A l’heure où la représentation nationale est appelée à voter la suppression du Cnesco inscrite dans la loi Blanquer, des députés inscrits sur des champs fort différents de l’échiquier politique, depuis LR jusqu’au PC en passant par le PS…, montent au créneau dès l’introduction des débats en séance publique le 11 février pour exiger de Jean-Michel Blanquer des garanties sur la poursuite de l’évaluation indépendante incarnée par le Cnesco.
Les interventions des députés
Ils ont unaniment redit l’importance de l’évaluation indépendante du système scolaire. Pour le LR Frédéric Reiss, «une évaluation indépendante est fondamentale. Elle est faite par une autorité scientifique avec des moyens propres et dirigée par des membres dont la nomination garantie l’indépendance et avec la contribution du Parlement. (…) »
Elsa Faucillon (GDR) a réaffirmé « l’indépendance [de l’évaluation] n’est pas un principe de seconde zone ». Critiquant la composition du nouveau Comité d’évaluation de l’école (CEE), constituée de membres quasiment pour la totalité choisis par le ministre de l’éducation, Sabine Rubin (LFI) a interrogé : « a-t-on jamais vu l’évalué choisir son évaluateur ? (…) S’il était nécessaire d’élargir les évaluations, pourquoi ne pas avoir confié ces nouvelles évaluations au Cnesco, un organisme indépendant, peut-être trop indépendant ? Que va devenir la partie recherche de cet organisme ? ».
Car les députés intervenus sur le sujet ont aussi fait part de leur inquiétude face à la poursuite de l’évaluation indépendante et au sort du Cnesco. En effet, à l’heure où sa destruction est en cours de vote à l’Assemblée nationale, alors que le ministre répète en boucle depuis des mois que le Cnesco ne sera pas supprimé, de fait aucune solution alternative concrète et précise en ce qui concerne un putatif Cnesco universitaire n’a jamais été présentée de façon détaillée par le ministère. Aucun communiqué écrit du ministère n’est jamais venu garantir l’existence de ce futur dispositif. Interrogé par les députés sur l’inscription du futur Cnesco dans la loi Blanquer, le ministre a même refusé cette garantie en Commission de l’éducation de l’Assemblée nationale.
Pas de garantie sur l’avenir du Cnesco
Les députés soulignent les interventions de la communauté éducative en faveur du Cnesco. Selon Frédéric Reiss (LR), « nous ne sommes aucunement rassurés par la majorité qui affirme que le Cnesco ne disparaitra pas et que ses missions seront transférées à une chaire universitaire (…) Par contre nous avons la certitude que la communication ministérielle [autour du Cnesco] est une vraie stratégie. Nous sommes inquiets et nous ne sommes pas les seuls. Les fédérations de parents d’élève, PEEP et FCPE, le SNPDEN et nombre de syndicats réformistes vous ont adressé un courrier à ce sujet je ne sais pas quelle réponse vous avez faite… » Un ultimatum est posé : « il serait bon que d’ici à l’examen de l’article 9, vous proposiez un dispositif clair pour la poursuite en toute indépendante de l’évaluation, c’est un enjeu majeur. »
George Paul-Langevin (PS) confirme l’inquiétude et l’exigence de garanties institutionnelles. « Nous partageons l’inquiétude sur le sort du Cnesco. Nous souhaiterions que son maintien soit mentionné dans la loi ». Sabine Rubin interroge « Transformez [le Cnesco] en chaire au CNAM ? Pouvez vous nous préciser les moyens alloués à cette chaire ? car nous craignons que ce ne soit une façon de l’enterrer définitivement. »
Un patron très politique pour le CEE
Hier, lors de cette première séance publique en hémicycle, répondant aux différentes interventions introductives des députés, Jean-Michel Blanquer n’a pas cru bon apporter des éclaircissements sur l’avenir du Cnesco, pas plus qu’il n’a apporté de réponse à la lettre ouverte de la communauté éducative adressée la semaine dernière. Pourtant en matière d’évaluation, le ministre sait être réactif, il avait répondu en 48heures aux demandes des enseignants du primaire sur le maintien des évaluations nationales. Manifestement s’exprimer sur le maintien du Cnesco et clarifier la situation est moins inspirant pour Jean-Michel Blanquer.
Le ministère a par contre dévoilé une pièce maitresse du futur dispositif : le futur directeur du Conseil d’évaluation de l’Ecole (CEE) sera Thierry Bossard. Ancien patron de l’Inspection générale (IGAENR) sous l’époque Sarkozy, il a occupé des postes très politiques comme celui de directeur-adjoint de cabinet de Luc Ferry, après avoir été directeur de la communication au ministère de l’éducation sous Bayrou. Un profil peu indépendant du ministère et très politique !