Le concours de recrutement des enseignants aura lieu en M2 à partir de 2022, ont annoncé JM Blanquer et F Vidal le 20 février lors d’un entretien avec les syndicats où le rapport Rozeau – Saint Girons a été présenté. Alors que la loi Blanquer prévoit un controle étroit des INSPE par le ministre, cette annonce précise les orientations ministérielles. En 2022, des fonctionnaires stagiaires pourraient arriver directement en classe après le concours d’admission en M2. Se profile la situation imaginée par L Chatel et son directeur de la Dgesco qui avait permis la récupération de 25 000 postes.
Le contenu des concours « plus professionnel »
Comment va être réorganisée la formation des enseignants ? Le sujet est sur la table depuis des mois. Il tourne autour de deux questions. La première c’est la date des concours d’admissibilité et admission. Est lié à cette question le devenir des 25 000 fonctionnaires stagiaires qui aujourd’hui sont payés pour se former et devenir enseignants durant leur année de M2. La seconde c’est le contenu des concours et leur dimension plus ou moins professionnalisante. Le rapport Rozeau – Saint Girons doit apporter des propositions sur ces deux points.
C’est sur le contenu des concours que les annonces du ministre sont les plus claires. »On nous dit que le contenu du master MEEF va être modifié », nous dit Karine Lamoureux, Responsable Formation et Développement professionnel du SE-Unsa. « Le ministère va ouvrir des discussions sur le contenu du master Meef », nous dit Xavier Marand, secrétaire général adjoint du Snes Fsu. Les nouvelles maquettes du concours seront prêtes en 2020, épreuves et programmes. Le ministère veut aussi modifier le jury du concours d’admission.
Sur ce terrain, le ministère a fait mettre dans la loi Blanquer un référentiel de formation qui devrait être présenté en CTM le 21 février. Le Café pédagogique en a dévoilé les grandes lignes en novembre 2018. On sait qu’il impose 55% du temps de formation aux fondamentaux en primaire et seulement 20% pour les autres disciplines. Dans le second degré 45% du temps de formation serait attribué à la discipline et 30% à « l’efficacité de l’enseignement ».
La question de la professionnalisation du concours d’admission est sur la table. Le Se-Unsa lui est favorable, même s’il préfère un concours en M1. Le ministre a déjà annoncé sa volonté de changer les formateurs en Inspe en affectant davantage d’enseignants de terrain.
Le concours en fin M2
Les dates des concours sont déplacées. D’après X Morand, le ministère abandonne l’idée d’une épreuve d’admissibilité en L3, idée qui avait été annoncée dans l’été 2018. L’épreuve d’admission aura lieu en M2 en mars avril.
Concrètement cela veut dire que les futurs professeurs ne deviendront fonctionnaire stagiaire qu’après la totalité de leur formation en Inspe. Cette mesure a deux conséquences : elle rallonge d’une année la formation sans être rémunéré pour devenir enseignant. Alors que le ministre affirme vouloir ouvrir le recrutement des enseignants sur le plan social, notamment avec 3000 AED en pré recrutement par an, il rend l’accès au métier plus difficile pour les jeunes issus de milieu défavorisé qui n’auront pas été pris dans sa formule de pré recrutement.
25 000 postes récupérés ?
La seconde conséquence c’est que ce glissement d’une année libère environ 25 000 postes de fonctionnaires stagiaires. Objectif qui était prévisible compte tenu des exigences de Bercy de suppression de 50 000 postes de fonctionnaires.
« On voit clairement revenir 2010 », nous dit X. Morand « avec une année de fonctionnaire stagiaire où le futur professeur enseigne à temps plein ». Le Snes Fsu serait pour le concours en M2 « mais pas dans ces conditions ». Ces évolutions s’articulent avec la mise en place du pré recrutement et du master Meef en alternance.
JM Blanquer a écarté l’admissibilité en L3 qui donnait à penser qu’on allait vers un alignement du concours public sur celui du privé comme nous l’avons expliqué dans ces articles. Mais il reste soumis aux mêmes contraintes de suppression de postes. Et l’expérience de 2010, qu’il connait bien pour l’avoir appliquée, montre que c’est dans la formation que celle-ci est la moins visible.
F. Jarraud