur plus de 15 ans pour y arriver dans le cadre inédit d’une loi de programmation. Quel crédit accorder à un gouvernement qui a déjà reporté d’une année la mise en œuvre du protocole PPCR (Parcours Professionnels, Carrières et Rémunérations), qui continue à geler le point d’indice des fonctionnaires, contribuant ainsi à poursuivre la dégradation de leur pouvoir d’achat, qui détruit les statuts, qui réduit les capacités des organisations syndicales à défendre collectivement les droits des personnels ? », interroge la Fsu. Pour elle, » Que le gouvernement parle des retraites ou des salaires, il entretient le flou et l’imprécision… C’est pourquoi, le 24 janvier elle appelle les personnels à être massivement en grève et dans les manifestations ».
Le Sgen-CFDT « depuis le début des discussions, insiste pour que des mesures tangibles soient prises vite ». Pour le syndicat, « le démarrage de la revalorisation dès 2021 en est un. Cependant, si tous les agents ne sont pas concernés dès 2021, il faut que rapidement toutes et tous puissent savoir quand ils bénéficieront de la revalorisation… Le travail s’est intensifié pour toutes et tous depuis plusieurs années, et chacun.e a besoin que son travail soit enfin mieux reconnu. Le ministre n’a pas fermé la porte à des mesures les concernant. »
Le Se-Unsa interpelle le parlement. » Les adhérents du SE-Unsa sont 87 % à penser que la revalorisation annoncée ne sera pas au rendez-vous et 89 % estiment que ce chantier engendrera une nouvelle dégradation de leurs conditions de travail. Nos adhérents souhaitent se faire entendre dès maintenant. Le SE-Unsa, réuni en conseil national, décide donc de lancer immédiatement une campagne d’interpellation des parlementaires et sénateurs. Par ce courrier, ils poseront leurs exigences : maintenez notre niveau de retraite, revalorisez nos métiers, et attention nous n’accepterons pas l’alourdissement de nos missions ».
Le ministère fait des promesses qui semblent irréalistes. » Le Gouvernement garantit aux enseignants et aux chercheurs que leurs pensions ne baisseront pas. Cet engagement figurera dans la loi ». C’est faux : la loi parle d’une retraite équivalente à celle des autres corps équivalents de la fonction publique. Le plafond de 13.8% du PIB pour l’ensemble des retraites rend illusoire le maintien du montant des retraites. » Ces personnels bénéficieront ainsi d’une revalorisation progressive et significative de leurs primes. Ces éléments devront se décliner dans le cadre du dialogue social propre aux deux ministères. » Là par contre c’est plus clair que les propos du ministre…
FRançois Jarraud