« On pourra toujours trouver des problèmes mais… » La formule résume assez bien les réponses de JM Blanquer aux questions des députés de la Commission de l’éducation de l’Assemblée nationale le 10 septembre. Le ministre vante la qualité du dialogue social qu’il mène depuis un an, juge la réforme du lycée enthousiasmante et les dédoublements efficaces. Ce qui a changé c’est une certaine prudence sur l’avenir de l’école du socle ou des directeurs d’école. Et déjà une remise en question de l’éducation prioritaire.
Pendant près de deux heures et demi, JM Blanquer a répondu aux questions posées par les députés de la Commission de l’éducation. S’il a esquivé certaines questions, il a surtout défendu ses politiques faisant souvent appel à des arguments d’autorité.
« De très beaux chantiers sont devant nous au titre du dialogue social », affirme JM Blanquer en début de réunion estimant avoir « approfondi » le dialogue social depuis un an. La plupart des syndicats ont pourtant dénoncé la maigreur de ce dialogue , le ministère ignorant par exemple les votes du CSE.
Des questions esquivées
Mais les parlementaires attendaient le ministre sur d’autres sujets : les réformes des lycées et de l’école, l’accueil des enfants handicapés, les enfants non scolarisés, la réforme du prioritaire , les directeurs d’école et l’école du socle.
Il y a des questions esquivées de façon maladroite. C’est le cas à propos des 100 000 enfants non scolarisés. Le ministre ne trouve qu’à contester le chiffre, arguant qu’il contient des mineurs isolés qui sont en fait majeurs. S’il affirme que tout enfant doit être scolarisé, il ne dit rien de ce qu’il va faire en ce sens. Autre question esquivée quand une députée de la majorité pose la question de la sieste en petite section. Le ministre répond sur le terrain du droit à laisser faire la sieste aux enfants alors que la question est d’abord matérielle. La loi Blanquer amène les 3 ans à être là toute la journée or nombre de communes n’ont pas de dortoir pour accueillir les enfants ou des dortoirs insuffisants.
Langue de bois
IL y a les satisfecit. C’est le cas des dédoublements de CP CE1, même si le ton ministériel est moins triomphant. On sait qu’en fait les dédoublements ont produit des résultats décevants par rapport aux attentes et au budget investi.
Même satisfecit au lycée. « J’ai croisé des professeurs enthousiastes sur les programmes du lycée », affirme le ministre. Si certains programmes ont été bien accepté par les associations d’enseignants (physique chimie, SVT), la plupart sont pourtant sévèrement critiquées. « Un proviseur m’a dit que les emplois du temps ont été améliorés cette année », poursuit le ministre avec la même conviction. Interrogé sur la place des maths, JM Blanquer poursuit sur la même ligne : « A mes yeux les maths sortent renforcées de cette réforme », à la fois parce que, selon le ministre, elles restent dans le tronc commun (à travers l’enseignement scientifique), en spécialité et en option. « Elles sont renforcées à travers les contenus », estime t-il . L’association des professeurs de maths (Apmep) a pourtant manifesté ses inquiétudes sur la réforme. Dans l’enseignement professionnel le ministre s’inscrit en faux sur la diminution des heure d’enseignement général. « Si le nombre d’heures vécues par un élève en LP était un gage de réussite ça se saurait », dit-il. Pour lui la réforme est « très appréciée par les professeurs ».
Plusieurs députés ont signalé des problèmes pour la scolarisation des enfants handicapés. Sur ce terrain le ministre a reconnu quelques problèmes mais il estime avoir réduit de moitié le nombre d’enfants en attente de scolarisation : 4% eu lieu de 8. « On pourra toujours trouver des problèmes mais on a divisé par deux le phénomène » dit-il. Il met en avant les AESH qui « vont faire désormais des carrières », alors que le ministre reconnait au même moment avoir du mal à en trouver…
Prudence
Il y a des questions sur lesquelles le ministre a appris la prudence durant l’été. C’est le cas de l’école du socle. Quand un député de la majorité lui demande quand il va la généraliser, JM Blanquer répond que c’est un sujet sensible et qu’il faut « un consensus local pour avancer ». Rappelons que les EPSF ont été finalement retirés de la loi Blanquer.
Justement l’auteure de l’amendement sur les EPSF, C Rilhac, pose la question du bien être des directeurs (que son amendement prévoyait de supprimer !) et donc de leur statut. « Je ne m’exprimerai pas davantage car c’est le dialogue social qui doit permettre d’avancer », répond JM Blanquer.
La réforme du prioritaire
Finalement le principal apport de cette réunion concerne l’éducation prioritaire. Le ministre annonce la remise prochaine (en septembre) du rapport Azema Mathiot. « L’objectif est d’en finir avec les effets de seuil », dit JM Blanquer. « On doit arriver à mieux cibler les élèves qui en ont besoin. On doit avoir une vision pas seulement territoriale mais individuelle ». Des propos qui pourraient indiquer l’abandon de la labellisation.
F Jarraud