Nous accueillons dans notre classe de CE2 depuis la rentrée de janvier une élève allophone syrienne. Elle apprend vite et est très volontaire. C’est également une élève jusque-là très discrète, pour cause ! D’un autre côté, je me suis fâchée avec les élèves que j’ai depuis septembre (oui, je sais, ce n’est pas bien, mais bon… flûte et saperlipopette !) car ils n’apportent plus aucun soin à leur écriture.
Aujourd’hui donc, je demande à N. de réécrire un mot, puis uniquement la syllabe « ve », une ligne puis une autre, à chaque fois le même problème, c’est illisible. Je fais les gros yeux et là, N. me répond « Mais maîtresse, vraiment, je n’y arrive pas ! ». Je me calme instantanément et prend l’ardoise de H. (l’élève syrienne avec laquelle je travaillais à ce moment-là) et lui montre l’enchainement de ces deux lettres récalcitrantes et l’invite réessayer ses fichus « ve » !
C’est à ce moment précis qu’H. (qui n’apprend notre alphabet que depuis 3 semaines) décide d’expliquer à N. comment tracer les « ve » ! Elle lui montre, c’est parfait ! Je m’extrais volontairement et les observe. N. est d’abord surpris, souris, H. insiste du regard, montre l’ardoise, lui tend un crayon… et c’était parti pour des « ve » en veux-tu en voilà, ponctués par les « non ! », « non ! » puis « oui, bravo ! *» de H. !
C’est vraiment un grand moment pour moi, pour elle et pour toute la classe… car, elle vient de prouver à chacune et chacun, qu’avec le peu qu’on sache, on est aussi valable que les autres pour aider !
(* en français dans le texte !)
Jeanne Paturel
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