Des collégiens de 6ème peuvent-ils penser leur ville ? C’est le défi lancé par Agnès Tremblay, professeure d’histoire-géo au collège Doisneau d’Itteville (91) et son collègue Nicolas Leglise-Blanchard, professeur de SVT. Leur projet les invite à imaginer l’aménagement d’un quartier dans un esprit de développement durable. Une initiation citoyenne qui est aussi un appel à développer et affirmer leur sensibilité.
Passer au concret
« En cours on ne fait pas cela. Les élèves prennent juste des informations dans les documents. Si on veut qu’ils aient conscience qu’ils peuvent être des acteurs de leur ville , il faut les inviter à créer ». Agnès Tremblay et Nicolas Leglise-Blanchard ont conduit un beau projet de géographie prospective à propos de l’aménagement d’un quartier de Brétigny-sur-Orge (300 hectares) proche du collège.
Les élèves ont du faire oralement , en groupe, des propositions d’aménagement de cet ilot après avoir visité l’éco quartier de l’ile Seguin à Boulogne Billancourt. Ils ont été accompagnés par un écologue. En SVT les élèves travaillent aussi la notion de développement durable et le professeur de SVT a participé au guidage et à l’évaluation des élèves.
« Les 6ème sont à un âge idéaliste », nous dit A Tremblay. « Ils sont toujours d’accord dans le principe pour mettre une prairie ou des animaux. Mais c’est quand on leur demande de créer un quartier avec des contraintes economiques réelles qu’ils prennent conscience que tout n’est pas réalisable ». Cette découverte, qui n’est pas mince, développe aussi leur conscience citoyenne.
Devenir acteur
Pour A Tremblay, la visite de l’Ile Seguin a fait découvrir une autre architecture aux élèves. L’apport de l’écologue a permis aux élèves d’être plus précis dans leur projet , de comprendre ce qui est réalisable. Mais sa fonction d’expert a aussi un autre sens. Les élèves ont eu le sentiment de travailler « pour de vrai » car quelqu’un d’extérieur regardait leur travail.
« Le projet a développé la sensibilité des élèves », estime A Tremblay. « Ils ont pu montrer concrètement leur intérêt pour le développement durable ». Certains ont réalisé une maquette, d’autres des clips vidéo.
Ce que retient A Tremblay c’est aussi l’importance de cette approche concrète pour sortir les élèves d’une culpabilisation invalidante. « A force de répéter que le changement climatique c’est à cause de nous, ils ont le sentiment de subir. En réalisant leur projet ils ont développé leur personnalité et sont entrés dans le concret. Du coup ils prennent conscience qu’ils peuvent être acteurs de leur ville ».
François Jarraud