Loi Blanquer
Le Sénat adopte l’article 1 et rétablit la loi Ciotti
« J’ai du mal à imaginer que des professeurs puissent ne pas être exemplaires ». La formule du rapporteur Max Brisson (LR) résume cette journée qui a vu les sénateurs LR et UDI et le ministre de l’éducation nationale faire position commune. Au terme de débats fort policés et fort longs, le Sénat a adopté l’article 1 dans sa rédaction modifiée en commission. Il a aussi rétabli la suppression des allocations familiales pour les élèves absentéistes.
Loi Blanquer : Les EPSF définitivement écartés ?
C’est une grande victoire des enseignants. Le 17 mai le Sénat a écarté les deux amendements qui proposaient de rétablir les écoles publiques des savoirs fondamentaux et le ministre a reconnu que « le sujet n’est pas mur ». Mais la loi Blanquer emporte le Cnesco et instaure plusieurs points qui aggravent le métier enseignant.
Loi Blanquer : L’école à deux vitesses instituée
Blanquer socialiste ? Probablement pas. Mais face aux amendements de la majorité de droite du Sénat, le ministre se positionne à gauche et joue avec ça. Pourtant la loi Blanquer ramène une conception de l’Ecole très droitière. Le 16 mai, le Sénat a adopté la création des EPLEI, c’est à dire le retour des petits lycées, scolarisant les enfants des meilleures familles à part de la maternelle à la terminale. Il pérennise les jardins d’enfants comme une alternative à la maternelle. L’Ecole française était marquée par les inégalités sociales. Au soir du 16 mai elle est divisée entre Ecole du peuple et Ecole des classes privilégiées.
La loi Blanquer tombe à droite
Pas généreux le Sénat ? Il vote le 15 mai à l’unanimité l’instruction obligatoire à 3 ans. Une mesure qui ne change pas grand chose. Il adopte la formation obligatoire de 16 à 18 ans. Une décision tout autant symbolique. Les mesures effectives adoptées par le Sénat sont très à droite et ciblent les écoles des quartiers populaires : interdiction du port du voile pour les accompagnatrices scolaires, chasse aux « prosélytes » autour des écoles, rejet des mesures rendant obligatoire la scolarisation des enfants étrangers. Le Sénat choisit aussi de compenser les frais occasionnés par la loi aux communes qui soutenaient déjà les maternelles privées. La loi Blanquer tombe à droite.
La loi Blanquer devant le Sénat
Le 14 mai, commence l’examen de la loi Blanquer au Sénat. A la différence de l’Assemblée nationale où le groupe LREM dispose d’une copieuse majorité, le Sénat est dominé par l’opposition. C’est dire que JM Blanquer va devoir composer avec elle et que les débats risquent d’être plus animés. Si le ministre semble prêt à des concessions sur les établissements publics des savoirs fondamentaux et sur la réforme territoriale il peut se heurter à une certaine intransigeance , par exemple sur l’indemnisation des communes. Pour les enseignants le réveil pourrait être dur. Le passage au Sénat devrait amener un durcissement de la loi, par exemple sur la formation continue obligatoire durant les vacances, l’annualisation des services ou les affectations. L’examen de la loi va durer au minimum jusqu’au jeudi 16 au soir, probablement jusqu’à vendredi 17.
Loi Blanquer : La majorité revient sur les EPSF mais pas sur l’article 1
La majorité cède à la pression des enseignants et des maires. Les sénateurs LREM proposent de rétablir les EPSF, supprimés par la commission de l’éducation du Sénat, mais en demandant pour leur ouverture l’accord des maires et des conseils d’école et CA de collège. Ils ont aussi déposé un amendement revenant sur le pouvoir hiérarchique accordé aux directeurs d’école par la commission. Le gouvernement souhaite revenir sur la compensation versée aux communes pour les maternelles privées. Il propose une nouvelle rédaction de l’article 17 sur la réforme territoriale permettant de ne pas recourir aux ordonnances. Par contre, le gouvernement ne revient pas sur l’article 1 , maintenu par la commission et les sénateurs LREM en renforcent le poids juridique. Le Sénat se prononcera sur ces amendements à partir du 14 mai.
