Revalorisation
Revalorisation : Une avancée et quatre déceptions
500 millions s’approchent mais 10 milliards s’éloignent. A l’issue d’une rencontre avec JM Blanquer, le 13 janvier au soir, malgré la confirmation d’une revalorisation à hauteur de 500 millions, la FSU manifeste surtout de la déception et des inquiétudes. Déception car ni le volume ni le calendrier ni les modalités de la revalorisation ne sont connus. Inquiétude car JM Blanquer lie la revalorisation à des contreparties. La réunion a surtout établi un calendrier précis sur les missions des enseignants et leur évolution. Pour la FSU la revalorisation doit commencer maintenant. Et la mobilisation des enseignants doit continuer et s’approfondir.
Revalorisation : Huit questions à Stéphane Crochet (Se-Unsa)
Comment le second syndicat enseignant aborde t-il la négociation avec JM BLanquer sur la revalorisation ? Reçu après la FSU le 13 janvier, l’unsa éducation a entamé aussi les discussions avec JM Blanquer. Stéphane Crochet, secrétaire général du Se Unsa, fait le point l’échange avec le ministre et les attentes de son syndicat.
Blanquer : La revalorisation que pour les jeunes professeurs ?
La revalorisation annoncée par JM BLanquer ne concernera t-elle que les professeurs débutants ? La question se pose sérieusement après les déclarations de JM Blanquer sur RTL le 16 janvier. Le choix des jeunes professeurs est évidemment en lien avec la réforme des retraites. Mais elle porte en germe le risque de la naissance d’un nouveau corps enseignant.
Réforme du bac
Les premières épreuves du nouveau bac sérieusement menacées
Il va falloir retenir le sigle « E3C ». Malgré tous leurs efforts sur le terrain, comme les menaces utilisées à Nîmes, les recteurs semblent incapables d’arrêter la vague d’opposition aux nouvelles épreuves de contrôle continu du bac 2021. Nîmes a semblé donner un coup d’envoi avec le blocage le 13 janvier des épreuves d’anglais déclenchées en avance au lycée Daudet. Dans les académies l’opposition à l’organisation des épreuves progresse et dans certaines elle a déjà atteint un niveau important. Ces épreuves mal taillées font l’unanimité syndicale contre elles même si elles sont aussi un terrain d’affrontement entre organisations. Elles sont aussi devenues un moyen de s’opposer aux réformes Blanquer et à la réforme des retraites.
E3C : Tous les syndicats demandent le report
» A mesure que les semaines passent, les problèmes sont de plus en plus évidents : problèmes d’organisation, lourdeur de la procédure, inégalités de conditions de passage et de traitement entre établissements et donc entre élèves. Les problèmes matériels ne cessent de s’accumuler, de l’ouverture tardive de la banque nationale de sujets aux difficultés posées par la correction dématérialisée (connexion, débit etc.). Les sujets proposés par la BNS ne correspondent pas dans de nombreux cas aux savoirs travaillés avec les élèves, les grilles d’évaluation apparaissent comme complexes et dénuées de sens par rapport aux exigences requises, l’absence de temps spécifique de concertation et de correction obère la possibilité du travail collectif… » Une très large intersyndicale (SNES-FSU, SE-UNSA, CGT Educ’action, Sud éducation, SGEN-CFDT, SNEP-FSU, SNALC, SIES, FAEN, SNCL, UNL et Lycéens au Centre) demande aux ministres de « renoncer à cette session des E3C ». Cette demande est soutenue sur le terrain : des enseignants ont commencé à refuser de participer aux épreuves de controle continu du bac en 1ère.
E3C : La bataille est engagée
A la veille des premières épreuves du controle continu du nouveau (E3C) bac 2021, chaque camp fourbit ses armes. De nombreux enseignants ont manifesté à Paris le 16 janvier contre la réforme du bac et l’organisation des épreuves qui doivent commencer le 20 janvier. Les syndicats du privé demandent eux aussi l’annulation de la session de janvier. De leur coté les recteurs donnent des instructions aux chefs d’établissement, comme cette lettre aux proviseurs de l’académie de Rennes que nous nous sommes procurés…
Réforme des retraites
Retraites : Le projet de loi du gouvernement
La réforme des retraites correspond à deux projets de loi que le Café pédagogique vous propose de découvrir. Un projet de loi organique revient sur les grandes règles de financement des retraites et notamment les lois de financement de la sécurité sociale. Le projet de loi ordinaire précise dans son article 1 qu’il y aura une revalorisation salariale des enseignants « permettant de garantir un même niveau de retraite pour les enseignants et chercheurs que pour des corps équivalents de même catégorie de la fonction publique… Cet engagement sera rempli dans le cadre d’une loi de programmation » Si le régime se veut « universel », certains assurés bénéficieront d’aménagements sur leur âge de départ et le financement de leur retraite. Surtout, le processus législatif encadre strictement le champ des négociations. En ce qui les concerne, les enseignants sont priés de faire totalement confiance au gouvernement puisque les discussions réelles sur leur avenir n’auront lieu qu’après l’adoption de la loi. En ce sens, cette loi est déjà un outil de leur mise au pas.
