Loi Blanquer
Loi Blanquer: Les sénateurs pas mécontents de faire la leçon au ministre
Un projet de loi sans vision et sans grand enjeu, trop précipité et souffrant cruellement d’un manque de concertation : les sénateurs, que le pouvoir macronien avait snobés durant les deux premières années du quinquennat, ne se sont pas gênés pour faire la leçon au ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer. Présentant le 2 mai dernier à la presse le texte du projet de loi Pour une école de la confiance adopté par la commission de l’éducation, de la culture et de la communication, Max Brisson, le rapporteur Les Républicains, sénateur des Pyrénées-Atlantiques, a porté un jugement plutôt sévère, soulignant à plusieurs reprises combien le texte aurait été meilleur s’il avait été précédé d’une concertation avec les élus des territoires… Au total, la commission du Sénat a adopté 141 amendements, supprimant le très controversé article sur les établissements publics locaux d’enseignement des savoirs fondamentaux (EPSF) et en ajoutant d’autres, notamment sur une gestion plus managériale des ressources humaines.
Exhaustif : La loi Blanquer réécrite par le Sénat
Les professeurs des écoles évalués par leurs directeurs, l’affectation des enseignants contournant la procédure officielle, les services d’enseignement annualisés : ce sont quelques unes des modifications apportées par la Commission de l’éducation du Sénat à la loi Blanquer. Dominée par la droite, majoritaire au Sénat, elle a adopté cette loi le 30 avril en la modifiant assez profondément dans trois directions. La première c’est une prise en compte des intérêts des collectivités territoriales, jusque là assez méprisés par le gouvernement. La seconde va dans le sens du conservatisme social. La troisième, on l’a vu, joue la carte du nouveau management public et transforme substantiellement le métier enseignant. On a là les bases d’un futur compromis tant la proximité politique est grande entre le ministre et cette assemblée dominée par la droite.
EPSF : La liaison école collège n’est pas une affaire de structure
« L’existence d’ensembles scolaires communs premier et second degré ne jouerait pas un rôle significatif sur la qualité de la continuité école ? collège, qui à ce jour, se limite, dans la grande majorité des établissements concernés, à des échanges à faible impact sur la continuité des apprentissages ». En 2016, l’Inspection générale lançait une réflexion sur la liaison école collège, confiée à Marie-Hélène Leloup et Pierre Lussiana. Leur rapport voulait aller au fond des choses pour comprendre pourquoi c’est si difficile d’assurer une transition heureuse entre ces deux niveaux scolaires. Trois ans plus tard, alors que la loi Blanquer veut imposer les établissements publics des savoirs fondamentaux (EPSF) pour faciliter cette transition, un retour sur leurs conclusions s’impose…
Des directeurs menacés à nouveau par leur hiérarchie
Libération du 2 mai, les syndicats Snuipp et Cgt du 76 alertent sur de nouvelles pressions exercées par l’Education nationale sur les directeurs d’école à propos de la loi Blanquer. Au Havre, la directrice d’une école a été déplacée d’office pour s’être exprimé dans un message électronique envoyé aux parents sur la loi Blanquer. » Lors de l’audience à laquelle elle était convoquée vendredi 26 avril, comme lors d’échanges téléphoniques le lundi 29, la direction académique a été très claire : notre collègue, en plus d’un blâme, devait faire le mouvement, sous peine d’être déplacée d’office, y compris si elle n’obtenait pas ses vœux. De plus il a été souvent répété lors de l’audience que cette sanction était clémente et pourrait être bien pire si elle ne l’acceptait pas », rappellent les deux syndicats. La publicité faite à cette affaire a fait reculer le rectorat sur l’obligation de quitter son poste. Libération donne la parole à Sébastien Rome, directeur d’école et maire adjoint de Lodève, sanctionné d’une « lettre d’admonestation » pour avoir s’être exprimé sur France Bleu Hérault. Pendant ce temps, recteurs et Dasen s’expriment largement en faveur de la loi Blanquer sans qu’aucun rappel au devoir de réserve ne soit fait. » Mieux vaut être DASEN que directeur d’école pour commenter le projet de loi Blanquer », explique Claude Lelièvre…
Sanctionnés pour avoir alerté sur leur direction
Deux enseignants professeurs au collège de Sombernon (21) font l’objet de procédures administratives (déplacement et blâme). C’est la conclusion que le rectorat donne à l’initiative des enseignants du collège qui avaient demandé l’arbitrage du rectirat face à leur chef d’établissement. « Le 26 juin 2018, 25 enseignants sur 32 ont signé et envoyé un courrier à Mme la Directrice Académique pour signaler les difficultés rencontrées au collège de Sombernon depuis septembre 2017, date de l’arrivée du nouveau Principal du collège. Dans ce courrier, ils soulignaient de nombreux problèmes dans leurs relations avec le chef d’établissement et dénonçaient la dégradation de l’ambiance de travail, en mettant en avant leur inquiétude et leur souffrance », explique le syndicat sud education 21. Une pétition de soutien est ouverte.
