« Au cours de l’année 2017-2018, 3 élèves sur 4 ont été touchés par au moins une action ou un projet relevant de l’éducation artistique et culturelle : 82 % dans le premier degré et 62 % dans les collèges », affirme la Depp qui publie une nouvelle Note d’information. Elle relève un net écart entre les établissements favorisés et défavorisés, au détriment de ces derniers. Le ministère promet d’atteindre 100% mais ne parle pas budget…
Un serpent de mer à l’Education nationale
L’Education artistique et culturelle est un vieux serpent de mer naviguant sur l’océan Education nationale. Il a fait l’objet de plusieurs rapports dont celui de V Bouysse, V Maestracci, JY Moirin et C Saint Marc en 2007 suivi par celui de Jean-Yves Moirin, Anne-Marie Le Guevel et Jean-Marc Lauret en 2013. On peut y ajouter le rapport parlementaire Doucet en 2017. Plus récemment, JM Blanquer a mis en avant les chorales et c’est assurément une bonne action. Le développement de la pratique musicale a des effets très positifs sur le développement des jeunes et il faut continuer à l’encourager.
De rapport en rapport on voit les efforts des ministères (culture et éducation nationale) et des collectivités locales varier fortement. Par exemple le nombre de classes à PAC peut passer de 16 000 à 6000 quasiment d’une année sur l’autre. L’EAC dépend d’intérêts politiques fluctuants. Mais il semble que depuis 2015 de réels efforts ont été faits et des fonds dégagés.
Les trois quarts des écoliers et collégiens concernés
La Note de la Depp évalue que 82% des écoles et 62% des collèges développent au moins un projet d’EAC. » En éducation prioritaire (EP) », ajoute-elle, « les parts d’élèves touchés par les actions ou projets sont moindres, respectivement 78 % en école et 55 % en collège. Les différences entre établissements sont également liées à l’organisation de l’éducation artistique et culturelle et à la présence d’un coordinateur éducation artistique et culturelle (dont sont dotées plus de deux écoles sur cinq) ou d’un référent EAC (présents dans deux tiers des collèges). Outre les actions et projets EAC, près de 100 % des écoles et des collèges organisent au moins une activité en lien avec l’éducation artistique et culturelle (sortie culturelle, rencontre avec un artiste, etc.). Dans trois écoles sur quatre et dans plus de neuf collèges sur dix, au moins une activité est réalisée en partenariat avec une structure culturelle. Enfin, au cours de l’année 2017-2018, la chorale est présente dans 56 % des écoles et 84 % des collèges ».
Une étude limitée
Le ministère rebondit sur cette note pour rappeler que le président de la République a promis que 100% des élèves bénéficieraient d’un dispositif d’EAC d’ici 2022. POur le ministère, « grâce à l’identification systématique des classes qui ne disposent pas de projets EAC.. le 100% sera atteint d’ici 2022 ».
L’évaluation menée par la Depp ne va pas faciliter cette identification. En effet l’enquête Depp repose sur 600 écoles et collèges tirés au sort , ce qui ne fait même pas un échantillon représentatif. Dans chacun de ces écoles et collèges la Note se base sur la déclaration du directeur ou du principal.
Des points à vérifier
Mais ne gâchons pas le plaisir. Depuis 2015 de réels progrès semblent avoir été faits. Cependant les rapports précédents attirent l’attention sur quelques points dont la Note ne parle pas. Au collège comme à l’école les enseignements artistiques et culturels sont des enseignements obligatoires, avec des professeurs dédiés au collège. Mais les rapports soulignent tous qu’à l’école élémentaire les enseignements artistiques sont sacrifiés souvent à l’apprentissage des fondamentaux. Ces remarques ont été faites dès 2007. Avec la pression renforcée mise sur les fondamentaux actuellement il est à craindre que cela ne se soit pas arrangé. On sait ce qu’il en est de l’EPS pour prendre une « éducation à » dont la problématique est proche.
Pour développer l’EAC il faut des crédits. Le précédent gouvernement parlait de 2 milliards. Mais cette somme correspondait surtout aux salaires des professeurs des disciplines artistiques. En 2015 on comptait 2.40€ par élève pour les projets et actions EAC. On ne sait pas quel budget est dépensé actuellement pour l’EAC. Et le ministère n’en parle pas…
La Note ne parle pas du lycée. Or c’est là qu’actuellement, avec la réforme, on assiste à une mise à mal des disciplines artistiques. Les options ne rapportent plus de points au bac et par conséquent les établissements sont amenés à récupérer les moyens.
F Jarraud