Métier enseignant
En CTM le ministère dynamite la gestion des enseignants
Le bulldozer redémarre… Alors qu’au premier étage le 5 novembre on présentait une nouvelle politique remplaçant l’éducation prioritaire, au rez de chaussée les syndicats examinaient « les lignes directrices de gestion ministérielle » des enseignants et autres personnels de l’éducation. Autrement dit les principes de gestion en matière de mobilité telles qu’elles ressortent de l’application de la loi de transformation de la fonction publique adoptée en août 2019. La loi supprime les compétences des commissions paritaires en la matière. La gestion des carrières devient du seul domaine de l’administration et des chefs directs des enseignants et personnels. Cet effacement des syndicats signe la revanche de l’administration. Une véritable révolution pour les enseignants se joue dans ce CTM.
Enseignants : JM Blanquer lie revalorisation et redéfinition du métier
« La fonction professorale doit prendre un sens nouveau ». Interrogé par la Commission de l’éducation de l’Assemblée nationale lors de la présentation de son budget, le 23 octobre, Jean-Michel Blanquer a du préciser ses intentions sur la revalorisation du métier enseignant. Il en ressort que comme E. Macron, il ne voit de « revalorisation » que dans une augmentation du travail enseignant.
La faiblesse des salaires enseignants confirmée par le ministère lui-même
Alors que se tient, le 7 novembre, une réunion ministérielle sur la retraite et la rémunération des enseignants, la Depp (division des études du ministère) publie deux Notes sur les salaires enseignants. Elles montrent l’impact des mesures prises par le gouvernement précédent en 2017 (dégel du point FP et PPCR) ainsi que le décrochage des salaires français par rapport à ceux de nos voisins. L’autre leçon de ces Notes c’est de montrer que la rémunération dépend de plus en plus des tâches supplémentaires effectuées par les enseignants. Les inégalités entre enseignants et enseignantes se banalisent.
La souffrance au travail évaluée par une enquête du Snes Fsu
Une majorité d’enseignants du second degré sont insatisfaits de leur travail, selon une enquête dévoilée par le Snes Fsu le 6 novembre. Près de 8 sur 10 estiment qu’ils perdent la main sur leur travail. Trois sur quatre s ‘estiment débordés plusieurs fois par semaine ou tous les jours. Alors qu’un CHSCT ministériel travaillait sur les risques psycho sociaux des enseignants, le Snes Fsu montre que la politique ministérielle y est pour quelque chose. A preuve un mal être plus important en lycée encore qu’au collège.
Au mal-être des enseignants le ministère répond par un groupe de travail
Un groupe de travail sera réuni avant la fin de l’année civile afin de travailler sur la prévention de l’alerte suicidaire » chez les personnels de l’éducation nationale. Un CHSCT ministériel était réuni le 6 novembre à la demande des syndicats pour faire un bilan et proposer des mesures de prévention du suicide. Un mois après le suicide de C Renon, le ministère a-t-il pris la mesure de ce qui se passe ? Des professeurs venus soutenir le CHSCT en doutaient.
Les IMP une nouvelle discrimination de genre à l’Education nationale ?
Les chefs d’établissement préfèrent les hommes. Crées en 2015 à la place de nombreux dispositifs, les IMP reconnaissent financièrement des missions particulières exercées par des enseignants au profit d’un établissement ou de l’académie. Deux études de la Direction des ressources humaines du ministère de l’éducation nationale, que le Café pédagogique s’est procurées, montrent que ces primes profitent surtout aux enseignants du sexe masculin. Plus l’IMP est importante plus la part des femmes est faible. Une nouvelle discrimination criante s’installe dans l’Education nationale.
Comment préparer son dossier PPCR ?
« Suite à de nombreuses questions reçues par courriel, j’ai souhaité proposer des exemples de documents préparatoires à l’entretien du rendez-vous de carrière. » Sur son blog, Julien Delma montre comment remplir ce document préparatoire, point par point, catégorie d’enseignant par catégorie, pour mettre en valeur ce qu’on a réalisé.