Les infirmiers de l’Education nationale contre la loi Blanquer
« Nous refusons d’inscrire dans la loi un travail en équipe pluriprofessionnelle induisant un pilotage, une responsabilité particulière et une hiérarchie d’un de ses membres », écrit le Snies Unsa. « Nous avons proposé une coopération qui permet des échanges professionnels entre les différents partenaires, ayant des intérêts communs, s’associant en vue d’un profit réparti au prorata de leur activité et maintenant l’autonomie professionnelle de chacun ». Même son de cloche chez les infirmiers du Snics fsu : » Puisque que la promotion de la santé à l’Ecole s’inscrit dans une démarche éducative construite localement à partir des besoins des élèves, l’équipe à laquelle doit appartenir l’infirmier.e de l’Education nationale est l’équipe pédagogique et éducative sous la hiérarchie des chefs d’établissements. Le SNICS FSU refuse donc la création d’une équipe pluri professionnelle d’experts intégrant les infirmier.es, psychologues, assistant.es de service social et les médecins car cette structuration- qui a prévalu avant 1982- ne correspond ni aux besoins des élèves ni à ceux de l’Ecole ». Les deux syndicats s’opposent à la rédaction des articles 2 ter, 16 bis et 16 ter de la loi qui prévoit de les inclure dans une équipe dirigée par les médecins.
Réformes
JM Blanquer, sa lettre et la circulaire de rentrée
» L’école primaire sera ma priorité absolue jusqu’à la fin du quinquennat. Elle se traduira par un budget accru et par une action pédagogique que je souhaite toujours plus efficace. » C’est devenu une habitude : à la veille de chaque grande manifestation, le ministre de l’Education nationale écrit aux enseignants. Le 6 mai, JM Blanquer écrit aux professeurs des écoles, les plus mobilisés, pour les convaincre de ses efforts pour l’école primaire et annoncer une circulaire de rentrée. Deux points qui méritent analyse…
Stylos rouges : Simple visite rue de Grenelle
« On n’a absolument rien obtenu sauf de belles paroles et des « faites nous confiance ». Pour Célestine Peanuts (pseudonyme) comme pour Lydia Pichot, deux membres de la délégation des stylos rouges qui a été reçue au ministère le 6 mai, cette seconde rencontre avec l’équipe ministérielle est décevante. Les stylos rouges appellent à la grève le 9 mai et à manifester le 11. Ils se préparent aussi à faire la grève des examens.
Lycée : Pierre Mathiot fustige le « conservatisme » enseignant
» On a le droit de reconnaitre qu’on a pu se planter ici ou là ». Invité sur France Inter le 9 mai, Pierre Mathiot, auteur d’un rapport qui a inspiré la réforme du lycée, a malgré tout longuement défendu la réforme , rendant les enseignants responsables des défauts du système.
Réforme du lycée : La région Bourgogne pas prête
« Certains établissements nous disent qu’ils n’auront pas assez de salles… D’autres nous disent qu’ils vont sans doute devoir mettre des cours le mercredi après-midi, poursuit-il. S’ils nous l’annoncent à la rentrée, nous ne serons pas prêts. Nous ne pourrons pas adapter au dernier moment l’organisation des transports scolaires ». Les déclarations, devant le CESE régional, de Stéphane Guiguet, vice-président du conseil régional de Bourgogne Franche-Comté en charge des lycées, font sensation. Selon L’Yonne républicaine, S Guiguet met en cause le calendrier de la réforme. « Nous avons réalisé un plan pluriannuel d’équipement mais, avec les nouveaux enseignements – comme informatique et sciences numériques – les chefs d’établissement se tournent vers nous pour nous demander si nous avons prévu quelque chose. Nous n’avons rien prévu. Sur tous ces sujets, il aurait fallu au moins un an de travail en commun, avec les établissements et les inspecteurs ».
