Modifié le 29/09/19 à 19h –Dans le cadre du deuil national décrété par le gouvernement suite au décès de Jacques Chirac, les enseignants peuvent consacrer un cours à l’homme d’Etat. Le ministère demande, par voie de presse, « un moment de recueillement », et non une minute de silence, dans les écoles et établissements lundi à 15 heures. Il le fait en étant conscient des écueils et s’en remet largement à l’encadrement local pour son exécution, notamment dans le premier degré où l’exercice semble hors de portée des élèves. Sur les réseaux sociaux des enseignants témoignent de leur refus et proposent plutôt un moment pour Christine Renon. Les instructions données dans les rectorats qui nous ont été transmis invitent bien les équipes éducatives à aménager le « moment de recueillement » à l’âge des élèves.
Les enseignants sont associés par le premier ministre à la journée de deuil national décrétée après le décès de J. Chirac. Celle-ci aura lieu lundi 30 septembre. » Les enseignants qui le souhaitent pourront également consacrer un cours de cette journée à l’évocation de la mémoire de l’ancien chef de l’Etat », écrit le premier ministre dans une circulaire adressée aux ministres publiée au J.O.
Le 27 septembre, le ministère a fait savoir qu’un « moment de recueillement » sera « obligatoire » dans les écoles et établissements lundi à 15 heures. « Moment de recueillement » ne signifie pas forcément « minute de silence », situation dont on semble se méfier au ministère. On est donc dans une situation paradoxale où le ministère enjoint de procéder à un événement sans le définir. Dans le premier degré, l’entourage du ministre estime qu’il va falloir adapter le moment de recueillement à l’âge des élèves. On semblait conscient de ne pas perturber les élèves « au moins jusqu’à 10 ans » avec des sujets qui leur échappent. Par conséquent le ministère s’en remet à la hiérarchie locale et des instructions devraient être données localement par les recteurs et IEN.
Les enseignants pourront prolonger ce « moment » d’un cours sur J Chirac s’ils le souhaitent, ce n’est en aucun cas obligatoire. Des ressources pédagogiques sont publiées sur Eduscol. Un texte de l’Inspection générale met l’accent sur la dureté des combats pour le pouvoir et s’en tient au bilan en terme de politique extérieure et de fonctionnement institutionnel des années Chirac. En soi, cela montre la difficulté à faire un cours sur J Chirac.
Sur Twitter de nombreux enseignants manifestent leur réticence à propos de cette journée. Ils rappellent par exemple les propos racistes tenus par l’ancien homme d’Etat, son populisme, la dimension politique de cette manifestation dans une école qui devrait être tenue à l’écart des démarches politiciennes.
Enfin cet appel à un « recueillement » à la mémoire de J Chirac contraste douloureusement avec l’indifférence de l’institution face au suicide de C. Renon et aux suicides ou tentatives précédents. Des enseignants le disent sans fard :s’il doit y avoir un moment de recueillement lundi c’est pour Christine et non pour Jacques.
F Jarraud