Retraites : Six syndicats appellent à la grève le 5 décembre
Les syndicats CGT Éduc’action, Snes FSU, SNFOLC, SNCL Faen, Sud Éducation et SIES ont décidé le 22 octobre de rejoindre l’appel interprofessionnel à la grève le 5 décembre contre la réforme des retraites. Pour eux, » le projet de réforme Macron/Delevoye, de retraite par points constitue une régression majeure ». Ils appellent à la grève du 5 décembre et déjà » à décider collectivement des suites à donner à cette journée de grève ». Des assemblées auront lieu dans les établissements pour préparer cette action.
Le Snuipp Fsu lance un « observatoire du métier enseignant »
A l’issue de l’Université d’automne organisée par le Snuipp Fsu, le 21 octobre, premier syndicat du 1er degré, F Popineau, co-secrétaire générale, annonce le lancement d’un observatoire du métier enseignant. Il s’agit de « mettre en mots notre expertise professionnelle, sa remise en cause, les empêchements, les doutes, les réussites » et de « nourrir le débat public » alors que la question de la revalorisation s’impose en lien avec la réforme des retraites.
Réforme de l’éducation prioritaire
Education prioritaire : Trois ministres et un enterrement
« Ce rapport est un début pas un aboutissement ». Jean-Michel Blanquer présentait le 5 novembre, avec Gabriel Attal et Julien Denormandie, ministre de la Ville, le rapport réalisé par Pierre Mathiot et Ariane Azéma. Chargés d’une mission « Territoires et réussite », P Mathiot et A Azéma réduisent dans leur rapport l’éducation prioritaire aux seuls réseaux Rep+. Avec les Rep, la prime Rep disparaitrait. Les recteurs disposeraient de moyens qu’ils affecteraient à leur guise entre établissements défavorisés, ruraux ou isolés. Si JM Blanquer prend garde d’affirmer « qu’aucune décision n’est prise aujourd’hui », le rapport Mathiot Azéma, qui vient après plusieurs autres, pourrait être appliqué dès 2021. C’est la France défavorisée qui perd des moyens. C’est aussi la France des minorités qui est visée par celle des terroirs.
Education prioritaire : Trois questions à Marc Douaire (OZP)
Président de l’Observatoire des zones prioritaires, Marc Douaire voit dans le rapport Mathiot Azéma une véritable tentative d’effacement de l’éducation prioritaire. Et aussi un boute feu pour les banlieues populaires.
Education prioritaire : Les syndicats récusent le rapport Mathiot Azéma
La réforme de l’éducation prioritaire proposée par Pierre Mathiot et Ariane Azéma, dans un cadre posé par JM Blanquer, ne convainc pas les syndicats. Le Snes Fsu tout comme le Se-Unsa, les deux principaux syndicats du second degré, demandent le maintien d’une carte nationale incluant les Rep.
Education prioritaire : Le rapport Mathiot Azema et les décisions ministérielles
Le rapport Mathiot Azema sur la réforme de l’éducation prioritaire devrait être remis la dernière semaine d’octobre, a annoncé JM BLanquer le 23 octobre. Des annonces devraient suivre. Le ministre devrait aller vers le maintien des Rep+ et la suppression de la labellisation nationale des Rep au profit de cartes locales prenant en compte les zones rurales. C’est l’avenir de l’éducation prioritaire qui est en jeu.
