La 4ème journée de grève contre la réforme des retraites sera t-elle l’équivalent d’un 10 décembre ? D’un 17 décembre ? Ou moins ? Depuis plus d’un mois, le gouvernement multiplie les déclarations floues et évite les engagements précis. Il mise sur la lassitude et le pourrissement. De premiers indices donnent à penser qu’il sera déçu. Si la mobilisation n’atteindra probablement pas le niveau du 17 décembre, elle devrait être malgré tout très forte. Dans le premier degré on attend 40% de grévistes soit 10% de moins que le 17.
Des promesses et un flou entretenu
Jusqu’au bout JM Blanquer aura multiplier les promesses. Ainsi le 7 janvier sur LCI il promet « une formidable augmentation de la rémunération » des enseignants. » Nous garantissons que les enseignants partiront avec un niveau de retraite semblable à celui d’aujourd’hui », promet-il. Jusque là le discours gouvernemental parlait d’une retraite comparable à celle des autres cadres A d’Etat, ce qui n’est pas la même chose. En même temps il laisse entrevoir 300 millions pour 2021 et 400 pour les années suivantes jusqu’à 2037, soit une hausse modeste , à moins qu’elle soit concentrée que sur une minorité.
JM Blanquer fuit les questions sur les contreparties. Alors que celles ci ont été validées par le président de la République et par le premier ministre et JM Blanquer à Nancy. La plupart de ces mesures sont déjà passées dans les lois Blanquer et de transformation de la fonction publique ou ont été rappelées à Nancy : formation obligatoire sur 5 journées de congé, annualisation des services, controle étroit des enseignants par des personnels de direction ayant des pouvoirs renforcés d’affectation et de rémunération, personnalisation de la durée du travail, heures de présence dans les établissements notamment pour faire les remplacements, réunions d’équipe ajoutées à l’emploi du temps… Il s’agit de les mettre en pratique et d’aligner la France sur le New Public Management existant dans les pays développés. C’est une nouvelle culture professionnelle que le gouvernement veut imposer.
Les raisons d’une forte mobilisation le 9 janvier
Que sait-on de la mobilisation du 9 janvier ? Le refus des contreparties est bien une des revendications communes de l’intersyndicale de l’éducation qui réunit le Snes, le Snuipp, le Snuep Fsu, la Cgt Education, le Snalc, Sud Education, le Snfolc et le Sncl. Elle appelle à l’action le 9 janvier » Contrairement aux annonces du ministre de l’Éducation et du gouvernement, nos organisations syndicales exigent des augmentations de salaire sans contrepartie ». Elle envisage maintenant la prolongation le 10 et le 11 de la grève et de manifestations.
Sera t-elle suivie ? Normalement la mobilisation devrait être plus faible que le 17 décembre. En effet, deux syndicats importants de l’éducation nationale n’appellent pas à faire grève : le Sgen Cfdt et l’Unsa Education. Ils appellent à faire pression sur le gouvernement, notamment par une pétition pour le Sgen Cfdt mais veulent rester dans une posture négociatrice.
S’il est difficile de connaitre les intentions des professeurs du 2d degré, c’est facile pour les professeurs des écoles astreints à une déclaration. Selon le Snuipp Fsu, 40% des enseignants du premier degré seront en grève le 9 janvier. Le 15 décembre, le Snuipp avait annoncé 50% de grévistes. La déperdition est donc faible et la détermination élevée pour une 4ème journée sans salaire.
Pour le Snuipp, » la mobilisation se poursuit dans le 1er degré… Les vœux du Président Macron n’ont en rien rassuré en reprenant encore et toujours les mêmes éléments de langage sur une réforme soi-disant “plus juste” et “plus équitable”, sans jamais répondre concrètement aux questions qui sont posées dans les salles des maîtres et en confirmant une réforme qui vise à appauvrir les personnes retraitées. La compensation salariale envisagée, 10 milliards sur 15 ans, n’endiguerait pas la baisse mécanique des pensions », souligne le syndicat. » Dans le même temps, d’autres sujets de mécontentement persistent : méthode de gouvernance verticale de l’école, métier enseignant réduit à une fonction d’exécution, dégradation des conditions de travail, direction d’école, exigence de revalorisation salariale pour toutes et tous sans qu’elle soit conditionnée à une refonte du métier et à des missions supplémentaires ».
F Jarraud