En difficulté dans l’opinion publique, JM Blanquer fait du voile des accompagnatrices un nouvel étendard de son action politique. Une manoeuvre politique contrariée par le premier ministre et le président de la République qui scelle un relatif isolement.
L’entêtement d’un ministre
Dernier épisode de la saga du voile. Souâd Ayada signe dans Le Monde, en tant que présidente du Conseil supérieur des programmes, une tribune en faveur de l’interdiction du voile pour les accompagnatrices scolaires. Une prise de position surprenante tant le sujet évoqué est sans rapport avec ses fonctions officielles. Car c’est tout le CSP qu’elle entraine dans une position qui vient renforcer celle de son ministre.
On se rappelle les propos de JM Blanquer. Suite à l’agression d’une maman voilée devant le conseil régional de Bourgogne par un élu Rassemblement national, JM Blanquer avait donné raison sur le fond à l’élu RN. » C’est bien évidemment à condamner et c’est idiot d’en arriver à ce type de situations », déclarait JM BLanquer. » Le voile n’est pas souhaitable dans notre société », ajoutait-il. « On est de plus en plus dans une situation de confusion alors que ce qu’il faut ce sont des règles de droit à respecter. Là en l’occurrence, ce n’était pas interdit de porter le voile… Vous avez d’une part ce que dit la loi – elle n’interdit pas aux femmes voilées d’accompagner les enfants – mais c’est certain nous n’avons pas envie d’encourager ce phénomène ». Même dans la majorité des élus soulignaient « la confusion » crée par les propos de JM BLanquer.
Cela valait à JM Blanquer un recadrage devant l’Assemblée, le 15 octobre, par le premier ministre. » C’est la loi… On peut porter un voile quand on accompagne une sortie scolaire.. Tel est l’état du droit… Je ne pense pas, pour ma part.. que l’enjeu aujourd’hui soit de voter une loi sur les accompagnants scolaires… La laïcité à laquelle vous et moi tenons, à laquelle tous ici nous tenons, suit un principe de liberté et de neutralité ».
Double racadrage
Le lendemain JM Blanquer relançait pourtant ce sujet au Sénat et sur FRance Inter. » Le port du voile pour les parents accompagnant des sorties scolaires n’est pas souhaitable, mais l’adoption d’une loi sur ce sujet serait contre-productive », explique t-il au Sénat qui s’apprête à se prononcer sur une proposition de loi en ce sens. Puis sur France inter : » Ce sujet n’est pas un sujet très important. Ce n’est jamais moi qui le met sur le devant de la scène », dit il avec un certain aplomb. « La sortie scolaire est hybride : ce n’est pas l’école et ce n’est pas se promener dans la rue. Donc c’est normal d’avoir une position différente. La loi n’interdit pas mais on ne doit pas se réjouir du développement du voile ». Des propos qui lui valent un premier recadrage par Emmanuel Macron qui juge « irresponsable de stigmatiser une partie de la communauté nationale et de faire des amalgames ».
Dans les jours qui suivent pas moins de 4 articles paraissent dans Le Figaro pour promouvoir JM Blanquer dans le gouvernement. Il apparait comme le leader de la droite macronienne.
Blanquer et la stratégie d’E Macron
La réponse vient de La Réunion où Emmanuel Macron, le 24 octobre recadre à nouveau son ministre de l’éducation nationale. » Le port du voile dans l’espace public n’est pas mon affaire », déclare le président de la République. Les Républicains critiquent cette déclaration. A gauche, B Vallaud (PS) estime que le président « vient de fermer le ban, j’espère que son ministre de l’Education nationale l’entendra ».
En panne dans l’opinion publique, JM Blanquer utilise t-il le voile pour relancer sa carrière politique ? Un récent sondage Ifop Sos Education montre que seulement 43% des français ont une bonne opinion de JM Blanquer. Un nombre à rapprocher du sondage Odaxu pour France inter donnant 46% d’opinions favorables en août. Ou encore du sondage Ifop Paris Match donnant 30% de bonne opinion et 33% de mauvaise. L’Ifop parle de « défiance personnelle » envers le ministre. La moitié des français désapprouve sa gestion de la crise du bac. 68% ne le croit pas capable de résoudre le mal être enseignant, 67% la violence à l’école, 60% les inégalités sociales à l’école.
Longtemps chouchou du président, JM Blanquer semble bien isolé dans la majorité. Lâché par une opinion publique qui constate l’aggravation des problèmes de l’Ecole, JM Blanquer affirme sa position à droite du macronisme. Une position qui semble aller à contre courant de la stratégie de la majorité d’opposition au Rassemblement national. C’est ce que signifient aussi les recadrages du ministre par E Philippe et E Macron.
F Jarraud
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