A en croire un sondage auprès de ses membres réalisé par le Snpden Unsa, le premier syndicat de personnels de direction, la rentrée 2019 est réussie. Mais le sondage ajoute aussi une série de réserves. Par exemple, la moitié des établissements commencent l’année scolaire avec des postes non pourvus, les deux tiers des collèges n’ont pas les fonds nécessaires au dispositif Devoirs faits. Les personnels de direction soutiennent massivement la réforme du lycée mais s’inquiètent de l’organisation des nombreuses épreuves du nouveau bac.
Une rentrée pas si réussie que cela
Comment se passe la rentrée dans les établissements ? Comment est le climat dans les lycées ? Comment va s’appliquer la nouveau bac ? Pour répondre à ces questions, la conférence de rentrée du Snpden Unsa, syndicat très majoritaire des personnels de direction, apporte un éclairage toujours riche et intéressant.
Rentrée 2019, les personnels de direction sont fatigués. Certes, ils estiment (pour 61%) que la rentrée s’est aussi bien passée qu’en 2018. Seulement 27% la jugent moins bonne. Mais c’est bien grâce à eux. « Les collègues ont beaucoup donné l’année dernière et pris peu de vacances », affirme Philippe Vincent, secrétaire général du Snpden. D’après lui, il y aurait beaucoup plus de chefs d’établissement en arrêt maladie que d’habitude. On lit quand même comme une heureuse surprise dans ce 61%. Car quand on creuse, les personnels de direction témoignent de difficultés plus lourdes que l’année dernière.
Ainsi la moitié des établissements signalent des postes non pourvus, ce qui est davantage que les années précédentes. Rien d’étonnant à cela : la rentrée 2019 voit la deuxième année de suppressions de postes dans le second degré alors que le nombre d’élèves augmente (40 000 surtout au collège). Ajoutons à cela la nouvelle obligation faite aux enseignants d’accepter deux heures supplémentaires par semaine. On a là les ingrédients pour des tensions sur les postes. Utiliser ces heures supplémentaires est plus économique que l’appel à des contractuels.
Une adhésion à la réforme du lycée
La réforme du lycée a secoué les établissements l’année dernière. Cela a-t-il fait bouger les personnels de direction en faveur de la réforme ? Selon le Snpden 94% seraient favorables à la réforme, 96% dans les lycées professionnels. En mai dernier, le baromètre Unsa donnait seulement 42% d’entre eux favorables aux réformes. D’après P Vincent ils apprécieraient la disparition des filières et une organisation préparant mieux au supérieur.
Pour autant la réforme apporte bien des problèmes. Les personnels de direction ont du mal à trouver des professeurs principaux, ce qui laisse entendre que le climat est moins serein que le Snpden l’affirme. Ils ont du mal à établir des emplois du temps corrects. En lycée professionnel, il ont des difficultés à organiser les co interventions. Enfin il y a dans certaines régions des problèmes avec les manuels scolaires. C’est en Ile de France que la situation est la plus difficile, la région n’ayant pas commandé les manuels ou les équipements nuémriques à temps. « On ne sait pas quand les manuels arriveront ».
Le risque d’enchainer des petits bac toute l’année
Dans l’immédiat, les personnels de direction s’inquiètent de la réforme du bac et particulièrement du controle continu. Le ministère n’ayant pas tranché, il y a un risque selon le Snpden que le controle continu aboutisse à des vrais petits bacs trois fois par an avec paralysie des établissements. Le Snpden plaide pour que les épreuves se passent dans les conditions normales des controles. Cela va dépendre des enseignants : pèseront-ils pour adapter les épreuves à leur progression personnelle et faire le controle continu à l’aide d’épreuves filées dans l’année. Ou préfèreront ils organiser 3 petits bacs ?
Négociations salariales en vue
Le Snpden s’interroge aussi sur les retombées pédagogiques de la réforme. « Quel est l’avenir des professeurs principaux ? » en lycée alors que le concept de classe est remis en question, les élèves étant la plupart du temps répartis dans des enseignements non communs. La réforme aboutit aussi au fait qu’on peut avoir 50 enseignants siégeant dans un conseil de classe. Faut il faire un conseil de classe pour un niveau, quitte à le faire en amphithéâtre.
Au collège, le Snpden souligne l’écart entre le discours ministériel sur Devoirs faits et la réalité : 61% des collèges n’ont pas de moyens suffisants pour le mettre en place.
Le Snpden est conscient que si la réforme s’est faite dans des conditions convenables les personnels de direction y sont pour beaucoup. Ils débutent des négociations salariales avec le ministère pour relever les salaires de mi carrière dans la perspective de la réforme des retraites.
F Jarraud