« On veut que le gouvernement clarifie la situation et dise comment il compte s’y prendre ». La journée de mobilisation de la Fonction publique du 9 mai a été marquée une nouvelle fois par une forte participation des enseignants. Pour B. Groison , secrétaire générale de la Fsu, le gouvernement doit rapidement ouvrir des négociations. Mais ce n’est pas l’avis d’O. Dussopt, secrétaire d’Etat à la Fonction publique.
Les enseignants se font à nouveau remarquer
Avec une participation revue à la hausse chez les enseignants, la journée d’action de la Fonction publique du 9 mai a encore été marquée par la mobilisation enseignante. Neuf syndicats appelaient à la grève et à manifester (Cgt, Cfdt, FO, Fsu, Solidaires, Unsa, FAFP, Cgc et Cftc).
A l’Education nationale, selon le ministère on comptait 18% de grévistes dans le premier degré (en baisse par rapport au 19 mars) et 12% dans le second (en hausse). Selon le Snuipp Fsu il y avait 33% de grévistes en primaire et, selon le Snes Fsu, 35% dans le 2d degré.
De 109 000 (selon la police) à 250 000 personnes (selon les syndicats) ont manifesté. A Paris on a compté de 18 à 30 000 manifestants. De 3 à 5 000 manifestants ont défilé à Marseille, Lyon, Nantes.
27 élèves en maternelle Rep+
Rencontrée dans le cortège parisien, Agnès, professeure à l’école maternelle Romain Rolland d’Epinay sur Seine, en Rep+, explique pourquoi elle fait grève. « J’ai des années de carrière et le métier qu’on me demande de faire aujourd’hui n’est plus celui pour lequel je me suis investie à la base », nous dit-elle. « On me demande de plus en plus et on me donne de moins en moins ». Agnès compte 27 élèves dans sa grande section de maternelle en Rep+ et pas d’atsem. Elle a en classe des enfants qui relèvent de l’enseignement spécialisé qu’elle a connu en début de vie professionnelle. « J’avais 8 enfants et tout un accompagnement en professionnels, psychiatres et autres ».
La défense du statut
« Je suis là pour la défense du statut de fonctionnaire », nous dit Florien, professeur à l’école Jaurès 2 de Livry-Gargan (93). « C’est le seul statut qui vaille pour l’égalité territoriale ». Mais Florian est aussi contre la loi Blanquer. Notamment contre un pouvoir hiérarchique donné aux directeurs d’école. « Ca va créer une ambiance dégradée dans l’école, qu’il vienne du premier ou du second degré. On a besoin de coopérer pas d’être mis en concurrence ».
« Je suis là contre la loi de transformation de la Fonction publique », témoigne Frédéric Lesne, professeur de physique chimie au lycée Marie Curie à Versailles. « Je suis contre la montée de la contractualisation et les suppressions de postes apportées par la réforme du lycée ». Avec l’article 1, les EPLEI et les EPSF, F Lesne estime qu’on « voit la montée de l’école à deux vitesses » et « la baisse de la démocratie dans les établissements ». Quant aux promesses de JM Blanquer de revenir sur certains points de la loi, il n’y croit guère car il voit « la cohérence entre les 3 réformes du lycée, de la fonction publique et la loi Blanquer ».
Ne plus tarder à négocier
« Ca fait des semaines que des mobilisations ont lieu dans l’Education nationale et un petit tassement n’est pas surprenant », nous a dit B. Groison. « Le secteur est mobilisé. Sur le terrain, l’émotion, la compréhension et les désaccords sont intacts. Le ministre ne doit pas trop regarder les courbes pour se rassurer mais écouter ce qui se dit ».
Interrogée sur les annonces d’E. Macron, B Groison nous dit qu’aucune négociation est entamée. « On a entendu le gouvernement ouvrir quelques portes et on le met sur le compte des mobilisations qui ont eu lieu, notamment dans l’Education nationale : baisse des effectifs, non fermeture d’écoles, revalorisation des enseignants et doute sur les suppressions de postes. Maintenant on veut que le gouvernement clarifie et dise comment il compte s’y prendre. Sur la revalorisation il ne faut plus tarder et ouvrir les discussions. Si le gouvernement ne répond pas, on regardera comment intervenir encore. Pas question que l’on reste sans rien dire ». Le matin même , Olivier Dussopt a promis qu’il n’y aurait « ni retrait ni renégociation » du texte.
François Jarraud