Retraites : La lettre d’E. Philippe et les profs
Dans une lettre envoyée aux syndicats le 11 janvier, le premier ministre propose de retirer l’âge pivot pour la retraite sur les années 2022-2027. Après un mois de conflit et 4 journées de grève nationales, cette concession d’un gouvernement qui n’en voulait aucune, permet à certains syndicats de sortir du conflit. Sur le fond elle ne change rien à la réforme définie par le gouvernement si ce n’est que les syndicats pourraient porter le chapeau de mesures immédiatement impopulaires. Pour les enseignants, mobilisés sur d’autres thèmes que l’âge pivot, la manoeuvre gouvernementale, si elle réussit, risque de les isoler alors qu’ils sont ceux qui ont le plus à perdre avec cette réforme.
Retraites : Division syndicale et diversification de la mobilisation
La détermination est toujours bien là. Mais pas chez tous. Chez les enseignants, l’événement du jour c’est le départ du Snalc qui « suspend » sa participation au mouvement. C’est que , pour cette nouvelle journée nationale de mobilisation contre la réforme des retraites, si les cortèges sont bien garnis, la grève s’essouffle. De nouvelles formes démobilisation apparaissent et se répandent. On n’a pas fini de parler de cette réforme.
Retraites : La mobilisation des enseignants reste forte
Après un mois de conflit et pour une 4ème journée de grève nationale contre la réforme des retraites, les enseignants se sont encore fortement mobilisés. Les syndicats annoncent un enseignant sur deux en grève, le ministère parle de 18%. Si le taux de gréviste est un peu plus faible que le 17 décembre 2019, il reste supérieur au 10 décembre et imposant après un mouvement aussi long. L’intersyndicale devrait appeler à une nouvelle journée de grève dans la semaine prochaine.
Manif du 9 janvier : Ce que nous ont dit les profs
Lors de cette quatrième grande manifestation et de la trente-sixième journée de grève chez les agents de la RATP et les cheminots, des centaines de milliers d’enseignants étaient dans les rues jeudi 9 janvier. Mécontents mais déterminés, ils ne semblent pas vouloir lâcher malgré les promesses du gouvernement qui semblent loin d’être à la hauteur de leurs attentes. Les principales organisations syndicales d’enseignants, le Snes, le Snuipp, le Snuep Fsu, la Cgt Education, le Snalc, Sud Education, le Snfolc et le Sncl appellent d’ores et déjà à poursuivre la mobilisation les 10 et 11 janvier.
Retraites : Quatre questions à Benoît Teste
Les discussions avec le gouvernement piétinent. Le nouveau secrétaire général de la FSU est inquiet du flou des discussions et des annonces gouvernementales. Pour lui, si les discussions n’avancent pas c’est que le ministre veut réformer le métier enseignant.
Lois Retraites : Jusqu’en 2021 ?…
Les quatre lois portant la réforme des retraites peuvent -elles être adoptées en 2020 ? Et quel serait le calendrier de la loi de programmation concernant les enseignants ? Le report de la réunion du Cneserac montre que le calendrier pourrait bien être rallongé…
Education prioritaire
Education prioritaire : Une politique contre les inégalités ?
Prenez les meilleurs spécialistes de la question et demandez à Marc Bablet et Annie Tobaty de coordonner leurs participations. Cela donne le numéro 164 c’Administration & éducation sur l’éducation prioritaire. JY Rochex, B Lejeune, JP Delahaye,P Picard, L Heurdier, S Cèbe, A Armand, E Bautier, C Ben Ayed, M Douaire, A Boissinot, pour n’en citer que quelques uns, enrichissent ce numéro qui fait événement. Il propose ainsi une vision complexe, diverse, un kaléidoscope de l’éducation prioritaire, vue du moins au niveau des experts et des responsables.
Education prioritaire : 4 questions à un coordonnateur Rep+
Qu’est ce qui doit être amélioré dans l’éducation prioritaire ? Didier Martin, coordonnateur d’un réseau Rep+ dans la banlieue d’une grande agglomération, montre ce que donnent les changements de politique sur le terrain et ce qu’il faudrait pour améliorer les résultats. Il pointe notamment le turn over chez les pilotes de réseau, souvent très ignorants de l’éducation prioritaire pour qui elle n’est qu’un tremplin pour leur carrière.