Pourquoi la suppression des allocations familiales pour absentéisme est idiot
Lors du débat au Sénat sur la loi Blanquer, la loi Ciotti, supprimant les allocations familiales aux parents des élèves absentéistes, a été rétablie le 14 mai par la Haute chambre. Ce n’est pourtant pas par hasard que la loi avait été supprimée en 2013 par une nouvelle loi adoptée notamment par le Sénat. Voilà ce que disait alors le Sénat…
Pascale Garnier : La loi Blanquer est un changement radical pour les maternelles
» Parce qu’il porte sur une obligation d’instruction, le projet de loi consacre une définition de l’école maternelle comme lieu d’instruction : il couronne pour ainsi dire un processus de scolarisation de l’éducation des jeunes enfants initié dans les années 1970… En ce sens, la réforme entérine un changement radical dans l’histoire de la « maternelle » ». Sur un site professionnel, Pascale Garnier, professeure Paris13, montre comment l’école maternelle va perdre ses particularités avec la loi Blanquer imposant l’instruction obligatoire à 3 ans. » Il est probable que cette scolarisation précoce ait des effets à court terme sur les performances scolaires des élèves, mais à quel prix et pour quels effets à long terme ? Ces apprentissages pour ainsi dire forcés, du moins commandés de l’extérieur, ne peuvent remplacer ceux dont les jeunes enfants sont à l’initiative et où ils s’engagent pleinement pour construire leur pouvoir d’agir. Cette autre conception des enfants comme sujets à l’initiative de leurs apprentissages n’échappe pas à l’emprise des différenciations sociales. Du moins, elle évite cette scolarisation des familles que l’on dit « éloignées de la culture scolaire », selon la formule consacrée dans les discours officiels. Cette formule scolaro-centrée traduit bien un souci de colonisation pédagogique des familles, une « police des familles », selon l’expression de Jacques Donzelot (1980), aujourd’hui rendue systématique par l’obligation d’instruction dès l’âge de 3 ans ». « Nous n’avons rien à gagner dans l’obligation de scolariser les enfants à partir de 3 ans, mais tout à craindre » nous disait elle dans le Café pédagogique en mars 2018. Nous voilà prévenus.
La loi Blanquer et l’histoire des enseignants
« L’école ayant cette faculté mystérieuse de fabriquer sa propre amnésie, il n’est sans doute pas inutile de retracer une petite histoire de la répression politique des enseignants que l’on dit si protégés et privilégiés ». Laurence de Cock s’y attelle dans un bel article de son blog. » Tout cela permet de poser dans de meilleurs termes les enjeux soulevés par l’article 1 de la loi Blanquer. Car en réaffirmant la nécessaire exemplarité des enseignants, elle les cantonne au rôle d’exécutants. Elle minimise leurs expertises professionnelles et sous-estime leur attachement à la démocratisation scolaire que certains peuvent estimer fragilisée par les mesures ministérielles en cours. Ce faisant, elle les exclut sans sommation de la discussion sur le métier et ses finalités, et affaiblit au passage l’institution. Ce qui se joue en creux n’est donc pas réductible à la liberté d’expression des enseignants mais met en jeu leur droit à la politisation, à savoir leur possibilité d’articuler leurs engagements et leurs identités et pratiques professionnelles comme une condition du bon fonctionnement institutionnel et non comme un frein ».
