» Votre rapporteur spécial salue, néanmoins, cet effort de maitrise du nombre des créations de postes qui rompt avec une logique inflationniste inadaptée et insoutenable du point de vue budgétaire ». Gérard Longuet, rapporteur pour la commission des finances du Sénat, accorde un satisfecit final à la gestion du budget 2018 de l’Education nationale. Son rapport souligne la maitrise de l’emploi et aussi celle des salaires. Fin 2018, le ministère de l’Education nationale n’avait pas dépensé tout son budget. Il restait 256 millions. Pas question d’en faire une prime pour le personnel…
Des économies sur le premier degré
Ce rapport évalue définitivement l’application de la loi de finances 2018. G Longuet analyse l’application par l’Education nationale de la loi et de ses objectifs. Il s’attache particulièrement à l’évolution des postes et à celle de la masse salariale.
La première remarque du rapport porte sur l’exécution du budget. Traditionnellement l’Education nationale dépense plus que ce qui est prévu dans la loi de finances car elle sous estime ses besoins. En 2018 c’est l’inverse. L’éducation nationale se retrouve avec un reste de 256 millions, après il est vrai une rallonge de 316 millions par rapport au texte adopté initialement. Mais en 2017, budget du gouvernement précédent, la rallonge avait été du double. Il est intéressant de noter que c’est sur le premier degré que l’Education nationale n’a pas dépensé ce qui lui avait été alloué, alors qu’elle a dépensé plus que prévu dans le second degré.
Au total, lors de cette première gestion de J BLanquer les dépenses de l’éducation nationale ont augmenté moitié moins vite qu’en 2017 (1.4 milliard contre 2.6 en 2017).
La croissance du nombre de postes cassée net
Surtout JM Blanquer a inversé l’évolution concernant les emplois. » L’exécution 2018 se caractérise par le fort ralentissement des créations de postes par rapport aux années antérieures. En effet, alors qu’en 2017 (hors programme 143) la mission avait enregistré une hausse de 9 665 emplois équivalents temps plein, ce niveau a été ramené à +839 en 2018″. On appréciera la différence. Cette situation a été obtenue en supprimant 2490 emplois dans le second degré.
Le gel salarial imposé
Autre évolution avec la gestion de JM BLanquer : le gel salarial. En 2017, le budget avait dépensé 386 millions en mesures salariales générales (hors glissement vieillesse technicité). En 2018 c’est ramené presque à zéro : 22 millions. Les mesures catégorielles représentent 279 millions contre 758 millions en 2017.
Le rapporteur félicite le ministère pour ces efforts mais estime que l’Education nationale doit aller plus loin. Il est sceptique sur les résultats des mesures de dédoublement et d’éducation prioritaire. » Les premiers éléments d’évaluation fournis par l’administration paraissent indiquer une amélioration progressive du taux d’encadrement tant en REP qu’en REP+ qui serait imputable au dédoublement des classes. Toutefois, l’efficacité de la prime évoquée n’est pas encore démontrée ».
Ce rapport est publié alors que les discussions ont commencé entre le ministre des finances et les différents ministères pour la loi de finances 2020. On sait que le président de la République a prévu de limiter à 2% de PIB le déficit public en 2020 contre 3.1% en 2019. Il a aussi annoncé 5 milliards de baisse de l’impôt sur le revenu. Et il veut ramener la dette publique à 98.7% du PIB. Ces orientations imposent de nouvelles baisses des dépenses à l’Education nationale alors même qu’E Macron a aussi annoncé de nouveaux dédoublements hors éducation prioritaire. Autant dire que l’élaboration du budget général s’avère difficile. Et que l’Education nationale pourrait encore sacrifier des postes en 2020.
François Jarraud