Education prioritaire : Fsu et Cgt critiquent le rapport Mathiot
» La dégradation de la situation sociale dans bien des quartiers de l’Éducation prioritaire demanderait que les moyens, pour toutes les écoles et établissements concernés y compris les lycées accueillant ces élèves, soient renforcés plutôt que fragilisés », écrit la Fsu dans un communiqué. « Ce n’est pas ce que semble dessiner la présentation du rapport Mathiot-Azéma faite par le Ministre de l’Éducation nationale. Pour la FSU, la politique d’Éducation prioritaire doit rester cadrée nationalement, les moyens doivent être attribués sur des critères transparents afin de garantir l’égalité ». La fédération juge « inacceptable » aussi la disparition des indemnités et des priorités de mutation liées à la disparition des Rep. La CGT Education » dénonce un rapport qui se situe parfaitement dans la logique de casse du statut de la Fonction publique en individualisant à outrance le régime indemnitaire, en multipliant les postes à profil et en favorisant le maintien de personnels non titulaires. La proposition d’attribution du dernier tiers de la prime REP+ promis par E Macron à la participation obligatoire au dispositif de formation à la difficulté sociale et scolaire hors temps scolaire est elle aussi symbolique. C’est bien le travailler plus pour gagner plus prôné par le président et le ministre pour réévaluer les salaires ! »
Evaluations CP CE1
Résultats CP – CE1 : La coûteuse impasse des dédoublements
Pour Jean-Michel Blanquer, « c’est un moment historique pour l’école ». Selon les données de la Depp qu’il a révélé au Journal du dimanche du 3 novembre, le niveau remonte. Or l’analyse des données est nettement moins positive. Globalement la couteuse politique de dédoublement porte des fruits bien maigres. Pire encore l’écart entre les élèves de Rep+ et les autres augmente. Comme en 2018, la communication triomphante du ministre tente d’occulter l’échec de sa politique. Pour Roland Goigoux, « on n’a pas du tout ce qu’on espérait ».
Evaluation CP CE1 : L’analyse de Roland Goigoux
» Le principal résultat masqué est celui de l’échec de la politique du dédoublement des CP en éducation prioritaire, échec visible en étudiant les résultats CE1. Le ministre de l’Education nationale masque l’échec de sa politique de dédoublement des CP en éducation prioritaire. Cet échec est visible en étudiant les données fournies par la DEPP à propos des élèves à la rentrée du CE1″, écrit Roland Goigoux sur son blog. Il analyse en finesse les données de la Depp.
Evaluations CP Ce1 : Un résultat dramatique pour Claude Lelièvre
« Le ministre actuel de l’Education nationale aurait dû être tout particulièrement prudent dans les propos qu’il a tenus dans le JDD du premier dimanche de novembre sur les évolutions des résultats des évaluations en lecture et en mathématiques pour les classe de CP et CE1″, écrit Claude Lelièvre sur son blog. » Cette réduction d’écart de 12 points à 10 points apparaît sans aucune mesure avec l’effort d’encadrement fait (le dédoublement des classes de CP et CE1 en éducation prioritaire ). Et l’on pourrait soutenir que c’est finalement un résultat plus »dramatique » que »positif ». En aucun cas »historique » (positivement)… Au lieu de »triompher », un ministre de l’Education nationale soucieux vraiment de son ministère devrait interroger ces résultats en réalité contrastés afin que l’on puisse vraiment progresser ».
Evaluations CP – CE1 : « Fanfaronnade » ministérielle selon le Se-Unsa
» On a des résultats plutôt positifs, dans une certaine mesure, mais c’est une fanfaronnade », affirme Gilles Langlois, secrétaire national du Se-Unsa dans France TV Info. Revenant sur les propos ministériels dans le Journal du Dimanche, G Langlois modère fortement l’annonce de JM BLanquer. « Les résultats annoncés au niveau du CP montrent une très légère progression, mais avec des points qui peuvent nous alerter : les élèves, cette année reconnaissent moins bien les lettres à l’entrée au CP que l’an passé. Je suis beaucoup moins enthousiaste. Il ne faut pas oublier qu’il y a d’autres élèves en école élémentaire, comme les CE2. On oublie trop souvent qu’il n’y a pas de transition pensée pour des élèves fortement accompagnés. On passe d’un enseignant pour douze élèves à des classes de vingt-quatre. Et rien n’est prévu pour les élèves de CM1 et CM2, alors qu’eux aussi rencontrent des difficultés ».
Evaluations : Déjà le teaching for the test !
On aurait pu penser que le « teaching for the test », l’entrainement des élèves à passer les tests plutôt qu’à suivre le programme, prendrait quelques années après la mise en place des évaluations Blanquer. Il n’en est rien si l’one ne juge parle compte rendu de la commission collège et premier degré tenue lors des journées nationale de l’Apmep. » Localement, dans certaines écoles (dans les évaluations CP), les enseignants ont choisi de ne pas faire passer certains exercices pour ne pas casser l’ambiance de travail qu’ils avaient réussi à insuffler dans leurs classes », explique une intervenante. « Ailleurs, certains enseignants mettent en remédiation, dès le début d’année les élèves qu’ils ont détectés, pour travailler les évaluations jusqu’au passage, c’est donc du bachotage ».
