Faut-il ranger la grève au musée ? Le 24 janvier, les enseignants du second degré étaient peu nombreux au rendez vous de la grève, 8% selon le ministère, 33% selon le Snes Fsu. Face à un gouvernement affaibli, les syndicats semblent incapables de transformer le large mécontentement des enseignants en un mouvement utile. Les enseignants ont-ils loupé le coche ?
« Il y a un mécontentement généralisé, sur les salaires car le gouvernement a lâché des choses mais pas pour les fonctionnaires, et sur les postes car on commence à voir les conséquences concrètes dans les établissements. La réforme du lycée montre son vrai visage : inégalités entre établissements, dédoublements pas assurés, disciplines mises à mal. Il faudra à un moment agréger toutes ces colères ». Interrogée par le Café pédagogique, Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes Fsu, le principal syndicat appelant à la grève le 24 janvier y croit encore. « On est dans un mouvement durable. C’est une journée à laquelle on donnera des suites ».
Effectivement le Snes Fsu » appelle tous les collègues à étendre la mobilisation, à multiplier les contacts avec les parents et les parlementaires, à suspendre toutes les activités non obligatoires et à se réunir au plus vite pour envisager des suites à cette journée ».
Pour Sigrid Gérardin, secrétaire générale du Snuep Fsu, un syndicat de la voie professionnelle, « les enseignants agissent dans les lycées ». Elle rappelle l’impact de la réforme avec des baisses importantes du nombre d’heures enseignées dans l’enseignement général.
Dans le cortège parisien, on retrouvait aussi bien des enseignants des collèges que de lycée, des établissements très chics du centre de Paris que de banlieue. Ainsi Anne Rodes, professeure de lettres au collège Césaria Evora de Montreuil, manifeste surtout contre la réforme du lycée. « La réforme impose des choix à des jeunes qui ont encore besoin de former leur esprit. C’est injuste. Le bac perd son caractère national et l’offre d’enseignement varie selon les établissements », déplore-t-elle.
C’est aussi pour le devenir de ses élèves qu’Adeline, professeure d’histoire géographie dans un collège Rep+ de Meaux (77), est venue manifester. « On est là pour les élèves en premier lieu », nous dit-elle. On vient aussi soutenir les collègues de lycée « . Elle dénonce les classes surchargées et l’incapacité des enseignants à personnaliser leur cours ». Elle fait partie d’un petit groupe de Stylos rouges qui a opté pour passer du virtuel au réel et qui participe à la grève.
Car le réel va se rappeler aux enseignants. D’ici février les dotations horaires arrivent des les établissements, matérialisant les conséquences de la réforme et des suppressions de postes. L’occasion d’une nouvelle chance ?
F Jarraud