Alors que le suicide de C Renon a été reconnu « imputable au service », le ministère s’obstine à relativiser cette décision en des termes parfois choquants. Comme s’il ne voulait pas en tirer les conséquences…
Selon l’AFP, le rapport de l’inspection générale souligne « le sentiment qui s’exprime localement, d’une dégradation de la qualité du corps enseignant », qui s’accompagne d’un fort taux de mutations dans la commune (en 2019 près d’un enseignant sur trois a demandé sa mutation). Situation identique pour les IEN où on observe un turn over permanent . » L’enquête n’a en revanche «recueilli aucun élément qui permettrait d’accréditer» la perspective d’une fermeture de classe dans l’école, ce que craignait Christine Renon. L’inspection générale évoque enfin «l’importance qu’a revêtue, pour la directrice, la succession d’affaires d’attouchements entre enfants», citant «trois affaires» entre la rentrée et sa mort. Elle suggère «que la formation des directeurs d’école aborde clairement ces questions devenues dans beaucoup d’écoles très déstabilisantes», écrit l’AFP. Selon le Snuipp 93, l’Education nationale a reconnu, par une décision du Dasen, « l’imputabilité au service » du décès de C Renon. Et, comme le remarque le syndicat, le courrier laissé par C Renon, l’émotion et la mobilisation de ses collègues n’y sont pas pour rien.
L’émotion c’est justement ce qui manque dans les réactions ministérielles qui ne cessent de relativiser et banaliser une situation qui a fortement ému les enseignants. Ainsi le 6 janvier leministère fait savoir que l’imputabilité au service est « une décision coutumière de l’administration dans ce genre de circonstances, car elle permet d’assurer une protection maximale aux ayants droit ».
Le 7 janvier, la Dgesco est revenue sur ce sujet en des termes choquants. « Quand un drame a lieu dans une école il y a présomption d’imputabilité au service », nous a t-on dit. « Cette jurisprudence s’applique à n’importe quel accident par exemple si je tombe dans l’escalier »… « Je remercie l’institution de ne pas salir mon nom », a écrit C Renon à la fin de sa dernière lettre…
F Jarraud