Les élèves français sont ils plus lucides que leurs camarades européens ? D’après une étude réalisée par le Cnesco publiée le 21 février, les jeunes français utilisent très largement les réseaux sociaux pour leur information, juste derrière la télévision et leur entourage. Pour autant ils ne leur accordent que peu confiance : seulement 27% des élèves de 3ème et 24% de ceux de terminale ont confiance dans les réseaux sociaux. Un pourcentage très inférieur à celui des autres pays européens. Si les élèves estiment que les cours d’EMC permettent de mieux comprendre l’actualité politique, seulement la moitié des collégiens et lycéens ont traité des médias en cours d’EMC.
Domination de l’entourage et des réseaux sociaux…
L’enquête du Cnesco est tout à fait nouvelle en France, alors qu’une enquête de l’ICCS a pu sonder les sources d’information et le degré de confiance qui leur est donné dans les autres pays européens. L’enquête du Cnesco porte sur 16 000 collégiens de 3ème et lycéens de terminale. Elle montre que la moitié des élèves de 3ème s’intéresse à l’actualité et 68% de ceux de terminale.
Comment s’informent-ils sur l’actualité ? Leur entourage est la première source d’information (83% en 3ème, 90% en terminale). Les réseaux sociaux sont une autre source massive : 71% des collégiens et 84% des lycéens les consultent. Du coté des médias traditionnels, seule la télévision a un impact massif (92% des 3èmes et 89% des terminales). Les journaux papier sont très loin derrière (31 et 36%). Les jeunes préfèrent les journaux en ligne.
Mais confiance d’abord dans les médias traditionnels
Si les médias traditionnels sont nettement moins consultés que les médias numériques et els réseaux sociaux, le degré de confiance accordé par les élèves et rigoureusement inverse. 71% des jeunes (3èem et terminale) ont confiance dans les journaux papier. Un score meilleur que la télévision (75% en 3ème et 62% en terminale). L’entourage garde une grande confiance mais plus faible en terminale (77%) qu’en 3ème (83%). Les jeunes semblent savoir faire nettement la différence entre la presse installée et professionnelle par rapport aux réseaux sociaux.
C’est moins le cas dans les autres pays européens selon l’ICCS. 45% des jeunes européens ont confiance dans les réseaux sociaux et seulement 59% dans les médias installés (journaux, radio, télévision). Chez nos voisins italiens par exemple 54% des jeunes ont confiance dans les réseaux sociaux, 32% dans les Pays Bas, 60% en Bulgarie.
L’enquête du Cnesco montre des différences sociales importantes dans l’usage des médias. Si 67% des 3èmes s’intéressent à l’actualité c’est seulement 46% des élèves défavorisés. En terminale l’écart existe aussi : 78% des favorisés s’intéressent à l’actualité contre 59% des défavorisés. Différence importante aussi entre les types de médias. Les élèves favorisés écoutent davantage la radio que les défavorisés et s’informent moins par les réseaux sociaux (surtout en 3ème).
Des cours d’EMC qui abordent encore peu l’EMI
L’enquête du Cnesco a sondé aussi les élèves sur l’éducation aux médias donnée en EMC, selon les programmes en vigueur. Selon le Cnesco, » les médias restent peu abordés en EMC. À peine plus de la moitié des élèves de 3e (52 %) déclarent que le sujet des médias a été évoqué en EMC au cours de leurs années au collège (56 % des élèves de terminale concernant leurs années au lycée) ».
Pour autant les jeunes trouvent ces cours utiles. 82 % des élèves de 3e considèrent que ces cours permettent de mieux comprendre certains sujets politiques et sociaux d’actualité. Ils sont moins nombreux en terminale (70 %). Peut-être est ce du au fait que la politique reste absente des cours d’EMC. « L’actualité politique, quant à elle, est peu souvent débattue. Seuls 32 % des élèves de 3e et 37 % des élèves de terminale déclarent que les élèves posent « souvent » ou « toujours ou presque » des questions en rapport avec l’actualité politique pendant le cours », estime le Cnesco.
Cette enquête montre une certaine lucidité des élèves. Pour autant elle relance le débat pour un enseignement organisé de l’EMI qui semble avoir du mal à pénétrer les cours d’EMC.
F Jarraud