L’APHG dénonce l’article 1 de la loi Blanquer
Alors que la loi Blanquer arrive en examen au Sénat, l’APHG, association des professeurs d’histoire-géographie, fustige son article 1. » L’Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie (APHG) s’inquiète de la fâcheuse concordance des temps entre l’affirmation du devoir d’exemplarité des professeur.e.s dans l’article 1 dudit projet et la multiplication de dérives autoritaires dont certains d’entre elles.eux sont victimes depuis quelques semaines parce qu’elles.ils s’expriment publiquement. Le mot « exemplarité » cacherait-il finalement la promesse d’un « flicage » bien éloigné de l’idée qu’on peut se faire de la démocratie ? »
Les psychologues de l’Education nationale et la loi Blanquer
« Certains amendements proposent le retour à un service de santé comprenant les infirmiers-ères, les assistants-tes de service social sous la responsabilité du médecin scolaire qui pourrait englober aussi les psychologues de l’éducation nationale ». Après les infirmiers, les 9 organisations de psychologues de l’éducation nationale (Aepu, Afpen, Apsyen, FFPP, Se-unsa, Sfp, Snes Fsu, Snp et Snuipp Fsu) protestent contre ce projet. « Les psychologues EN défendent la diversité de leurs apports … afin de répondre mieux aux besoins des enfants… Les neuf organisations demandent le respect des missions et des compétences spécifiques des différents personnels ».
Les infirmiers de l’Education nationale contre la loi Blanquer
« Nous refusons d’inscrire dans la loi un travail en équipe pluriprofessionnelle induisant un pilotage, une responsabilité particulière et une hiérarchie d’un de ses membres », écrit le Snies Unsa. « Nous avons proposé une coopération qui permet des échanges professionnels entre les différents partenaires, ayant des intérêts communs, s’associant en vue d’un profit réparti au prorata de leur activité et maintenant l’autonomie professionnelle de chacun ». Même son de cloche chez les infirmiers du Snics fsu : » Puisque que la promotion de la santé à l’Ecole s’inscrit dans une démarche éducative construite localement à partir des besoins des élèves, l’équipe à laquelle doit appartenir l’infirmier.e de l’Education nationale est l’équipe pédagogique et éducative sous la hiérarchie des chefs d’établissements. Le SNICS FSU refuse donc la création d’une équipe pluri professionnelle d’experts intégrant les infirmier.es, psychologues, assistant.es de service social et les médecins car cette structuration- qui a prévalu avant 1982- ne correspond ni aux besoins des élèves ni à ceux de l’Ecole ». Les deux syndicats s’opposent à la rédaction des articles 2 ter, 16 bis et 16 ter de la loi qui prévoit de les inclure dans une équipe dirigée par les médecins.
Métier enseignant
Baromètre des métiers de l’éducation : « Rupture de confiance » entre les enseignants et le ministre
Les résultats du 7ème Baromètre UNSA des métiers de l’éducation ont été diffusés hier. Ils sont sans appel pour le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer. L’hostilité à sa politique tout comme l’insatisfaction face aux conditions de travail et au manque de reconnaissance s’aggravent sensiblement en 2019. L’approbation des » choix politiques faits dans le secteur » accuse ainsi une chute de 10 points par rapport à 2018, passant de 20,8% à 10,4% parmi les personnels de l’éducation. Et chez les enseignants, ce taux n’est plus que de 6,5%…
Salaire : Le Snuipp écrit au ministre
» Le locataire de la rue de Grenelle ne manque jamais l’occasion de rappeler que les enseignantes et les enseignants français ne sont pas assez rémunérés… Pour autant, d’annonces en annonces, les personnels et particulièrement les PE ne voient toujours rien venir », écrit le Snuipp. Dans une lettre adressée au ministre le 14 mai, le syndicat rappelle l’urgence. » Leur salaire est inférieur de 16% à la moyenne des salaires des enseignantes et enseignants du primaire dans les pays de l’OCDE. Et l’écart est encore plus grand, 29%, quand la comparaison est faite avec les onze pays comparables qui réussissent mieux aux évaluations internationales, notamment en termes de réduction des inégalités… Vous avez tout récemment annoncé votre volonté de porter le salaire de début de carrière à 2 000 € pour tous les professeurs. Cette revalorisation doit bien évidemment être étendue à l’ensemble des professeurs des écoles. Nous vous demandons de ne pas en rester aux annonces et de présenter le calendrier et les modalités de cette augmentation salariale très attendue par les personnels. C’est une urgence ».
