Avec 6000 nouvelles contaminations annuelles en France, le SIDA reste un sujet majeur de santé publique. Les professeurs de SVT sont en première ligne pour enseigner les modes de transmission et de protection face au virus. Sylvain Caberty, enseignant de SVT à Tours et responsable national de l’APBG, est à l’initiative d’un questionnaire à destination des élèves sur le VIH mené en partenariat avec le Sidaction. Il souligne « la nécessité de renforcer l’enseignement des SVT au collège et au lycée sur des thématiques de santé publique mais aussi d’environnement ou de risques géologiques ». Derrière ce premier sondage, dont les résultats seront publics, l’enjeu est bien la place réservée à l’enseignement de la biologie et de la géologie en France et ses conséquences dans le futur.
Pourquoi ce questionnaire mis en ligne par l’APBG ? Pour quels objectifs ?
Tout part du sondage réalisé par Ifop-Bilendi pour l’association Sidaction en mars 2018, auprès des jeunes de 15 à 24 ans : 20% des jeunes s’estiment mal informés en 2018, soit une augmentation de 9 points par rapport à 2009. On entend dans la presse audiovisuelle, suite à l’étude, qu’il y a plus de 6 000 nouvelles contaminations chaque année en France ; que près d’un jeune sur quatre pense que l’on peut guérir du sida ; et enfin, que plus de 20% des jeunes interrogés n’ont pas reçu d’enseignement spécifique sur le VIH au collège ou au lycée. Même si la majorité des sondés ayant bénéficié d’une information sur le VIH/SIDA indique que l’intervenant était un professeur de sciences de la vie et de la Terre, les résultats sont en baisse de 10 points depuis l’étude de 2009. En tant que professeur de sciences de la vie et de la Terre, c’est difficilement acceptable, sur un sujet d’une telle importance.
De plus nous savons que ce sujet est traité dans les cours en collège mais aussi en lycée et qu’il y a des interventions sur les questions de santé et de sexualité, où nous abordons ces thématiques (nous, l’infirmière scolaire, d’autres ; en liaison avec des intervenants extérieurs). Nous avons donc décidé de réaliser cette enquête en utilisant certaines des questions de 2018, pour un public d’élèves du secondaire afin de montrer que les élèves ont des connaissances, ont de l’information mais qu’ils oublient, d’où la nécessité de renforcer l’enseignement des SVT au collège et au lycée sur des thématiques de santé publique mais aussi d’environnement ou de risques géologiques. Pour l’instant nous constatons que l’enseignement de la biologie et de la géologie n’est pas une priorité de la politique éducative, à l’heure de grands sujets d’actualité comme la PMA ou le réchauffement climatique. Pourtant, ces élèves sont les futurs citoyens qui devront être capables de faire des choix engageant leur avenir mais aussi ayant des conséquences financières immenses !
A qui s’adresse-t-il ? Pouvez-vous nous donner des exemples de questions posées aux collégiens et lycéens ?
Il s’adresse clairement aux élèves et uniquement aux élèves. L’enquête Ifop-Bilendi s’adresse à un panel plus large. Nous avons écarté certaines questions liées à la sexualité, aux pratiques sexuelles et nous nous sommes concentrés sur le virus et la maladie. Nous questionnons d’abord les élèves sur les sources d’information (à l’heure où les réseaux sociaux prennent de plus en plus de place, avec la problématique des fake news), puis sur les modes de transmission et de contamination. Le questionnaire doit être court pour ne pas faire perdre trop de temps aux professeurs en fin d’année. Nous devons toucher un grand nombre d’établissements pour que cela soit représentatif.
Quel est ce partenariat noué avec le Sidaction ?
Il nous était impossible de ne pas contacter le Sidaction (on utilisait une partie de leur enquête) et nous pouvons être très complémentaire sur cette thématique. Ils ont été aussitôt intéressés et ont accepté un partenariat. Cela nous a permis d’envisager d’autres possibilités avec eux dans les prochains mois (diffusion de leur concours vidéo VIH pocket films ou la venue de chercheurs en immunologie dans les salles de classe. Cela nous ouvre des possibilités nombreuses de collaborer à la lutte contre cette maladie !
Où et quand pourra-t-on lire les résultats ?
Les résultats seront accessibles sur le site de l’APBG dans quelques semaines, avant la fin de l’année scolaire. Afin de sensibiliser nos décideurs, ils seront transmis à la presse ainsi qu’aux Ministres de l’Education nationale et des Solidarités et de la Santé. Il est primordial et urgent que les institutions soient informées et prennent conscience de la réalité de nos élèves et qu’ils adaptent leur politique éducative sur les enjeux majeurs de santé et de prévention au sein des établissements scolaires en renforçant l’enseignement des sciences de la vie et de la Terre au collège et au lycée.
D’autres sujets de santé publique ou autres feront-ils aussi l’objet de remontées précises à l’avenir ?
Nous avons en effet réfléchi à différentes thématiques actuelles où cela pourrait être intéressant : contraception, réchauffement climatique, vaccination. Des sujets fondamentaux pour notre société. Cela sera surement à la prochaine rentrée.
Entretien par Julien Cabioch
Lien pour accéder à l’enquête « élèves »
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