Politiques gouvernementales
Le budget de l’éducation nationale adopté
Avec un rejet de quasiment tous les amendements, le budget de l’Education nationale a été adopté le 30 octobre au terme d’un marathon législatif entre 23h et 3 heures du matin. Plus que des postes, il a été question des fonds sociaux, de l’école inclusive et de la médecine scolaire. Au final la majorité n’a laissé passé que la promesse de rapport sur les contractuels et les fonds sociaux.
Le Plan Seine Saint-Denis entre bricolage et questions de fond
Le premier ministre a présenté le 31 octobre « un plan de 23 mesures d’action concrètes pour répondre aux difficultés persistantes que connaît la Seine-Saint-Denis ». Parmi ces mesures une prime de 10 000 euros pour les fonctionnaires restant dans le département et une vingtaine de millions pour les écoles. Les syndicats jugent ces mesures insuffisantes.
Réforme territoriale : Création du rectorat de Normandie et Mayotte, nouveaux emplois fonctionnels
Publiés au JO du 8 novembre, deux décrets et un arrêté modifient l’organisation territoriale de l’éducation nationale en application de la loi Blanquer. Le rectorat de Normandie apparait officiellement a la place des rectorats de Caen et Rouen. Le rectorat de Mayotte est créé à partir du 1er janvier 2020. Un vice rectorat de Saint Barthélémy et Saint Martin est crée dépendant du recteur de Guadeloupe. Des emplois fonctionnels de secrétaire général de région académique, d’adjoint au secrétaire général de région académique et de conseiller de recteur de région académique sont créés. Ainsi s’organise une nouvelle pyramide qui correspond au redécoupage territorial alignant l’organisation de l’éducation nationale sur celle de l’Etat en général tout en maintenant l’apparence des anciennes académies.
Une circulaire sur les AED en préprofessionnalisation
C’est une autre retombée de la loi Blanquer. La circulaire précise les conditions d’emploi et de rémunération des AED en préprofessionnalisation. Les AED devront 8 heures de presence hebdomadaire sur 39 semaines et un service d’enseignement de 8 heures hebdomadaires en école et 6 heures dans le 2d degré. Leur rémunération sera de 862 € en 1ère année, 1198 en 2de année et 1219€ en 3ème année. La circulaire invite à recruter des boursiers en priorité mais ne cible pas de disciplines.
Le voile
Le Sénat adopte la loi interdisant les signes religieux aux accompagnatrices
« Depuis 4 heures on ne parle que du voile mais le mot n’est pas dans la loi ». S’il avait fallu démontrer le caractère islamophobe de la loi adoptée par le Sénat le 29 octobre, cette remarque de la sénatrice Esther Benbassa suffirait. Mais nul besoin de démonstration. Sans vergogne, au lendemain d’un attentat xénophobe, après des semaines de battage médiatique où le ministre de l’éducation nationale a eu sa part, le débat sur la proposition de loi déposée par les Républicains a plongé à de nombreuses reprises dans le caniveau xénophobe. La loi adoptée par le Sénat ne répond pourtant à aucune urgence ni même aucune demande des enseignants ou des directeurs d’école. Si elle était confirmée, elle ne ferait que compliquer leur tâche. Le Sénat a retrouvé le 29 octobre les échos de ses pires heures des années 1930.
F Popineau : Qui pose le problème des accompagnatrices voilées ?
Qui a besoin de la loi « sur la neutralité religieuse » ? A la tête , comme co-secrétaire générale, du premier syndicat du premier degré, Francette Popineau juge cette loi inutile et néfaste. Elle répond à 4 questions du Café pédagogique.
