« On saura rapidement si le dialogue social est une réalité ». Le 28 août, Stéphane Crochet, secrétaire général du Se Unsa et Claire Krepper et Rémy Charles Sirvent, secrétaires nationaux, n’ont pas caché leurs interrogations devant la nouvelle posture ministérielle. Le second syndicat des enseignants attend des preuves tangibles du changement rue de Grenelle. Pour lui, les évaluations de septembre seront un premier test. Le syndicat ne cache pas les difficultés de la mise en place de la réforme du lycée, notamment l’irrespect des voeux de spécialités des lycéens dans la moitié des établissements.
Les évaluations et la communication ministérielle
« La 3ème rentrée du ministre est celle de l’apaisement, enfin ! ». Stéphane Crochet rappelle « la crise jamais connue » qui a terminé la précédente année scolaire. Il voit dans les réformes en cours des occasions de vérifier les déclarations ministérielles.
Dans le premier degré, les évaluations nationales vont être un test grandeur nature. « Le ministre n’a pas caché ses convictions sur la manière d’apprendre à lire, écrire , compter. Il n’a pas changé son approche sur la nécessité d’apports scientifiques qu’il a choisis et restreints », explique S Crochet. Pour lui c’est une « vision restrictive » sur le plan pédagogique. Mais puisqu’on ne peut pas changer le ministre, le Se Unsa observera sa façon de proposer les évaluations. « Soit on n’en parle plus médiatiquement et elles peuvent devenir des outils imparfaits pour les enseignants. Soit elles sont mises au service de la communication politique ministérielle et là ça ne passera pas ». Le syndicat demande le renouvellement d’un temps dégagé pour leur correction.
Orientation forcée dans la moitié des lycées
Le Se Unsa est aussi inquiet de la mise en place de la réforme des lycées. « Les comités de suivi (annoncés par le ministre le 27 août) sont une bonne chose. Mais on ne veut pas de comités d’autosatisfaction ». Le syndicat demande une indemnité pour les enseignants des lycées qui vont faire passer le controle continu.
Selon Claire Krepper, un pointage réalisé cet été auprès d’une centaine de lycées montre que dans la moitié d’entre eux les établissements ont obligé des élèves à émettre de nouveaux voeux car ne pouvant satisfaire les demandes originales. Autre signe d’inquiétude dans les lycées : les démissions de professeurs principaux, les enseignants estimant ne plus pouvoir faire correctement leur travail. Le temps officiel pour l’orientation (54h) n’est pas financé et pas prévu dans les emplois du temps. Les options consomment les moyens des enseignements complémentaires et l’accompagnement pédagogique (AP) est en disparition.
Elle signale aussi des évolutions regrettables dans l’enseignement technologique : STI2D en régression et STMG en progression par exemple. Dans la voie professionnelle, la co intervention « imposée à tous tout le temps » est « un chantier énorme en terme de temps de concertation ».
Rétablir la cogestion
Enfin il y a les questions professionnelles. « Sur la revalorisation des salaires le flou persiste », estime S Crochet. Le budget de 2020 ne la permet pas alors qu’elle est urgente indépendamment de la question des retraites ». La loi de transformation de la fonction publique va vider les commissions paritaires de leur role. Le Se Unsa demande de nouveaux espaces pour accompagner la carrière des enseignants.
Ce serait un bon outil pour mesurer le changement de ton ministériel. Si le Se Unsa estime « qu’on a tous à gagner à une atmosphère apaisée », il attendra de voir la façon dont le ministre s’empare de ces questions pour évaluer « l’apaisement » ministériel.
François Jarraud
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