Fonction publique
Fonction publique : Dans l’attente d’un geste gouvernemental…
« On veut que le gouvernement clarifie la situation et dise comment il compte s’y prendre ». La journée de mobilisation de la Fonction publique du 9 mai a été marquée une nouvelle fois par une forte participation des enseignants. Pour B. Groison , secrétaire générale de la Fsu, le gouvernement doit rapidement ouvrir des négociations. Mais ce n’est pas l’avis d’O. Dussopt, secrétaire d’Etat à la Fonction publique.
Des enseignants nombreux à faire grève le 9 mai ?
Alors que la Commission des lois de l’Assemblée nationale a étudié le 3 mai le projet de loi sur la transformation de la fonction publique, texte qui arrivera en séance le 13 mai et qui pourrait être adopté avant l’été, le contenu de ce projet de loi semble encore méconnu des enseignants. Pourtant leur mobilisation devrait être importante le 9 mai comme elle l’avait été le 19 mars. Une mobilisation qui doit beaucoup aux réformes Blanquer…
Les revendications du Snes Fsu et du Se-Unsa
» Il est de votre entière responsabilité que de traduire vos engagements sur les salaires des personnels de votre ministère ». Suite aux promesses d’E. Macron, Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes Fsu, interpelle le ministre de l’éducation nationale le 3 mai. » Le SE-Unsa juge absolument nécessaire l’annonce d’un plan pluriannuel de recrutements par concours de professeurs des écoles avec la constitution et le recours à des listes complémentaires ». Stéphane Crochet , secrétaire général du Se-Unsa, en fait autant le 6 mai…
Métier enseignant
Affectation des professeurs stagiaires
La note de service précisant les modalités d’affectation des lauréats aux concours du second degré est parue au BO du 2 mai.
Etablissements : L’accessibilité reste un problème
» Pour 59,5 % des établissements, le registre public d’accessibilité n’a pas été mis en place. Seuls 26,2 % des collèges et des lycées disposent d’un registre public d’accessibilité mis à la disposition des usagers. 14,3 % ne connaissent pas son existence et ne savent pas comment procéder pour le mettre en place », établit le dernier rapport de l’Observatoire national de la sécurité et l’accessibilité des établissements scolaires. Dans la majorité des établissements le personnel n’est pas formé à cette problématique. Le handicap est aussi sous évalué dans les consignes d’incendie : » Seulement 13 % des directeurs d’école déclarent avoir établi des consignes spécifiques », révèle le rapport. L’obligation de surveillance de la qualité de l’air intérieur dans les écoles en termes de santé, d’hygiène et de bien-être à l’école est encore trop méconnue.
Enseignements artistiques au bac
Le BO du 2 mai publie deux notes de service relatives aux oeuvres de référence pour le bac 2020 en enseignement artistique et au programme complémentaire de l’option musique de première.
Publication des grilles horaires du bac pro agricole
Le JO du 8 mai publie les grilles horaires des spécialités du bac pro agricole pour les spécialités agroéquipement ; aménagements paysagers ; conduite et gestion de l’entreprise agricole ; conduite et gestion de l’entreprise viticole ; conduite et gestion d’une entreprise du secteur canin et félin ; conduite et gestion de l’entreprise hippique ; productions aquacoles ; production horticoles ; conduite de productions horticoles (arbres, arbustes, fruits, fleurs, légumes) ; gestion des milieux naturels et de la faune ; forêt ; laboratoire contrôle qualité ; services aux personnes et aux territoires ; technicien-conseil vente de produits de jardin ; technicien conseil vente en animalerie ; technicien conseil vente en alimentation ; technicien en expérimentation animale.
