Premier degré
L’incroyable froideur de l’administration face au suicide de C Renon
Alors que le suicide de C Renon a été reconnu « imputable au service », le ministère s’obstine à relativiser cette décision en des termes parfois choquants. Comme s’il ne voulait pas en tirer les conséquences…
Les directeurs veulent de l’aide, pas un statut
Selon le sondage publié par le ministère le 7 janvier, seulement 11% des directeurs demandent clairement un statut. Par contre une grande majorité souhaite être aidée pour les tâches administratives et d’accueil. Le ministre devrait faire des annonces fin janvier ou début février. La question du statut pourrait revenir dans ces annonces pour les raisons évoquées ci-dessous.
Quel avenir pour les directrices d’école ? Tour de table…
Un sondage dit-il tout ? Non bien sur. Alors que le ministère publie les résultats de son sondage auprès des directrices et directeurs d’école, nous donnons la parole à 4 directrices rencontrées un peu partout en France. Mélanie, Laaldja et Patricia dirigent de grandes écoles urbaines. Laaldja est à Paris. Ses collègues dans des banlieues populaires. Marie est en poste dans une petite école rurale. Toutes ont des préoccupations et des attentes différentes…
Directeurs d’école : « La feuille de route est tracée » selon le Snuipp
Revenant sur les résultats de la consultation des directeurs d’école, le Snuipp Fsu invite le ministère à respecter les demandes de la profession. « Comme l’ensemble des enseignantes et des enseignants, les directrices et les directeurs réaffirment la nécessité de ne pas être considérés comme des exécutants, mais bien que leur expertise et leur implication au service des élèves soient reconnues »
Retraites
Retraites : Le projet de loi du gouvernement
La réforme des retraites correspond à deux projets de loi que le Café pédagogique vous propose de découvrir. Un projet de loi organique revient sur les grandes règles de financement des retraites et notamment les lois de financement de la sécurité sociale. Le projet de loi ordinaire précise dans son article 1 qu’il y aura une revalorisation salariale des enseignants « permettant de garantir un même niveau de retraite pour les enseignants et chercheurs que pour des corps équivalents de même catégorie de la fonction publique… Cet engagement sera rempli dans le cadre d’une loi de programmation » Si le régime se veut « universel », certains assurés bénéficieront d’aménagements sur leur âge de départ et le financement de leur retraite. Surtout, le processus législatif encadre strictement le champ des négociations. En ce qui les concerne, les enseignants sont priés de faire totalement confiance au gouvernement puisque les discussions réelles sur leur avenir n’auront lieu qu’après l’adoption de la loi. En ce sens, cette loi est déjà un outil de leur mise au pas.
Retraites : Nouvelles promesses ministérielles, nouvelle mobilisation…
Les enseignants seront -ils aussi mobilisés le 9 janvier que le 17 décembre ? Certains chiffres syndicaux donnent à penser que de nombreux enseignants feront grève. L’intersyndicale éducation reste unie et déterminée. Le ministre fait pourtant tout ce qu’il peut pour réduire la pression : discussions sur les directeurs et surtout des propos quasi euphoriques et de nouvelles promesses qui vont encore plus loin que ce qui a été dit jusque là.
Retraite : Une histoire et des inégalités historiques
» La mobilisation enseignante s’inscrit dans un cadre historique spécifique. Leur régime de retraite ne date nullement de la Libération, comme le régime général, mais des deux Empires. Un système aussi ancien peut-il être refondé radicalement sur de toutes autres bases, même en quelques années, sans de grandes difficultés (pour les uns comme pour les autres) ? », écrit Claude Lelièvre. Il retrace deux siècles des régime de retraite enseignante et d’inégalités entre début et fin de carrière et aussi entre enseignants français et leurs collègues étrangers…
Retraites : Blanquer et la crise de confiance
Au moment où les enseignants rentrent en classe, et malgré leur mobilisation exceptionnelle, leurs perspectives de retraite ne se sont en rien améliorées durant leurs congés. Ni la réunion de Nancy, ni les multiples déclarations ministérielles n’ont fait baisser leur détermination à obtenir une revalorisation permettant d’assurer leurs retraites. Le gouvernement multiplie les promesses mais les enseignants ne les croient simplement pas. Alors que le gouvernement veut sortir de la crise par une loi de programmation, la question de la confiance devient première. Or, deux ans et demi après avoir proclamé « l’école de la confiance », la crise de confiance est manifeste à l’Education nationale et devient un casse tête politique pour Matignon. Au centre du problème, JM Blanquer.
