La revalorisation annoncée par JM BLanquer ne concernera t-elle que les professeurs débutants ? La question se pose sérieusement après les déclarations de JM Blanquer sur RTL le 16 janvier. Le choix des jeunes professeurs est évidemment en lien avec la réforme des retraites. Mais elle porte en germe le risque de la naissance d’un nouveau corps enseignant.
Une revalorisation réservée aux plus jeunes
Interrogé sur la revalorisation et les 500 millions en 2021 annoncés le 13 janvier, JM Blanquer a déclaré que la revalorisation est « potentiellement plus » que les 10 milliards évoqués jusque là. Pourtant, selon la FSU, il s’était gardé le 13 janvier de confirmer les 10 milliards.
Mais JM Blanquer a surtout annoncé la restriction du champ d’application de la revalorisation. « Ca touchera d’abord les plus jeunes des professeurs car ce sont les moins bien payés », dit il. « Les augmentations que l’on va faire peuvent se traduire dès l’année prochaine, en 2021, par des hausses très substantielles pour les jeunes professeurs. Un professeur qui commence aujourd’hui gagne 1.600 euros mensuels. Ce n’est pas assez et ce que nous voulons dès l’année prochaine, c’est qu’il puisse avoir entre 70 et 90 euros nets par mois supplémentaires ».
Avec les 500 millions annoncés on n’obtient qu’environ 40 € par mois et par professeur en brut compte tenu du fait qu’ils sont un million. Annoncer que les jeunes professeurs toucheront de 70 à 90€ nets par mois signifie que la totalité des 500 millions va être versée aux générations nées après 1975, qui représentent environ 55% des enseignants.
Le 13 janvier, JM Blanquer avait été évasif sur ce point. « On est inquiet que tous les enseignants ne soient pas concernés car le ministre rappelle que la revalorisation est liée à la réforme des retraites. Il souhaite consacrer davantage de revalorisation aux enseignants nés après 1975. Pour nous une revalorisation qui ne concerne qu’une partie des enseignants n’est pas une revalorisation », nous avait dit la Fsu. « Le ministre dit que cela fera partie des discussions. Mais il réaffirme que s’il veut corriger les débuts de carrière il veut une revalorisation de tous les enseignants », nous avait dit le Se Unsa.
En échange de contreparties
Dans l’esprit du ministre, cette revalorisation s’accompagnera de contreparties qu’il évoquées sur RTL. « Je mets sur la table ce qui peut améliorer le service public… On va réussir pour que le système soit plus efficace au service des élèves. Si on augmente le droit à la formation continue des professeurs c’est gagnant pour tout le monde ». On sait que cette « amélioration » consiste dans l’obligation de suivre des formations définies par la hiérarchie pendant 5 jours pris sur les congés. Le décret est déjà paru.
Réserver la revalorisation à une partie des enseignants définie par l’âge fait entrer sur un terrain glissant :la définition d’un nouveau métier enseignant. Comment justifier que des professeurs gagnent des sommes différentes au même indice selon leur âge ? La solution pourrait être la création d’un nouveau corps, mieux rémunéré mais aussi soumis à la refonte du métier voulue par le ministre. Il est possible aussi que le ministre envisage d’imposer à tous de nouvelles charges sans pour autant revaloriser tous les enseignants.
F Jarraud