Education prioritaire : L’analyse du Snuipp Fsu
C’est une des impasses du numéro 164 d’Administration & éducation. La revue ne donne pas la parole aux syndicats. Chacun a pourtant une vision différente de la politique d’éducation prioritaire. Nous avons choisi le Snuipp parce que l’école primaire est plus touchée par la nouvelle politique menée par JM Blanquer que le second degré et parce que c’est le premier syndicat de ce niveau. Nous lui avons demandé de lire ce numéro et de réagir aux choix effectués dans Administration & éducation.
Politique ministérielle
Le ministère de nouveau face au suicide enseignant
Une enseignante de 43 ans, professeure en STI2D au lycée R Weinum de l’ile de Saint Martin (Antilles) s’est donnée la mort chez elle le 9 janvier. Ce drame intervient alors que s’ouvre le 10 janvier la première réunion du groupe de travail du CHSCT du ministère de l’éducation nationale sur la prévention des risques suicidaires. La Fsu interpelle le ministère sur ses responsabilités.
Parcoursup : Le Conseil d’Etat renvoie au Conseil constitutionnel l’accès aux algorithmes locaux
Le Conseil d’Etat a rendu le 15 janvier son avis sur les demandes d’accès aux algorithmes locaux de Parcoursup. L’Unef avait saisi la justice et le Conseil d’Etat du refus d’universités de communier l’algorithme permettant le tri des demandes d’inscription. L’enjeu est de taille puisque c’est celui de l’égalité d’accès au supérieur. Les chiffres de Parcoursup montrent que Parcoursup a rendu l’accès au supérieur plus difficile aux bacheliers professionnels et technologiques. Dans son arrêt le Conseil d’Etat reconnait la caractère dérogatoire de l’artcile L612-3 du Code de l’éducation. « Il résulte des termes mêmes de ces dernières dispositions, éclairées par les travaux préparatoires de la loi dont elles sont issues, que ces dispositions spéciales ont entendu déroger, notamment, aux dispositions de l’article L. 311-1 du code des relations entre le public et l’administration, en réservant le droit d’accès à ces documents aux seuls candidats qui en font la demande, une fois la décision les concernant prise, et pour les seules informations relatives aux critères et modalités d’examen de leur candidature ». Il renvoie à une question prioritaire de constitutionnalité la question soulevée par l’Unef. « Les questions prioritaires de constitutionnalité mettant en cause la conformité à la Constitution du dernier alinéa du I de l’article L. 612-3 du code de l’éducation sont renvoyées au Conseil constitutionnel ».
Remaniement original du cabinet de G Attal
Que faire d’un rival politique ? Le prendre dans son cabinet. C’est la méthode utilisée par Gabriel Attal qui fait entrer dans son cabinet Jérémy Coste, son adversaire aux législatives de 2017 et un potentiel rival pour les municipales à Vanves (92). Le même arrêté voit le chef de cabinet, Antoine Evennou, devenir directeur adjoint du cabinet, le poste de chef de cabinet allant à Jérémy Coste.
Blanquer pèse sur Macron
Longtemps elle fut considérée comme un atout par le gouvernement. C’était même le principal argument mis en avant pour affirmer sa politique sociale. Selon un sondage Ifop – JDD, la politique scolaire du gouvernement est maintenant celle qui fait plonger le plus le gouvernement. Blanquer enfonce Macron.
Baisse de popularité de JM Blanquer
Alors que la popularité de certains ministres s’améliore (Castaner) ou est à peine écornée par le conflit des retraites (Philippe, Schiappa, Pénicaud), JM Blanquer fait le grand plongeon au palmarès des hommes politiques tenu mensuellement par Paris Match et l’Ifop. Le ministre de l’éducation nationale se retrouve avec 29% de français satisfaits soit 5% de moins que le mois précédent. C’est le second chiffre négatif pour JM Blanquer après le sondage Ifop -JDD du 12 janvier qui montre un recul très fort de l’opinion sur la politique scolaire du gouvernement.