Claude Lelièvre : Une revalorisation loin de la précédente
» Dix milliards pour la «revalorisation», c’est 0,4% du PIB. Mais de 1990 à 1993, la part de la dépense intérieure d’éducation dans le PIB est passée de 6,6% à 7,6%, puis est restée à cette hauteur jusqu’en 1997. On est loin de ce compte », note Claude Lelièvre sur son blog. Il rappelle la revalorisation conduite par Lionel Jospin. De 1990 à 1993 la revalorisation correspond à une hausse de 0.3% du PIB par an. La revalorisation annoncée par E Philippe représente 0.02% par an. Moins de 10 fois moins…
Retraites : La mobilisation des enseignants reste forte
Après un mois de conflit et pour une 4ème journée de grève nationale contre la réforme des retraites, les enseignants se sont encore fortement mobilisés. Les syndicats annoncent un enseignant sur deux en grève, le ministère parle de 18%. Si le taux de gréviste est un peu plus faible que le 17 décembre 2019, il reste supérieur au 10 décembre et imposant après un mouvement aussi long. L’intersyndicale devrait appeler à une nouvelle journée de grève dans la semaine prochaine.
Manif du 9 janvier : Ce que nous ont dit les profs
Lors de cette quatrième grande manifestation et de la trente-sixième journée de grève chez les agents de la RATP et les cheminots, des centaines de milliers d’enseignants étaient dans les rues jeudi 9 janvier. Mécontents mais déterminés, ils ne semblent pas vouloir lâcher malgré les promesses du gouvernement qui semblent loin d’être à la hauteur de leurs attentes. Les principales organisations syndicales d’enseignants, le Snes, le Snuipp, le Snuep Fsu, la Cgt Education, le Snalc, Sud Education, le Snfolc et le Sncl appellent d’ores et déjà à poursuivre la mobilisation les 10 et 11 janvier.
Retraites : Quatre questions à Benoît Teste
Les discussions avec le gouvernement piétinent. Le nouveau secrétaire général de la FSU est inquiet du flou des discussions et des annonces gouvernementales. Pour lui, si les discussions n’avancent pas c’est que le ministre veut réformer le métier enseignant.
Lycée
Menaces sur les épreuves du contrôle continu du bac
« Je n’ai pas d’inquiétude. Mais l’institution s’organise pour que les corrections aient lieu « . Le 8 janvier, devant le Sénat, JM Blanquer était serein mais quand même a annoncé que son ministère s’organise pour que les corrections des épreuves du contrôle continu du bac, les E3C aient lieu. C’est que les enseignants d’un nombre important de lycées ont déjà fait savoir qu’ils refusaient d’y participer pour des raisons d’ailleurs variables. Et que les syndicats en demandent le rapport ou menacent de ne pas les organiser.
La réforme du lycée et Parcoursup devant le Sénat
« On me taxe de vertical. Mais le comité de suivi de la réforme (du lycée) existe. Et je suis très ouvert ». Pour JM Blanquer , comme pour F Vidal, auditionnés le 8 janvier par la Commission de l’éducation du Sénat, la réforme du lycée et Parcoursup se mettent en place sans problème. Mais même si les sénateurs sont majoritairement très favorables à ces réformes, leur expérience leur a permis de soulever trois questions intéressantes.
Lycée : Nouvel aménagement de la réforme du lycée
A peine réformé , déjà « aménagé ». Dans une lettre envoyée le 6 janvier, JM Blanquer valide plusieurs aménagements proposés par le Comité de suivi de la réforme du lycée. Cela concerne le français, avec un nombre de textes diminué, l’anglais, avec l’annonce d’une nouvelle spécialité et les maths, avec la constitution de « groupes de compétences » et en fin l’organisation des conseils de classe et les professeurs principaux. Pour le ministre il s’agit d’offrir « davantage d’accompagnement et de progressivité ». JM Blanquer valide plusieurs propositions du comité de suivi. Certaines sont attendues par les enseignants. D’autres vont décevoir.
Lycée : Les aménagements ne répondent pas aux besoins selon l’Apmep
S’il est une discipline où des aménagements de la réforme du lycée étaient attendus c’est bien les mathématiques. Depuis des mois, l’association des professeurs de maths (Apmep) proteste, avec d’autres associations de mathématiciens, contre le retrait des maths du tronc commun dès la 1ère et le fait qu’une seule spécialité soit proposée à des élèves qui ont des niveaux et des projets post bac très différents. Pour Sébastien Planchenault, président de l’Apmep, les aménagements décidés par JM Blanquer « ne répondent pas aux besoins ». Il craint notamment que les élèves ne soient pas informés des différenciations pédagogiques importantes que le ministère veut mettre en place.
E3C : Le Snes Fsu appelle à refuser les E3C
Ce sont les oubliés du dernier aménagement de la réforme du lycée. A quelques jours de la passation les épreuves du contrôle continu de première (E3C) accumulent les problèmes et la contestation. Le Snes Fsu et le Se Unsa ont déjà appelé au report de cette épreuve. Un syndicat régional du Snpden Unsa, syndicat de personnels de direction, menace de ne pas les mettre en place. Dans un communiqué, le Snes Fsu appelle les enseignants à refuser les E3C.
