OUI, j’en ai assez ! J’en ai marre des projets onéreux et ronflants de certains collègues qui écrivent qu’ils organisent un voyage pour « l’ouverture d’esprit » ou « la découverte d’une autre culture ». Les élèves passent des heures en car, visitent en touristes, consomment des visites, participent à des activités (encadrées, alléchantes, attractives… très chères !) et bizarrement, leurs plus beaux souvenirs sont : 1/les nuitées en dortoir 2/les veillées 3/le pique-nique/les repas 4/les « récrés » 5/le shopping… En clair, rien de ce qui était annoncé dans le programme pédagogique !
J’ai choisi de partir « pour 3 francs 6 sous » à « 2 pas de chez nous » avec des petits enfants de 6-7-8 ans que leurs parents hésitaient à lâcher (Bonjour les appréhensions ! Je n’imaginais pas.. la peur du manque/vide chez les parents !) pour que les enfants vivent simplement
1/ une vie en collectivité sans leur famille
2/ des activités de pleine nature
OUI, leurs plus beaux souvenirs sont : 1/les nuitées 2/les récrés 3/les repas 4/les veillées 5/les promenades
Mais, en partant seulement 3 jours, non loin de St-Etienne, c’était bien le projet de la classe. Et je l’ai défendu auprès de l’Inspecteur. Aucune visite guidée. Aucune animation payante. Aucun intervenant arrivé juste à point (et chèrement) pour occuper la soirée.
Un projet construit avec/par les élèves. Qu’est-ce qu’ils ont jubilé en organisant les répartitions dans les dortoirs ! En écrivant au cuisinier pour lui demander de préparer (top secret !) le gâteau d’anniversaire de N ! En écrivant eux-même la liste pour le sac de voyage !
Dans mon école publique de centre-ville, où existe encore une vraie mixité sociale, je suis contente que toutes et tous les élèves aient pu partir.
OUI, c’est pour mon projet de classe, l’essentiel ! Et culturellement, découvrir la verte campagne (Ouille ! Les orties ça brûle !) ; la vie en collectivité ( Oh NON ! Il/elle ronfle ; pleure ; remue dans le dortoir) et l’autre/le copain-la copine ( « T’as qu’une seule paire de chaussures ? Ta trousse de Toilette, c’est juste un sac plastique ?)
Et puis, si en plus, on a sensibilisé les uns les autres à l’intérêt du développement durable, en prenant les transports publics, en consommant local, en découvrant le patrimoine régional, tant mieux !
Dans nos classes, la première lutte contre la xénophobie, la peur de l’autre, c’est juste et simplement de vivre et travailler ensemble , tous/toutes les élèves ! Au quotidien !
Marie-Eve Thivillier