Renaissance du Cnesco
Supprimé par la loi Blanquer, le Cnesco renait sous la forme du » Centre national d’étude des systèmes scolaires » intégré au sein du Cnam. Le Cnesco n’est plus une institution de l’éducation nationale. Mais il entend conserver ses missions d’évaluation de l’Ecole et même les élargir. » Des recherches inédites et des synthèses scientifiques originales continueront d’être produites à échéances régulières avec l’aide du réseau des 300 chercheurs partenaires du Cnesco », annonce le Cnesco qui souligne que cela permet » un état des lieux de l’éducation en France sur des thématiques précises et variées ». Le Cnesco poursuivra également ses conférences de consensus et ses conférences de comparaisons internationales. Il continuera à produire « des propositions nourrissant les politiques éducatives de demain ». Le Cnesco annonce trois événements : une étude sur la laïcité à l’école fin janvier 2020, une étude sur le numérique et les apprentissages au premier semestre 2020 et une conférence de comparaisons internationales sur la formation continue des personnels d’éducation en novembre 2020. Finalement un organe indépendant d’évaluation de l’Ecole n’arrive à exister qu’en dehors de l’institution scolaire.
DHG, management public et management privé…
» La démarche de management public est très différente de celle qui est à l’œuvre dans les contextes de management privé », écrit Stéphane Germain dans un article sur son blog. Auteur d’un ouvrage sur « Le management des établissements scolaires » (De Boeck Supérieur), il prend en exemple la distribution des heures dans la DHG. » Une spécificité du mangement public est ainsi de recourir à la fabrique du consensus comme façon de prendre les arbitrages », dit-il. » lorsque la répartition de la DGH est soumise à l’approbation de tous en conseil pédagogique, il est très rare qu’elle ne soit pas votée en Conseil d’administration. Lorsque les acteurs du service public sont responsabilisés, lorsqu’ils sont associés au processus de décision des établissements, le management public prend tous son sens pour faire converger l’action publique dans le sens de l’intérêt général. »
Reprise en main à l’Inspe d’Orléans
Depuis la mi décembre, l’Inspe d’Orléans n’a plus de directeur. Cette situation résulte du refus par la commission d ‘audition, présidée par la rectrice, du seul candidat proposé par l’université d’Orléans, Philippe Bourdier. La loi Blanquer a modifié la procédure de nomination des directeurs d’Inspe qui est maintenant dans la main des recteurs et donc de l’éducation nationale. Auparavant ils étaient choisis par leurs pairs universitaires. Philippe Bourdier était administrateur provisoire. Il a été choisi par ses collègues pour diriger l’Inspe et était le seul candidat.
Métier enseignant
Professeurs des écoles : Promotion en hausse dans l’accès à la hors classe
Un arrêté publié au JO du 10 janvier relève le taux d’accès des professeurs des écoles à la hors classe à 17% au lieu de 15.10% en 2019.
Baisse du nombre de postes aux concours de personnels de direction
Un arrêté publié au JO du 15 janvier fixe à 600 le nombre de postes offerts au concours de recrutement de personnels de direction. En 2019, ce nombre était de 650.
Numérique
Bruno Devauchelle : La différenciation à l’ère numérique
On associe souvent utilisation pédagogique du numérique et différenciation. C’est d’ailleurs un des arguments phares utilisé pour en justifier l’utilisation dans l’enseignement. Au-delà des mots, il y a les mises en œuvre et les réalités de la classe, de l’école et ses contraintes. L’utilisation du terme « différenciation » dans l’enseignement permet, à l’instar de ce qu’en disent nombre d’auteurs/chercheurs, de poser une question essentielle au système scolaire. Très souvent ce mot est mis en lien ou en opposition avec les mots individualisation, personnalisation. Sans entrer ici dans le débat sur ces trois termes, il est nécessaire de s’interroger sur les chemins de l’apprendre que chacun peut suivre avant de s’interroger sur un enseignement différencié. Nous proposons ici trois composantes de la réflexion qui sont d’abord indépendantes du numérique, dans un deuxième temps nous aborderons la question du numérique dans ce cadre.
Les jeunes et les écrans
La publication, par le ministère de la Santé, d’une étude sur l’effet des écrans sur les jeunes enfants (de 3 à 7 ans) affole les médias. Pourtant sur ce sujet, une abondante littérature montre qu’il convient d’être prudent et de savoir raison garder.
Bruno Devauchelle : Mettre des roulettes sur une chaise ne suffit pas !
Par cet aphorisme nous voulons interroger les engouements actuels autour des espaces et architectures scolaires, leur pertinence et essayer de comprendre en quoi le numérique peut participer de cette réflexion. C’est aussi l’ambition proposée par le projet du ministère appelé Archiclasse. La première phrase de présentation est éloquente : « La transformation de l’architecture scolaire est rendue nécessaire par les pédagogies appuyées sur les outils et services numériques. « . Comment analyser cette proposition plus largement surtout au moment où les collectivités s’interrogent et lancent des projets (Académie de Lyon, de Caen etc.…) de nouveaux bâtiments dits expérimentaux. Hors de France la question est aussi posée comme on peut le constater au Québec autour des écoles primaires entre autres.