Fonction publique : Dans l’attente d’un geste gouvernemental…
« On veut que le gouvernement clarifie la situation et dise comment il compte s’y prendre ». La journée de mobilisation de la Fonction publique du 9 mai a été marquée une nouvelle fois par une forte participation des enseignants. Pour B. Groison , secrétaire générale de la Fsu, le gouvernement doit rapidement ouvrir des négociations. Mais ce n’est pas l’avis d’O. Dussopt, secrétaire d’Etat à la Fonction publique.
Privé : Accès à la hors classe des maitres des 1er et 2d degré
» La présente note de service a pour objet de préciser, pour l’année 2019, les conditions d’avancement à la hors classe des maîtres contractuels ou agréés relevant des échelles de rémunération (ECR) des professeurs agrégés, professeurs certifiés, professeurs de lycée professionnel (PLP) et des professeurs d’éducation physique et sportive (Peps), exerçant dans les établissements d’enseignement privés sous contrat. » Une autre note porte sur les professeurs des écoles.
Les moins de 14 ans bientôt en entreprise
JM Blanquer a précisé devant le Sénat le 14 mai qu’il donnerait des instructions pour que des jeunes de moins de 14 ans puissent aller en stage en entreprises. Interrogé par F Férat (centriste) , à l’origine d’un amendement autorisant les élèves de moins de 14 ans à effectuer leur stage d’observation lié aux objectifs de l’éducation nationale dans les entreprises, le ministre répond : » Nous avons envoyé le 4 avril 2019 une note aux recteurs, DASEN et principaux de collège qui rappelle la législation et la règlementation sur les séquences d’observation en milieu professionnel pour les élèves de 4e et de 3e. Cette note répond à votre attente. Un projet de décret modifiant le code de l’éducation précisera les conditions d’accueil des mineurs de moins de 16 ans en milieu professionnel ». Le même jour, Christelle Dubos précise que cette mesure ne s’applique pas dans l’enseignement agricole.
Publication des grilles horaires du bac pro agricole
Le JO du 8 mai publie les grilles horaires des spécialités du bac pro agricole pour les spécialités agroéquipement ; aménagements paysagers ; conduite et gestion de l’entreprise agricole ; conduite et gestion de l’entreprise viticole ; conduite et gestion d’une entreprise du secteur canin et félin ; conduite et gestion de l’entreprise hippique ; productions aquacoles ; production horticoles ; conduite de productions horticoles (arbres, arbustes, fruits, fleurs, légumes) ; gestion des milieux naturels et de la faune ; forêt ; laboratoire contrôle qualité ; services aux personnes et aux territoires ; technicien-conseil vente de produits de jardin ; technicien conseil vente en animalerie ; technicien conseil vente en alimentation ; technicien en expérimentation animale.
Professionnel : Le recteur corrigera les erreurs des examens
Un décret publié au JO du 2 mai crée une session de remplacement pour le brevet professionnel. Il donne aussi au recteur le droit de rectifier seul les « erreurs » dans l’attribution du CAP et du bac pro. » Au vu des procès-verbaux des jurys, le recteur délivre le diplôme du certificat d’aptitude professionnelle. En cas d’erreur matérielle, il apporte les rectifications nécessaires, après avis du président du jury. »
Réformes
Roland Goigoux : Evaluations : Faire mentir les chiffres, en pédagogie aussi
Manipulations, dissimulations et falsifications scientifiques. Roland Goigoux démonte la publication des résultats des évaluations de CP et CE1 en les attaquant dans leur conception même. Un travail explicatif qui laisse derrière lui les ruines d’une démarche politique et de communication du ministère. Alors que la loi Blanquer prévoit une réforme de l’évaluation de l’Education nationale en la mettant aux ordres du ministre, l’intérêt général impose de cesser de confondre communication et évaluation.
