Imaginez une classe qui s’appuierait sur une idée principale, celle du questionnement des élèves, une classe dans laquelle les apprentissages seraient issus de ce questionnement-là (d’ailleurs, comment ne pas s’étonner – euphémisme – que le questionnement naturel des enfants, qui est là dès le plus jeune âge, ne trouve presque jamais sa place dans l’école que nous connaissons).
Ce rêve personnel, je l’ai fait partager à des collègues amis et nous avons décidé de le penser et de l’expérimenter dans nos classes, qu’elles soient de maternelle, d’élémentaire ou dans le spécialisé.
Un premier dispositif a été imaginé, qui est le suivant : chaque jour, les élèves proposeront leurs questions dans une des catégories suivantes (il en manque, évidemment) : la langue, les mathématiques, le monde, la condition humaine, la classe, l’apprendre.
Une fois les questions listées, l’une d’entre elles est sélectionnée par le groupe pour faire l’objet d’une recherche en classe et/ou à la maison avec l’objectif d’y apporter des réponses.
Nous défendons là l’idée que ces multiples questionnements peuvent transformer la classe en un lieu de conquête des savoirs bien plus riche et exaltant que ce que les programmes définis par niveau et contrôlés par l’enseignant permettent.
Et voici, les premières impressions d’un de nos expérimentateurs, Philippe Gilg : « Tout d’abord un ressenti global : investissement spontané et très riche de TOUS les élèves ! Je suis toujours surpris devant « l’émerveillement des enfants », leur capacité à adhérer à ce que j’appelle désormais les « projets justes et bons pour eux ».
J’ai noté d’emblée un intérêt naturel pour proposer des questions sur les trois thèmes proposés jusque là : la langue, les maths, le monde. Les enfants sont en attente du dispositif dorénavant, ils ont « hâte » de savoir quelle sera la prochaine thématique. Je peux ressentir leur désir de partager, de questionner, de se questionner.
Le rituel des propositions de questions, celui des votes pour choisir une question démocratiquement (pratique usuelle du choix pour toute décision, donc aucune plainte si on ne sélectionne pas telle ou telle question … mais quelle richesse et choix dans les propositions !).
Puis un temps de réflexion à plusieurs (exceptionnellement untel souhaite y réfléchir seul… mais très vite il rallie un groupe, tellement le désir d’échanger est grand !) suivi de temps de présentation sous diverses formes : théâtrales, texte dans un cahier, affiche, etc. »
Vous trouverez ci-dessous les questions sur la langue proposées par ses élèves de CE1/CE2.
Nous allons poursuivre cette recherche sur la Classe-Questionnement tout au long de l’année. Si certains d’entre vous souhaitent l’expérimenter dans leur classe, en primaire comme en secondaire, n’hésitez à nous le dire par un mail, nous vous communiquerons les nouvelles expériences à mener et à partager.
Daniel Gostain
Pour aller plus loin
1) La Classe-Conquête de Monsieur Schlémil
Une question
Qu’est-ce que cela changerait à notre société, si on s’appuyait davantage sur le questionnement et la recherche collective ?
Chaque mercredi retrouvez « La Classe plaisir » et ses moments précieux…