Alors que le texte de la loi Blanquer issu de la commission paritaire du 13 juin est publié, les syndicats enseignants manifestent à la fois un certain soulagement et maintiennent leur vigilance. Plusieurs restent dans l’opposition à la loi.
» La suppression de l’article créant les établissements publics locaux d’enseignement des savoirs fondamentaux (EPLESF) en est un résultat De même, de nombreux amendements sénatoriaux de nature à modifier en profondeur le fonctionnement de l’école comme l’article 6 ter plaçant les enseignants et les enseignantes sous l’autorité de la directrice ou du directeur devant les évaluer ou encore l’interdiction faite aux mamans voilées d’accompagner les sorties scolaires ne figurent pas dans le texte final. Le compromis trouvé entre les sénateurs et les députés a dû aussi tenir compte de cette forte mobilisation », explique le Snuipp Fsu. Mais pour le premier syndicat du primaire, » tous les dangers n’ont pas été écartés. Ainsi, la volonté de limiter la liberté d’expression des enseignants, les cadeaux faits à l’école privée, la création d’établissements locaux d’enseignement international réservés aux classes sociales favorisées et actant une école à plusieurs vitesses, la porte ouverte aux remplacements assurés par des étudiants sans concours ni formation, la suppression de l’organisme indépendant d’évaluation des politiques éducatives (Cnesco)… demeurent. Les enseignantes et enseignants des écoles se sont mobilisés et se mobiliseront encore pour réclamer un autre projet ».
» Dans la version finale du projet de loi pour une École de la confiance ne figurent plus les dispositions les plus dangereuses qui avaient été ajoutées par l’Assemblée nationale puis le Sénat. Néanmoins, la loi reste une loi fourre-tout qui ne s’attaque pas aux inégalités de réussite et pourrait même contribuer à les creuser », estime le Se Unsa. » Certes, le pire a été évité mais la loi Blanquer n’en devient pas pour autant une « bonne » loi : les EPLE internationaux, établissements au recrutement social favorisé, sont maintenus. Le Cnesco disparaît, remplacé par le Conseil d’évaluation de l’École dont la mission essentielle sera l’évaluation des établissements. Les Espé deviennent toujours des INSPE, étroitement contrôlés par le ministre. Quant à l’article 1 accusé de vouloir bâillonner les opposants à la politique Blanquer, il n’a pas disparu non plus. »
Le Sgen-CFDT « salue les évolutions décidées par la Commission mixte Paritaire (CMP) sur la Loi pour une Ecole de la Confiance. Il acte positivement la suppression de mesures discriminantes et inacceptables ». Mais » Le Sgen-CFDT souhaite que l’abandon logique des établissements publics locaux d’enseignement des savoirs fondamentaux (EPLESF) ne signe pas l’enterrement des dossiers relatifs à la direction d’école et aux conditions de travail des directeurs et directrices d’école. La question d’un fonctionnement des écoles donnant plus de pouvoir d’agir aux personnels du premier degré reste entière, et ne doit pas être oubliée. »
La CGT réaffirme son opposition à la loi Blanquer. » La CGT Educ’action considère surtout que ce compromis trouvé entre le Sénat et l’Assemblée permet au ministre de protéger la matrice de son projet et qu’il peut en même temps se targuer d’avoir désormais le soutien des parlementaires, l’article 1 instaurant un devoir d’exemplarité et de silence aux personnels est maintenu. Les établissements d’excellence, le financement de l’école privée par fonds publics, la suppression du CNESCO chargé de l’indépendance de l’évaluation du système, la transformation dangereuse de la formation initiale, le pré-recrutement, la mise en place des PIALs et le développement de la précarité sont bel et bien toujours dans le texte. Dans ces conditions, la CGT Educ’action considère que le projet de loi Blanquer reste dangereux pour notre École. Nous persistons à dire qu’il a pour principal objectif d’affirmer l’autorité du ministre sur les personnels et de constitutionnaliser le tri et la sélection ».
La loi Blanquer après la commission mixte paritaire