Professionnel : Le recteur corrigera les erreurs des examens
Un décret publié au JO du 2 mai crée une session de remplacement pour le brevet professionnel. Il donne aussi au recteur le droit de rectifier seul les « erreurs » dans l’attribution du CAP et du bac pro. » Au vu des procès-verbaux des jurys, le recteur délivre le diplôme du certificat d’aptitude professionnelle. En cas d’erreur matérielle, il apporte les rectifications nécessaires, après avis du président du jury. »
Education prioritaire
Lancement des cités éducatives
JM Blanquer et J Denormandie, ministre de la Ville, ont lancé le 2 mai les « Cités éducatives ». « L’ambition des Cités éducatives n’est pas d’être un dispositif de plus mais l’occasion de mieux coordonner et renforcer les dispositifs existants », annonce le ministère. Les Cités sont d’abord « une grande alliance des acteurs éducatifs travaillant dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville : services de l’État, des collectivités, associations, habitants. À travers les Cités éducatives, le Gouvernement veut ainsi fédérer tous les acteurs de l’éducation scolaire et périscolaire, dans les territoires qui en ont le plus besoin et où seront concentrés les moyens publics ». Ainsi le ministère veut « promouvoir la continuité éducative », « conforter le rôle de l’école », « ouvrir le champ des possibles ». Le programme s’inspire d’une politique menée à Grigny. Le budget alloué à l’opération reste modeste : 34 millions par an à partager entre 80 territoires. Sur le plan éducation, chaque collège tête de réseau disposera de 30 000 euros et un principal sera affecté pour assurer la coordination des politiques. Alors qu’on attend une nouvelle carte de l’éducation prioritaire, le ministère semble redécouvrir les projets éducatifs territoriaux.
Formation professionnelle
AFAE : Apprendre tout au long de la vie
Quelques mois après le vote de la loi « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel », Administration & éducation, la revue de l’AFAE, consacre un nouveau numéro à la formation professionnelle tout au long de la vie. Un numéro qui montre comment on passe à une logique de parcours et à ce qu’elle implique pour l’Education nationale. Mais qui révèle aussi comment cette évolution porte une transformation des finalités de cette formation professionnelle décidément confiée aux acteurs économiques.
Face à la numérisation faire évoluer la formation professionnelle
L’édition 2019 des Perspectives de l’OCDE sur les compétences, publiée le 9 mai, « montre que face à l’évolution du marché du travail induite par le progrès technologique, certains pays sont mieux préparés que d’autres en raison des niveaux de compétence de leurs populations », estime l’OCDE. Pour l’organisation, « seuls quelques pays, notamment la Belgique, le Danemark, la Finlande, la Norvège, les Pays-Bas et la Suède, sont en avance en termes de compétences et d’efficacité des systèmes d’apprentissage tout au long de la vie nécessaires pour réussir dans un monde numérique ». La France doit revoir sa formation professionnelle.
Numérique
Bruno Devauchelle : Peut-on régler des problèmes d’apprentissage avec le numérique ?
xUne croyance assez répandue laisse entendre que grâce au numérique on va transformer la pédagogie. Mais pourquoi vouloir transformer la pédagogie ? On peut raisonnablement penser que cela doit permettre d’améliorer les apprentissages des élèves. Les moyens numériques ont-ils des vertus que les pédagogues n’ont pas pu ou pas su développer au cours des trois cents dernières années ? Après quarante années de progressive généralisation (encore à finaliser) des moyens numériques dans l’espace scolaire, il faut reconnaître que la pédagogie n’a guère changé. Si, comme le déclarait Françoise Cros lors d’EIDOS 2018, il n’y a plus rien à inventer en pédagogie, on se demande bien pourquoi penser que le numérique pourrait le faire est si souvent convoqué.
Tribune : Tablettes numériques dans les lycées : Un crash annoncé
Dans le cadre de sa stratégie de communication au forceps, la présidente de la région Ile-de-France a récemment annoncé dans la presse la gratuité des manuels scolaires, mesure pourtant déjà effective depuis …2001. Sa « non-annonce » s’est toutefois accompagnée d’une nouveauté, le passage aux manuels numériques pour les élèves de la Région capitale. Valérie Pécresse entend ainsi démontrer, dès septembre prochain, qu’elle aura été celle qui aura soulagé le dos des 400.000 lycéens franciliens en remplaçant les manuels scolaires par des tablettes numériques. Mais au-delà du slogan, cette décision, prise une fois de plus de manière hâtive, soulève un certain nombre de problèmes et de questions, tant sur la forme que sur le fond.