E3C : Le mouvement de refus s’élargit
Déjà bien installé en Bretagne et dans le Toulousain, le mouvement de refus de participer aux épreuves de controle continu du bac gagne la Normandie. Selon Ouest France, 11 lycées normands refusent de choisir ou d’envoyer les sujets. Les enseignants dénoncent un manque de préparation de la réforme. Le Snes Fsu, le Se unsa et la Fcpe ont demandé le report des épreuves qui doivent commencer le 20 janvier.
Métier enseignant
Marc Bablet : Quelle professionnalisation pour les enseignants ?
« Dans les projets en cours du ministre qui veut profiter de la réforme des retraites pour changer le métier d’enseignant en relation avec des rattrapages salariaux supposés, il y a, une orientation politique construite hors de toute concertation véritable », note Marc Bablet dans un nouveau billet. « Le métier doit être d’abord défini par ce pourquoi il est fait dans une démocratie moderne : permettre des apprentissages réussis à tous les élèves. C’est le sens de la priorité à la formation professionnelle que nous avons portée dans la refondation de l’éducation prioritaire dont on voit aujourd’hui qu’elle est largement abandonnée au profit de formations descendantes qui partent de l’idée que les enseignants ne sont pas bien formés selon les canons des sciences cognitives ou neuronales, au lieu d’une conception qui partait du fait qu’ils savent leur métier et sont capables de s’améliorer dès lors qu’on les y accompagne à partir des problèmes qu’ils rencontrent effectivement dans la réalisation du métier ».
Accès au corps des agrégés par liste d’aptitude
» L’accès au corps des professeurs agrégés par voie de liste d’aptitude repose sur un acte de candidature que l’agent devra engager individuellement. Cette possibilité de candidater est ouverte dans toutes les disciplines d’agrégation, y compris celles pour lesquelles aucun concours de recrutement n’a été organisé ces dernières années », précise la note de service publiée au BO du 2 janvier. » Les candidatures seront examinées en prenant en compte la valeur professionnelle des candidats, leur parcours de carrière et leur parcours professionnel évalué au regard de sa diversité. Les candidats dont l’engagement et le rayonnement dépassent le seul cadre de leur salle de classe doivent être mis en valeur. »
Détachement dans une administration ou une association
Une note de service publiée au BO du 2 janvier fixe la date limite de demande (31 mars ) et les conditions à remplir.
Un décret instaure la rupture conventionnelle chez les fonctionnaires
Publiée au J.O. du 1er janvier, le texte , pris en application de la loi de transformation de la fonction publique, permet à l’administration ou à un fonctionnaire de demander la cessation définitive de ses fonctions et la radiation.
Un collège exerce son droit de retrait face à l’amiante
Des professeurs du collège Dangla d’Agen ont exercé leur droit de retrait le 6 janvier. Selon Le petit bleu, ils dénoncent la présence d’amiante dans ce batiment de type Pailleron. A plusieurs endroits l’amiante serait à nue. Sur la vidéo publiée par Le petit bleu , on entend une enseignante expliquer qu’elle cache sous un bureau une plaque d’amiante pour que les élèves n’y aient pas accès. Selon un rapport de l’Observatoire national de la securité et de l’accessibilité des établissements d’enseignement, supprimé par le ministre, 85% des établissements scolaires ont été construits avant 1997 et sont susceptibles de contenir de l’amiante. On compterait une soixantaine d’agents de l’éducation nationale malades de l’amiante chaque année.
Climat scolaire : De mauvais chiffres officiels
Selon l’enquête officielle sur le climat scolaire dans le 2d degré réalisée par le ministère de l’éducation nationale, seulement un enseignant du public sur deux estime avoir des moyens et une formations suffisants pour l’exercice du métier et deux sur trois se plaint d’un travail trop lourd. Un gros tiers estime que les règles de vie de leur établissement ne sont pas bien respectées. Encore ces moyennes cachent-elles des différences importantes entre les types d’établissement.
Accès à la hors classe et à la classe exceptionnelle
Plusieurs textes publiés au B.O. du 2 janvier organisent les accès à la hors classe et à la classe exceptionnelle. Pour l’accès à la hors classe, il est ouvert aux agents comptant deux ans d’ancienneté à l’échelon 9 (échelon 7 à Mayotte). Aux points d’ancienneté s’ajoutent les points donnés par l’appréciation professionnelle émise par le recteur (maximum 145 points). Pour l’accès à la classe exceptionnelle, les modifications apportées en 2019 sont confirmées. L’objectif est toujours d’atteidnre 10% des effectifs en 2023. Dans le premier comme le 2 degré l’accès est ouvert pour 20% aux agents ayant atteint le 6ème échelon de la hors classe et pour 80% des places aux agents ayant atteints le 3ème échelon hors classe et ayant travaillé en éducation prioritaire ou ayant exercé des fonctions spéciales (directeur, conseiller pédagogique, formateur, tuteur de stagiaires). Dans le second degré l’accès concerne aussi les enseignants de classe préparatoire. Mais il ne concerne plus les enseignants en BTS.
