« Nos élèves sont cosmopolites. Ils ont représenté la France à New Delhi ». Professeur d’anglais au collège Rep+ Maria Casarès de Rilleux-la-Pape (69) , Paul Kirrage, lui-même britannique, accompagne une dizaine d’élèves en Inde. Cet échange scolaire engage plusieurs disciplines. Surtout il bouscule les représentations et les frontières mentales des collégiens.
Passer les frontières…
La visite du site Internet du collège Maria Casarès vaut le détour. Les élèves élaborent des jeux de plateaux en anglais, participent au Printemps des poètes, à un Escape Game en maths. Et puis il y a cette annonce : « Accueillez un élève de New Delhi chez vous ». En mai 2019, de jeunes Indiens viendront rendre visite aux collégiens, en retour du voyage de ces derniers en Inde.
A l’origine de ce projet, un professeur d’anglais pas comme les autres. Paul Kirrage est sujet britannique et enseigne l’anglais dans ce collège Rep+ depuis plusieurs années. Passer les frontières ne lui fait pas peur…
A l’origine du projet d’échange scolaire avec l’Inde une rencontre sur Twitter avec des enseignants indiens. « On n’a pas cherché l’Inde c’est elle qui nous a trouvé », explique P Kirrage. A la demande d’un établissement favorisé de New Delhi un échange par visioconférence se met en place entre le collège et les élèves indiens. « L’idée d’un échange scolaire s’est imposée », explique t-il. En novembre 2017, une vingtaine de jeunes indiens sont accueillis dans les familles de Rilleux-la-Pape. En 2018 c’est aux jeunes Français de venir en Inde.
Une aventure transculturelle
Quatre enseignants (anglais, histoire-géo, maths) encadrent une dizaine de collégiens retenus sur leur motivation et leur projet. Ils passent une semaine à New Delhi, où ils sont reçus à la présidence. Puis ils partent une semaine dans un village très pauvre de l’Himalaya.
Evidemment l’anglais parlé en Inde n’est pas celui d’Oxford. « Mais l’anglais est globish », rappelle P Kirrage. « On vise l’authenticité de l’américain à l’anglais international avec ses différents accents ». En fait les élèves découvrent que cette langue est la seule qui permet à un agent du collège du sud de l’Inde de discuter avec les jeunes (nord) indiens. Ils découvrent que l’anglais est une langue mondiale qui porte des cultures bien différentes.
Car ce voyage est une aventure transculturelle. Les collégiens de Rilleux-la-Pape , issus des quartiers populaires, sont souvent montrés du doigt. Leurs origines sont fort variées et leur peau de toutes les couleurs. Mais voilà qu’ ils représentent la France aussi bien quand ils reçoivent de jeunes indiens chez eux qu’en Inde quand le palais présidentiel les accueille.
Travailler son identité
Les repères sociaux sont aussi bousculés. Les enfants des familles aisées de New Delhi sont accueillis dans les quartiers populaires. Les enfants de Rilleux découvrent l’extrème pauvreté de l’Himalaya. Ils sont reçus très dignement au palais présidentiel de New Delhi. « Ils ont eu leur place aussi bien dans les familles aisées de New Delhi que chez les pauvres paysans de l’Himalaya. Partout ils se sont très bien comportés. Cela a changé leur regard sur leur propre ville », explique P Kirrage. Les élèves qui sont parfois vus de travers dans les beaux quartiers lyonnais ont découvert qu’ils peuvent être bienvenus.
Ce voyage en Inde est aussi un trajet intime où se construit leur identité nationale et sociale. Aller à New Delhi c’est aussi faire sauter les frontières mentales où on s’enferme.
Pour autant le voyage est scolaire. Les élèves, rebaptisés « ambassadeurs » du collège , partent avec des missions en SVT et en histoire-géo.
Mais ce que veut retenir Paul Kirrage c’est la levée des tabous. « Avec ces échange les élèves croisent les cultures, les croyances, les cuisines ». Ils s ‘ouvrent à l’humanité.
François Jarraud