Dans un enseignement primaire où les effectifs élèves baissent et où le gouvernement a décidé de dédoubler certains niveaux, tout semble réuni pour une baisse générale des effectifs par classe. Pourtant on garde encore des classes chargées. Deux nouvelles études de la Depp (division des études du ministère) éclairent la situation à la rentrée 2019. Malgré la conjoncture favorable, l’éducation nationale scolarise de moins en moins à 2 ans et maintient des seuils d’élèves élevés en dehors des CP et CE1 dédoublés.
Des conditions exceptionnelles pour réduire les effectifs par classe
L’évolution générale du nombre des élèves à la rentrée 2019 se prête bien à une baisse des effectifs par classe. On compte 46 500 élèves de moins (pratiquement 2000 classes). Et cet effet est renforcé par la décision du gouvernement a décidé de créer 2325 postes supplémentaires. Tout semble donc réuni pour une baisse générale des effectifs dans les classes ou au moins dans celles de l’éducation prioritaire. Or ce n’est pas vraiment ce qu’on observe.
La scolarisation à 2 ans sacrifiée
La première caractéristique de la rentrée concerne le préélémentaire. Malgré la conjoncture favorable, le ministère continue de diminuer le nombre d’enfants scolarisés à deux ans. Leur nombre diminue de 7% à la rentrée 2019. On est passé de 12 à 10% des enfants depuis 2017. Ces classes restent des variables d’ajustement alors que cette scolarisation est reconnue comme positive au moins en éducation prioritaire. Dans le pré élémentaire on continue à compter 24 élèves par classe en moyenne avec peu d’écart entre éducation prioritaire et hors éducation prioritaire (2 enfants). Si les effectifs par classe diminuent c’est essentiellement du fait de la baisse démographique (-29 000 élèves). 55% des classes de GS comptaient 25 élèves ou plus en 2015 c’est maintenant 46%.
Des écarts entre rural et urbain
Dans l’élémentaire, on compte 22 élèves par classe en moyenne. Mais cette moyenne lisse des différences marquées selon les types d’enseignement et les lieux. Les écarts sont marqués selon les lieux avec moins d’élèves par classe en zone rurale en général. Mais là aussi il y a des exceptions : en Vendée, en Charente maritime, en Indre et Loire on compte plus de 23 élèves par classe en moyenne. Les départements ruraux ne sont donc pas logés tous à la même enseigne.
L’impact des dédoublements
En moyenne , du fait des dédoublements, les écoles publiques voient leur nombre moyen d’élèves par classe diminuer. On comptait 26% de classes à 25 élèves ou plus en CP en 2015, il n’y en a plus que 16%. DE 21 à 24 élèves on est passé de 57% à 39%. « Les écoles de l’éducation prioritaire ont en moyenne des classes de 16,9 élèves. Ces classes sont certes moins chargées que celles des écoles rurales (21,8 élèves par classe), mais ces dernières restent avantagées en comparaison des écoles hors EP des communes urbaines et a fortiori des écoles privées, dont les classes de niveau élémentaire accueillent respectivement 24,0 et 24,9 élèves en moyenne ».
Selon la Depp, « la baisse de la taille des classes pour les élèves de CP-CE1, en éducation prioritaire, ne s’est pas faite au détriment des autres niveaux ». A l’appui de cette affirmation, la Depp donne des chiffres sur le nombre d’élève spar classe par niveau. Ainsi en 2015 on comptait en moyenne 23 élèves par classe en Ce2 contre 21.5 en 2019. En cm2 on est passé de 23 à 22. Là aussi la moyenne ne donne qu’une indication imparfaite des réalités vécues. Il serait intéressant de voir concrètement en éducation prioritaire par exemple l’effet des dédoublements dans les écoles où il a eu lieu et non dans les écoles en général.
Trois évolutions
Trois évolutions méritent encore d’être soulignées. D’abord la progression des classes multi-niveaux : 53% des classes élémentaires hors éducation prioritaire en 2015, 54% en 2019. Inversement leur nombre baisse beaucoup en éducation prioritaire du fait des dédoublements.
Le privé hors contrat ne regroupe que 50 000 écoliers, ce qui est fort peu. Mais il continue sa rapide progression. Il a doublé ses effectifs depuis 2009 et pris encore 10% en 2019.
Enfin les redoublements augmentent rapidement la réforme décidée par JM Blanquer. On comptait 1% de redoublants en Cp en 2017 c’est maintenant 2%. Partout ailleurs on assiste aussi à un doublement.
François Jarraud