Au lendemain de la manifestation du 3 octobre en mémoire de Christine Renon, le Snuipp 93, le Se-Unsa, A et i Unsa et le Snpi Fsu prennent position sur les mesures nécessaires. Alors que le ministre semble hésiter à imposer une réforme du statut des directeurs, ces organisations demandent des décharges de direction et des aides administratifs.
« Vous n’entendez pas »
» Vous ressortez le statut de la direction d’école ! Vous n’entendez donc rien ? Nous vous disons que les directions souffrent de solitude et de surcharge : vous allez les couper encore plus de leur équipe, les inscrire dans une chaîne hiérarchique où ils et elles ne pourront plus rien faire d’autre qu’obéir aux ordres qui leur donnent toujours plus de tâches dont l’utilité leur échappe… Mais en quelle langue faut-il vous parler ? », écrit le Snuipp 93 dans une lettre ouverte particulièrement dure. » Vous n’entendez pas. Vous ne comprenez pas que l’école primaire est le dernier service public dans de trop nombreux quartiers et de trop nombreux villages. Qu’au lieu de soutenir vraiment les équipes et leur direction d’école, en leur permettant de travailler sereinement collectivement, en leur donnant les moyens nécessaires, au lieu de cela, vous choisissez de faire imploser ces écoles maternelles et élémentaires. Rétablissez-vous les aides administratives, que vous avez supprimées à votre arrivée en 2017 ? Non. Annoncez-vous des décharges totales de direction partout où les équipes l’estiment nécessaire ? Des postes de RASED, de formateurs-trices, de remplaçants ? Non. Annoncez-vous que les demandes administratives chronophages et sans aucune utilité pour les élèves ou les enseignants cessent à compter de demain ? Non ».
Les effets des injonctions
» L’appel de Christine Renon, directrice d’école qui s’est donnée la mort sur son lieu de travail, doit nous conduire à remettre en cause des évolutions dont les conséquences sont graves tant pour la santé des personnels que pour le bon fonctionnement de l’école », écrit le SNPI FSU, un syndicat d’inspecteurs du premier degré. Le syndicat « s’inquiète des effets sur l’ensemble des personnels d’une stratégie injonctive, cherchant à imposer des modèles d’action, des méthodes, des organisations alors qu’il faudrait au contraire accompagner la réflexion nécessaire à la qualité des actions menées ».
Perte de sens du métier
Le SE-Unsa, sous la plume de Stéphane Crochet, demande lui aussi des moyens. » Il faut immédiatement décider du report de tâches administratives non essentielles, de l’octroi de journées de décharge supplémentaires avant les vacances d’octobre ainsi que de réunions de directeurs sur le temps de classe, dès le mois de novembre, pour leur permettre de sortir de leur isolement », écrit-il. » Au-delà de la direction d’école, le SE-Unsa a rappelé que la carence en médecine de prévention et le problème global des conditions de travail dans le ministère de l’Éducation nationale doivent être traités. Qu’il s’agisse des enseignants ou d’autres catégories de personnels, le rythme des injonctions, cohérentes ou non, parfois paradoxales, conduit à la perte de sens de nos métiers. »
L’institution comme Cronos dévore ses enfants
A et i , le syndicat Unsa des personnels administratifs , intervient aussi sur ce point. » Pour ce faire, avec et auprès des autres personnels, les personnels administratifs ont besoin d’une organisation lisible, efficace, dont ils puissent partager les objectifs, et pas d’un système bureaucratique et aveugle. Le drame récent du suicide de Christine Renon qui ne supportait plus un métier de directrice d’école devenu vide de sens, a jeté une lumière crue sur ce qui est, par certains aspects, le mal bureaucratique », écrit Jean-Marc Boeuf, secrétaire général. « Prenons garde à ce que, de manière insidieuse, pour tous ses personnels, l’éducation nationale, qui devrait être la plus humaine des administrations, ne devienne un jour pareille à Cronos dévorant ses enfants. »