Premier degré : Les mamans accompagnatrices voilées, ce qu’ils / elles en pensent…
Alors que le Sénat a adopté une loi interdisant le port de signes religieux aux parents accompagnateurs et que le débat déchaine les passions, la parole des principaux concernés, parents d’élèves et enseignants, a été très peu entendue. Bilal, Céline, Sonia et Dalinda sont enseignants, ils témoignent en gardant l’anonymat. Sarah et Magda sont quant à elles, mamans d’élèves. L’une est voilée, l’autre pas. Elles expriment leur ressenti et leurs inquiétudes.
Laïcité : La rectrice de Versailles quitte une école qui accueille des mères voilées
« Je comprends que ce n’est pas facile pour la directrice de définir les situations, poursuit la rectrice. Mais il existe une plateforme laïcité au niveau national et au niveau académique pour accompagner les enseignants et les directeurs d’école. On ne peut pas être résignés. Ce cas sera analysé ». Selon Le Parisien l’incident a eu liue le 7 novembre à l’école maternelle Charles de Gaulle de Clamart (92). La nouvelle rectrice de Versailles, Charline Avenel, a quitté l’école quand elle a vu deux mères voilées présentes dans la cour de l’école pour encadrer un atelier dans le cadre de la journée de lutte contre le harcèlement. Cet incident ne doit rien au hasard. La rectrice a décidé d’appliquer un arrêt de la cour administrative d’appel de Lyon pris le 23 juillet 2019 qui estime que des parents qui animent des ateliers doivent s’abstenir de tout signe religieux. Cet arrêt distingue les parents qui accompagnent les sorties des parents agissant dans les locaux scolaires. Surtout elle applique les incitations ministérielles à ne pas considérer comme « souhaitable » le port du voile, à considérer l’islamophobie comme une opinion recevable. Cet incident choquant et même violent qui selon Le Parisien a surpris tout le monde dans l’école , rejette un peu plus les parents musulmans hors de l’école et en fait des parents de seconde classe alors que rien sur le terrain ne le justifie. C’est aussi une injonction supplémentaire à rebours des propos sur l’autonomie des écoles.
Voile : Le dernier combat du soldat Blanquer ?
En difficulté dans l’opinion publique, JM Blanquer fait du voile des accompagnatrices un nouvel étendard de son action politique. Une manoeuvre politique contrariée par le premier ministre et le président de la République qui scelle un relatif isolement.
Numérique
Biométrie, géolocalisation, tracking : L’école et les données
Alors que la Cnil vient d’interdire la reconnaissance faciale dans les établissements scolaires, il est clair que l’Ecole ne peut pas faire l’économie d’une réflexion sur l’usage de ses données. Désormais le monde scolaire, mais il n’est pas le seul, est confronté à une responsabilité multiple : d’une part assurer de la légalité de ses pratiques, d’autre part permettre à chaque acteur de l’institution de se situer et d’agir en accord avec la loi, et enfin développer une éducation à la protection des données.
Gilles Braun : A quoi sert le Délégué à la Protection des Données ?
La question de la protection des données impacte directement les enseignants à qui on autorise ou interdit tel ou tel logiciel ou site, ou qui ne savent pas si leurs pratiques sont conformes à la législation. En aout 2018, l’inspecteur général Gilles Braun a été nommé Délégué à la Protection des Données (DPD) du ministère de l’éducation nationale. Le ministre déclarait alors : « Il va être la vigie du respect par le ministère et les établissements des enjeux de protection des données des élèves, il sera appuyé par un comité d’éthique ». Un an après cette nomination qu’en est-il de ce dossier qui doit mettre le ministère en conformité avec la loi RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données) ? Fin octobre 2019, un comité d’éthique a été mis en place après qu’ait été nommé un administrateur des données (Jean-Yves Capul) dont le rôle est de coordonner ce qui se fait « en matière d’inventaire, de gouvernance, de production, de circulation et d’exploitation des données. ». Ainsi le cadre de travail pour protéger les données dans le domaine de l’éducation est en place. Mais comment se met en œuvre réellement cette réglementation ? Gilles Braun répond à nos questions.
Bruno Devauchelle : Réseaux et taille des écrits : Savons-nous encore lire et écrire ?
