Le 18 mai, l’Observatoire des zones prioritaires, une association d’acteurs de l’éducation prioritaire, tient ses journées nationales avec comme thème l’évaluation de l’éducation prioritaire. Pourquoi et comment l’évaluer ? Cette politique est-elle soutenue par le ministère ? Marc Douaire, président de l’OZP fait le point.
Pourquoi lancez-vous une évaluation de l’éducation prioritaire ?
Toute politique publique doit être évaluée. C’est légitime au regard des financements engagés. Une circulaire de 2014 avait annoncé cette évaluation au bout de 5 ans. On s’est tournée vers le ministère en 2018 pour lui rappeler cette évaluation. Il n’a pas donné suite. Alors nous nous engageons, avec les moyens d’une association, dans une évaluation collaborative, s’adressant à tous les acteurs et pas seulement aux chefs d’établissement, avec de nombreuses questions ouvertes ou fermées.
Quels sont les résultats de cette évaluation ?
Ils ne sont pas encore stabilisés car nous continuons à recevoir des réponses. Et les questionnaires, qui comptent de nombreuses questions ouvertes, nécessitent du temps pour les dépouiller et croiser les informations. Mais ont peut déjà voir des différences importantes entre les académies. Pour le moment nous étudions surtout la formation, le travail collectif et les leviers et obstacles pour la réussite des élèves. On peut dire qu’un certain nombre de réseaux sont bien engagés dans la réussite grâce à des effets de structure ou des formations, mais aussi grâce à leur capacité à créer u collectif professionnel.
Le ministère lance les Cités éducatives. Quel regard jetez vous sur elles ?
C’est un retour de la politique de la ville. Dans l’histoire de l’éducation prioritaire il y a toujours eu des partenariats avec cette politique. Mais l’histoire apprend que ce qui est efficace c’est ce qui est bati sur la continuité. Combien de temps vont durer les cités éducatives ? Dans ce projet, il faut clarifier ce qui relève de la responsabilité des écoles de celle des collèges. Là où un partenariat existe déjà, comme à Grigny, les personnes vont s’emparer du dispositif. On les invite à le faire.
La loi Blanquer arrive en fin de parcours. Elle a ignoré l’éducation prioritaire. Quel regard jetez vous sur elle ?
On ne sait pas ce que deviendra l’éducation prioritaire. Dès 2017 on a dit qu’elle ne peut pas se réduire aux dédoublements. On voit dans le projet des cités éducatives le souci de s’adresser aux quartiers mais pour donner à chacun. Est ce un projet d’émancipation sociale comme l’éducation prioritaire ? Ou est ce seulement un projet de plus grande accessibilité aux services pour chaque individu ? L aloi Blanquer ne correspond pas à l’esprit de l’éducation prioritaire qui est de dire on donne aux personnels et aux cadres la capacité à construire des projets pour mieux répondre à la scolarisation des élèves. Ces projets ne peuvent exister que par des collectifs professionnels. Et pas par injonction, défiance ou impératif ministériel.
Propos recueillis par François Jarraud