Un appel pour des réformes sociales en éducation
« Prendre à bras-le-corps la question des inégalités territoriales en repensant l’éducation prioritaire et les moyens humains et matériels associés, en redéfinissant la sectorisation des écoles, collèges et lycées publics pour lutter contre les ségrégations scolaires, et en limitant les possibilités de l’enseignement privé de faire concurrence au public », c’est ce que demande un collectif de chercheurs en sciences de l’éducation (Stéphane Bonnéry, Séverine Chauvel, Samy Joshua etc.) dans Libération. Ils demandent notamment « d’améliorer la prise en charge globale (sanitaire, éducative, sociale) des enfants en permettant une présence et un suivi par des personnels spécialisés (médecins, infirmier·ères, psychologues, assistant·es social·es) » ou encore de « se donner les moyens de réfléchir à des pratiques pédagogiques démocratiques en renforçant la formation continue des enseignant·es et intervenant·es en milieu scolaire. Accorder les décharges horaires nécessaires aux équipes pédagogiques pour travailler sur les problèmes rencontrés »
Cités éducatives : Une réforme de droite pour Marc Bablet
» Ce qui est original dans ce texte est clairement porteur de visées idéologiques bien posées par ce gouvernement « suivi et accompagnement personnalisé » (plutôt que processus de socialisation dans le groupe classe) , « développement des crèches » (plutôt que l’école à deux ans qui, elle, est gratuite pour les parents) , santé hygiène avec « les petits déjeuners » (parce que chacun sait qu’il n’y a que chez les pauvres que l’on mange mal le matin), l’émancipation par la « mobilité » (quitter le quartier au lieu de donner ce qu’il faut dans le quartier comme dans les quartiers les plus riches), le développement de « fablabs » car l’on sait que la société numérique résout les problèmes sociaux… », écrit Marc Bablet qui y voit l’oeuvre d’une idéologie de droite.
Lycée : Pierre Mathiot fustige le « conservatisme » enseignant
» On a le droit de reconnaitre qu’on a pu se planter ici ou là ». Invité sur France Inter le 9 mai, Pierre Mathiot, auteur d’un rapport qui a inspiré la réforme du lycée, a malgré tout longuement défendu la réforme , rendant les enseignants responsables des défauts du système.
Numérique
Bruno Devauchelle : Peut-on régler des problèmes d’apprentissage avec le numérique ?
Une croyance assez répandue laisse entendre que grâce au numérique on va transformer la pédagogie. Mais pourquoi vouloir transformer la pédagogie ? On peut raisonnablement penser que cela doit permettre d’améliorer les apprentissages des élèves. Les moyens numériques ont-ils des vertus que les pédagogues n’ont pas pu ou pas su développer au cours des trois cents dernières années ? Après quarante années de progressive généralisation (encore à finaliser) des moyens numériques dans l’espace scolaire, il faut reconnaître que la pédagogie n’a guère changé. Si, comme le déclarait Françoise Cros lors d’EIDOS 2018, il n’y a plus rien à inventer en pédagogie, on se demande bien pourquoi penser que le numérique pourrait le faire est si souvent convoqué.
Bruno Devauchelle : Les fractures numériques, enjeux futurs de l’école
On ne parle pas de la fracture numérique, mais des fractures numériques car derrière cette expression se cachent plusieurs manières d’aborder le problème. Faut-il parler de fracture ou d’inégalité, de différence, d’exclusion, d’inclusion ? Là encore les termes choisis peuvent recouvrir non seulement des réalités, des approches idéologiques, mais aussi des manières d’agir. Au sein des établissements scolaires, il est nécessaire que ces questionnements soient travaillés et de manière suffisamment distancée pour déboucher sur de véritables projets pédagogiques collectifs autour de l’éducation au numérique et avec le numérique. Trop souvent on s’exprime à partir d’impressions, de ressentis, d’exemples de proximité, mais rarement on analyse le problème plus avant. Or l’action du monde éducatif avec le numérique est en lien avec toutes ces fractures qu’il peut nier, amplifier ou diminuer, encore faut-il savoir lesquelles. Demander à des élèves de faire un travail en dehors du temps de classe en accédant à des moyens numériques connectés suppose de prendre en compte ce questionnement et d’en explorer les véritables contours.