La généralisation des réseaux sociaux a amené à de nouvelles formes d’écriture, d’expression. Texte, image, son, la transformation est en cours pour chacun de ces moyens d’expression : audio, vidéo, texte, photo etc.… Les évolutions des manières de faire méritent que l’on s’y arrête et qu’on s’interroge sur le sens de ces évolutions. Avons-nous transformé ou sommes-nous en train de transformer nos formes d’expression ? L’utilisation de twitter pour apprendre l’orthographe et l’expression écrite en classe peut-elle changer le rapport à l’écrit ? Evolution ou simple révélation de nos pratiques quotidiennes de l’écrit voire de l’oral ? Car les réseaux sociaux illustrent la non séparation entre l’écrit et l’oral, non seulement par les formes d’expression permises, mais aussi par le fait que de plus en plus l’oral est techniquement mis dans la continuité de l’écrit.
Quels effets ont les écrans ?
Vivement attaqués dans les médias, les écrans ont ils un effet négatif sur les enfants ? Franck Ramus, membre du conseil scientifique de l’éducation nationale, répond à cette question dans son blog. « Il semble que l’effet global d’une exposition aux écrans sur le développement cognitif soit très légèrement négatif, et la meilleure interprétation de ce résultat est que l’exposition aux écrans sur de longues durées chaque jour se substitue à des interactions sociales et verbales importantes pour le développement’.
Internet : Un tiers des français manque de connaissances
» En 2019, 15% des personnes de 15ans ou plus n’ont pas utilisé Internet au cours de l’année, tandis que 38% des usagers manquent d’au moins une compétence numérique de base et 2% sont dépourvus de toute compétence. Ainsi, l’illectronisme, ou illettrisme numérique, concerne 17% de la population », estime une enquête réalisée par l’Insee. » Une personne sur quatre ne sait pas s’informer et une sur cinq est incapable de communiquer via Internet. Les personnes les plus âgées, les moins diplômées, aux revenus modestes, celles vivant seules ou en couple sans enfant ou encore résidant dans les DOM sont les plus touchées par le défaut d’équipement comme par le manque de compétences ».
La CNIL s’oppose à la reconnaissance faciale dans les lycées
Expérimentée dans la région PACA dans plusieurs lycées, la reconnaissance faciale fait l’objet d’une mise au point très claire de la CNIL. » Après un examen attentif du projet, la CNIL a considéré que le dispositif projeté est contraire aux grands principes de proportionnalité et de minimisation des données posés par le RGPD (Règlement général sur la protection des données) », écrit la Cnil. « En effet, les objectifs de sécurisation et la fluidification des entrées dans ces lycées peuvent être atteints par des moyens bien moins intrusifs en termes de vie privée et de libertés individuelles, comme par exemple un contrôle par badge… Les dispositifs de reconnaissance faciale sont particulièrement intrusifs et présentent des risques majeurs d’atteinte à la vie privée et aux libertés individuelles des personnes concernées. Ils sont par ailleurs de nature à créer un sentiment de surveillance renforcé. Ces risques se trouvent accrus lorsque les dispositifs de reconnaissance faciale sont appliqués à des mineurs, qui font l’objet d’une protection particulière dans les textes nationaux et européens… Un tel dispositif ne saurait donc être légalement mis en œuvre et il appartient désormais à la région et aux lycées concernés, responsables du dispositif envisagé, d’en tirer les conséquences ».
ICILS 2018 : Les compétences numériques des élèves évaluées
« Les élèves de quatrième des collèges français occupent une position médiane en littératie numérique et en pensée informatique parmi les pays participants », déclare la Depp dans une présentation des résultats de l’enquête internationale ICILS 2018. « En littératie numérique, les différences de scores sont plus importantes à l’intérieur des pays qu’entre les pays. En France, comme dans la très grande majorité des pays participants, les filles sont plus performantes que les garçons en littératie numérique, alors que l’écart n’est pas significatif en pensée informatique. Dans les deux domaines évalués, les scores moyens sont plus élevés pour les élèves de milieux plus favorisés socialement ou disposant de plus de ressources culturelles à la maison, comme les livres. Enfin, les performances sont plus élevées lorsque le taux d’équipement numérique des familles est important ».