Professeurs des écoles : Promotion en hausse dans l’accès à la hors classe
Un arrêté publié au JO du 10 janvier relève le taux d’accès des professeurs des écoles à la hors classe à 17% au lieu de 15.10% en 2019.
PsyEN : Silence on ferme !
» Depuis plus d’un an et demi, le ministère de l’Education nationale ne répond pas aux demandes de la profession quant au devenir des CIO et des PsyEN » affirme l’intersyndicale Snes Fsu, Cgt, Sud, Sgen Cfdt, Se Unsa et Snptes. Elle dénonce l’affectation des PsyEN en lycées, la certification des enseignants en orientation et la création d’un coordonnateur en orientation en lieu et place des PsyEN, la » valorisation par le ministère de l’Education nationale des start up et organismes privés par l’octroi de subventions »…
Ministériel
Claude Lelièvre : Blanquer, champion de l’historique
« Le capitaine de frégate (dans la réserve) Jean-Michel Blanquer manipule le terme historique à tout va, et à propos de la «revalorisation» plus que jamais », remarque Claude Lelièvre. Une manie qu’il démonte avec beaucoup d’humour. Ainsi « Nous sommes à l’aube d’une revalorisation historique des professeurs » affirme Blanquer « en dépit de la modestie des éléments financiers jusqu’alors distillés par le ministère: autour de 500 millions d’euros de plus chaque année soit 0,02% du PIB, alors qu’au début des années 1990 il y a eu 0,3 % du PIB de plus chaque année… Quant à l’expression « l’énorme avancée…. du maintien du niveau de pension actuel, cela devrait beaucoup plus inquiéter les concernés que les rassurer… » C Lelièvre conclut : « S’il y a un domaine pour lequel on peut faire »confiance » à Jean-Michel Blanquer, c’est bien celui du »souci de soi » et de sa »propre mise en valeur »…
Réforme territoriale : Nouveaux pouvoirs pour les recteurs de région académique
En application de la loi Blanquer, une série de textes publiés au JO du 31 décembre accordent de nouveaux droits aux recteurs d’académie aux dépens des « simples » recteurs. Ces textes s’accompagnent d’une revalorisation des fonctionnaires supérieurs de l’éducation nationale et notamment des nouveaux corps créés par la réforme territoriale.
Numérique
Derrière les écrans, la parentalité
» Ma colère est grande : pourquoi ne parvient-on pas à dépasser la question des « écrans » ? Ces procès et autres chroniques, émissions, propos, ou polémiques sont totalement irresponsables. Ils oublient que toutes les évolutions matérielles et leurs usages s’inscrivent dans un « système » et que les intentions sous-jacentes sont porteuses d’un projet de société, d’un projet politique, mais aussi philosophique. Mais il est plus pratique de désigner un coupable plutôt que de rechercher l’origine du problème », écrit Bruno Devauchelle. » Au lieu d’aborder ces deux questions de fond, parentalité et environnement ludo-éducatif, ces articles suivent les propos violents de certains « scientifiques », peut-être en mal de reconnaissance, qui utilisent abondamment cette rhétorique qui s’appuie sur un bouc-émissaire ce qui évite d’aborder les vraies questions de fond. Peut-être aussi faut-il penser que l’effet loupe peut aussi concerner des scientifiques qui, le regard sur le microscope, oublient la culture qui environne l’objet observé. »
Bruno Devauchelle : La différenciation à l’ère numérique
On associe souvent utilisation pédagogique du numérique et différenciation. C’est d’ailleurs un des arguments phares utilisé pour en justifier l’utilisation dans l’enseignement. Au-delà des mots, il y a les mises en œuvre et les réalités de la classe, de l’école et ses contraintes. L’utilisation du terme « différenciation » dans l’enseignement permet, à l’instar de ce qu’en disent nombre d’auteurs/chercheurs, de poser une question essentielle au système scolaire. Très souvent ce mot est mis en lien ou en opposition avec les mots individualisation, personnalisation. Sans entrer ici dans le débat sur ces trois termes, il est nécessaire de s’interroger sur les chemins de l’apprendre que chacun peut suivre avant de s’interroger sur un enseignement différencié. Nous proposons ici trois composantes de la réflexion qui sont d’abord indépendantes du numérique, dans un deuxième temps nous aborderons la question du numérique dans ce cadre.