Les élèves apprennent-ils mieux quand ils font une prestation orale ? C’était une des hypothèses de départ de Raynald Leroy. PLP Lettres Histoire au lycée professionnel JB Clément de Sedan, a saisi l’occasion du Bicentenaire et de l’ouverture de la webradio du lycée pour faire écrire et dire par ses élèves des lettres de Poilus. Un travail passerelle, entre français et histoire, entre écrit et oral, où les élèves s’avancent guidés par le professeur pour reprendre confiance en eux.
Un récit historique en étapes
« L’idée m’est venue après un travail sur la différenciation », nous dit Raynald Leroy. « J’ai eu l’idée de faire écrire les élèves par étape et de mettre ce travail d’écriture en valeur dans une prestation orale ».
PLP, R Leroy est bivalent et pour lui les deux disciplines s’appuient bien. Avec sa classe de 3ème prépa pro, il juge nécessaire d’avancer pas à pas vers l’écrit. « A partir d’un sujet que je leur donne, rédiger la lettre d’un Poilu à Verdun, ils rédigent un premier jet. Là ils sont souvent timorés. Ils réécrivent en prenant en compte mes conseils. Et je fais une première évaluation de leurs compétences. Dans la troisième étape ils enrichissent la lettre et la saisissent dans le traitement de textes. C’est seulement après que vient la phase orale. Ils enregistrent leur voix et ensuite font un montage avec des fonds sonores que je leur ai apportés ».
L’intérêt de ces étapes c’est la différenciation, estime R Leroy. « Ils se rendent compte de l’intérêt du brouillon. Ils voient leur niveau de maitrise augmenter de phase en phase. Et moi ça me permet d’observer et de différencier.
Collaboration et mise en confiance
Au final, Raynald Leroy observe deux phénomènes. D’abord l’oral soutient l’écrit. La prestation orale mise en scène invite à revoir son récit et à l’améliorer. Surtout quand ça va être diffusé sur la webradio.
» Le fait de fixer un objectif d’enregistrement crée une motivation supplémentaire. Une régulation se fait à l’intérieur des îlots et les tâches variées échoient à tous. Une volonté d’autorégulation se dessine, chacun cherchant à améliorer et optimiser la prise de son en cherchant à faire vivre sa lecture. Quelques élèves ont d’ailleurs voulu réaliser de nouvelles prises de sons chez eux, en autonomie. La collaboration au sein du trio permet une entraide », écrit-il su rle site académique. « En terme de différenciation, les tâches écrites permettent d’adapter les attentes en fonction de difficultés repérées et de valoriser le passage à l’oral. Des élèves ayant des difficultés liées aux compétences écrites peuvent ainsi tout à fait réussir pleinement la phase orale et donc prendre confiance en eux. Cela permet de hiérarchiser et de fixer des attentes spécifiques pour ceux rencontrant des obstacles. Les phases de répétition orale et l’écoute/conseil des autres élèves du trio permettent une mémorisation plus profonde et surtout ancrée dans le récit. Cette écoute active est porteuse de sens. La fierté de pouvoir s’entendre sur la web radio et de pouvoir partager le travail par ce média avec d’autres (équipe pédagogique, équipe de direction, famille…) sont aussi bénéfiques pour générer une confiance en soi accrue ».
R Leroy souligne aussi l’effet sur l’ambiance de classe. « Quand on s’intéresse à eux comme individus et aussi à leurs difficultés, qu’on leur donne le temps nécessaire pour développer leurs compétences, tout parait plus fluide. Agir ainsi c’est une stratégie de gestion de classe ».
F Jarraud