A peine descendu de l’avion, le 19 août, Jean Michel Blanquer, pour sa troisième visite à La Réunion, a défendu ses réformes avec en ligne de mire le premier degré et le dédoublement des CP CE1 dans les REP et REP+ de l’île. Curieusement aucune visite de lycée général, pourtant au coeur de sa réforme. Simple oubli ou stratégie de communication ? A quelques jours de la rentrée des classes en métropole, La Réunion est l’occasion de prendre la température. Les syndicats enseignants parlent de communication et non d’un véritable dialogue avec JM Blanquer.
Le ministre vend le dédoublement des CP CE1
Nous commençons à en avoir l’habitude, la machine de communication ministérielle est lancée autour du dédoublement. Pour Sonia Delrieu du syndicat du premier degré SAIPER, JM Blanquer est dans l’affichage, dans la vitrine. « Pourtant, le compte n’y est pas », nous dit-elle. « Si des postes sont créés, ils ne sont pas suffisants et surtout ils ne prennent nullement en compte la réalité locale. Dans la plupart des écoles de l’île il y a un véritable problème structurel, qui amène les enseignants à être davantage dans le co-enseignement que dans le dédoublement. 30 élèves par classe avec deux enseignants, est-ce vraiment cela que nous recherchons? » Mais pas d’inquiétude, ces classes là n’ont pas accueilli le ministre…
« Tout va bien… »
Ce sont les mots utilisés par le ministre lors de son intervention auprès des cadres du rectorat. En effet, pour Corinne Peyré, secrétaire académique du SNES, le ministre a visité ce qui fonctionne, uniquement ce qui fonctionne… Cependant, la situation dans l’île est préoccupante avec un lycée élitiste, » ce qui est créé par la réforme du lycée est une orientation et un parcours uniquement lisible et manipulable pour les initiés « . Dans un contexte social difficile avec des chiffres du chômage et des personnes vivants sous le seuil de pauvreté en constante progression, ces parcours là ne seront pas accessibles, et pire encore, ils ont un effet contre productif. Pour le lycée professionnel, le constat est pire encore et le sentiment qui y règne est celui d’un véritable abandon. Nicole Fehoko et Christine Jannot du syndicat action et démocratie (CFECGC) constatent la rupture importante qui règne désormais entre le LP et le lycée général : » Il y a désormais deux écoles et le public fragile est abandonné, alors même que ce sont les élèves en plus grande difficulté « .
« 2020 sera l’année du dialogue social »
Mais ce qui reste le plus amer dans la gorge des syndicats présents devant le rectorat , c’est l’absence de dialogue. En trois visites, c’est la première fois que JM Blanquer accepte de les recevoir, alors même que la loi pour l’école de la confiance a déjà été votée et que la loi sur la fonction publique a elle aussi été votée. Le ministre annonce pourtant que « 2020 sera l’année du dialogue sociale ». Cette phrase a été comprise comme une véritable provocation pour les syndicats qui condamnent l’attaque frontale contre le paritarisme avec la loi de transformation de la fonction publique. Benoit Caquelard, secrétaire départemental de la FSU, nous dit être mécontent d’être utilisé dans un simple plan de communication. Les syndicats après avoir lu une déclaration liminaire et posé plusieurs questions au ministre de l’éducation nationale, n’ont pas souhaité donner de l’eau à son moulin et ont quitté la réunion.
Au programme de la visite du ministre demain, l’école Inclusive.
Accompagné par Sophie Cluzel la secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées, le ministre Jean Michel Blanquer a prévu de visiter deux ULIS et une UEMA. Il devra faire face aux AESH qui se disent menacés par la généralisation de la mutualisation de leur service.
Propos recueillis par Romain Faure