Ambiance salle des profs , le 2 février devant le ministère de l’éducation nationale. Environ 200 stylos rouges sortaient de l’ombre pour faire entendre leurs revendications. Si incontestablement, les stylos rouges représentent bien les enseignants de terrain, s’ils portent des revendications largement partagées, si leurs forums sur Facebook sont toujours très fréquentés, leur mouvement singulier n’a pas réussi une forte mobilisation. Les enseignants sont-ils à ce point résignés ?
Le salaire avant tout
Le 2 février, les stylos rouges franciliens répondaient à l’invitation de JM Blanquer. Il avait déclaré qu’il souhaitait les rencontrer. Ils sont venus mais le ministre n’était pas au rendez-vous… « Si tu bosses au ministère reviens sur terre ». Je vous fais grâce de la variante concernant les inspecteurs et chefs d’établissement. « Qui travaille 43h par semaine ? Les enseignants. Qui ment sur les médias ? Blanquer ». Dans une atmosphère assez festive, avec des pratiques parfois déconcertantes pour les forces de l’ordre, les stylos rouges ont pu manifester pendant plusieurs heures à quelques mètres du ministère, bloquant longuement la rue de Grenelle, ce que les cortèges syndicaux n’arrivent plus à faire. A noter dans le cortège un enseignant avec un gilet jaune et quelques professeurs avec un drapeau FSU.
« On est là pour montrer qu’on n’arrêtera pas tant qu’on ne nous aura pas écouté », nous dit Julie, professeure des écoles et administratrice du groupe Facebook national. Elle demande que l’avis des enseignants soit entendu quand on change les programmes « car on est sur le terrain et les plus à même de savoir ce qui est faisable ». Mais la première revendication c’est « dégeler le point d’indice. « Il y a beaucoup d’argent donné aux patrons, aux députés comme aux ministres. Là on ne regarde pas. Mais on regarde à la dépense sur l’éducation ».
Omerta sur l’autorité
Arnaud Fabre, professeur de lettres au collège Condorcet de Maisons Alfort (94), et administrateur du groupe de Créteil, met lui aussi au premier plan la revendication salariale. « Je suis là d’abord pour le salaire. Depuis 2010 il sont gelés et du fait de l’inflation on a perdu 37 jours de salaire. On a aussi perdu 12 jours du fait de la hausse des cotisations retraite ». Pour lui cette revendication n’est pas assez portée par les syndicats. « Certains comme la CGT l’ont mis comme première priorité mais ce n’est pas le cas des autres. On attend que les syndicats du public s’unissent sur cette question comme ont su le faire ceux du privé » (voir notre article).
L’autre raison de la mobilisation sont les conditions de travail. D’abord les effectifs par classe. « On ne peut pas réussir dans ces conditions ». Ensuite « l’exercice de l’autorité. On a énormément d’affaires de violence entre élèves et envers les personnels de l’éducation nationale qui se font régulièrement saboter leur cours par un petit nombre d’élèves. Et c’est mis sous le tapis. On dénonce cette omerta ».
« Education malade , élèves en danger ». « Moins de culture générale = démocratie en danger ». « Moins de profs , plus d’élèves : erreur d’équation ». Les différentes catégories d’enseignants étaient représentées samedi 2 février. Reste que ce mouvement jeune et dynamique a du mal à rassembler dans la rue. Il y a maintenant peu de chances que JM Blanquer le reçoive.
François Jarraud