« L’intégration des immigrés à la société française fait l’objet d’interrogations médiatiques et politiques récurrentes, au travers desquelles s’expriment de nombreux stéréotypes, souvent déconnectés des savoirs scientifiques. C’est le cas de l’échec scolaire des enfants d’immigrés », explique Mathieu Ichou dans un rapport de la Fondation Jean Jaurès. Pour lui, » c’est moins l’origine géographique des parents que leur position sociale qui permet d’appréhender les inégalités scolaires françaises ».
« Comment expliquer que certains élèves réussissent quand d’autres échouent ? La position sociale qu’occupent les immigrés dans la société d’immigration et les ressources économiques et scolaires qui y sont associées constituent une part essentielle de l’explication des inégalités scolaires observées entre les enfants de natifs et d’immigrés », montre Mathieu Ichou dans ce rapport qui reprend l’essentiel de sa thèse.
« Les caractéristiques et expériences prémigratoires des parents immigrés jouent un rôle important dans la formation des trajectoires scolaires de leurs enfants. Statistiquement, le degré de réussite ou d’échec scolaire des enfants d’immigrés dépend aussi du groupe social auquel leurs parents appartenaient avant d’émigrer. Les processus sociaux qui participent à la production de leurs dispositions scolaires se déroulent largement en référence à la société d’émigration. Trois processus, intimement liés aux propriétés sociales des immigrés et de leurs familles dans la société d’origine, permettent de rendre compte des attentes scolaires des familles immigrées : la place donnée à l’éducation par les parents immigrés dans le projet migratoire initial ; les expériences scolaires des parents et, plus généralement, l’histoire scolaire de la famille dans le pays d’origine ; la perception, par les parents immigrés, de leur statut social ». Il faut aussi apparaitre un autre facteur clé : la ségrégation scolaire dans le pays d’accueil qui, par de multiples décisions, affecte la réussite scolaire.