Pour ses 12èmes Rencontres nationales, le 12 octobre, le GFEN avait choisi comme thème « les méthodes à l’épreuve des finalités ». Les méthodes visées par le GFEN ce sont « les bonnes vieilles méthodes » qui se marient si bien avec les nouvelles méthodes ministérielles et notamment « le virage neuronal de l’éducation », pour reprendre le titre d’une des conférences des Rencontres. Jacques Bernardin , président du GFEN, fait un bilan de ces Rencontres.
Les Rencontres travaillaient sur les méthodes et notamment « le virage neuronal de l’éducation nationale ». Quel regard portez vous sur leur évolution récente ?
Il y a une prescription forte au nom des neurosciences. Ce qu’on a interrogé c’est la prévalence de ces recherches dont certains points peuvent être discutés. D’abord pour leur façon de concevoir l’être humain comme sans histoire et sans inscription sociale. Ensuite sur leur prétention de comprendre et d ‘expliquer des faits éducatifs uniquement par le recyclage neuronal quand les faits éducatifs sont spécifiés par des interactions sociales. Enfin il y a le transfert opéré sans précaution du laboratoire à la classe comme le rappelle Edouard Gentaz. Quelque soit la validité de travaux scientifiques le passage du laboratoire à la classe ne va pas de soi.
Il n’est pas question de nier l’importance des neurosciences mais elles confirment des pistes que l’expérience avait déjà identifiées : l’engagement actif, le retour pour consolidation par exemple.
Cette critique des méthodes se retrouvait aussi dans les ateliers ?
Dans les ateliers on a travaillé par exemple sur les approches de la lecture et de l’écriture. Sur la lecture on n’a pas manqué d’interroger la méthode syllabique et n’entrainement à la fluence qui sont imposés partout et pour tous alors que les évaluations nationales et internationales montrent que les élèves sont faibles en compréhension.
On a essayé de travailler les présupposés idéologiques de ces approches par les neurosciences. On a montré les effets de ces méthodes prescrites sur les enseignants : dépossession de leur professionnalité, et pour les élèves soumission intellectuelles à travers des exercices à outrance alors que les débats sont plsu à même de participer à leur émancipation intellectuelle. On a constaté aussi que les résultats ne sont pas au rendez vous. On a besoin des recherches pour instruire et éclairer l’acte pédagogique . Mais on discute la primauté exclusive faite à certains champs de recherche aux dépens d’autres approches.
Propos recueillis par François Jarraud