Quelle réforme de l’éducation prioritaire le ministère va t-il porter ? En octobre 2018 le ministre a donné mission à A Azema et P Mathiot de réfléchir à une réforme de l’éducation prioritaire. Et déjà le ministre posait la question des labels Rep et Rep+ : « Il n’est pas normal d’être dans une situation binaire en éducation prioritaire, y être ou ne pas y être », disait il en demandant « un changement de paradigme ». Le rapport devrait être remis très prochainement au ministre. Octobre 2018, la Cour des comptes remettait aussi en question la labellisation. La Pppe a apporté le 17 septembre un éclairage sur les orientations du ministre.
« On peut craindre après le rapport de la cour des comptes et après le rapport Mathiot Azéma toujours attendu à cette heure que l’idée dominante en ce moment de l’attribution progressive des moyens fondée sur l’ IPS, l’emporte sur le processus de labellisation de l’éducation prioritaire », confirmait en juillet 2019 Marc Bablet, ancien responsable de l’éducation prioritaire au ministère. » Tout ce qui fait l’efficacité de l’école dans le travail partagé et responsable est oublié au profit d’une responsabilité individuelle qui donnera d’ailleurs lieu à des primes spécifiques probablement conditionnées aux résultats obtenus ce qui constituera ni plus ni moins un retour à la part variable de l’indemnité ECLAIR qui avait été abandonnée en 2014 car elle ne produisait dans les équipes que des tensions inutiles entre ceux qui en bénéficiaient et ceux qui n’en bénéficiaient pas », ajoutait-il.
Fin juin , l’OZP faisait le point sur le projet ministériel en ces termes : « la labellisation éducation prioritaire ne serait plus en cause, mais la politique d’éducation prioritaire portée par le ministère ne concernerait plus que les seuls Rep+ ; les Rep relèveraient des choix de priorité décidés par chacun des recteurs dans le cadre de politiques territoriales régionales décidées avec les élus politiques. Il s’agit là d’un bouleversement de la géographie prioritaire et, au-delà, d’un transfert de responsabilités majeures de l’Etat vers les collectivités. »
C’est ce que confirme la Peep. Interrogé par le Café pédagogique le 17 septembre, M Salaün, porte parole de la Peep, explique que « le ministère ne touchera pas aux rep+ » mais qu’il souhaite « un système plus construit avec les acteurs de terrain » pour les Rep. Il s’agit d’un système « plus adapté aux territoires qui puisse s’adapter aux secteurs déshérités des territoires ruraux ». Ainsi se confirme la passage d’une logique sociale à une logique territoriale. La réforme abandonnerait aussi le pilotage de l’éducation prioritaire aux collectivités locales. L’Etat se débarrasserait de sa mission sociale et du principe d’égalité.