Pour « les stylos rouges » aussi ce lundi c’est la rentrée. Grossi pendant les vacances jusqu’à atteindre plus de 50 000 membres, ce mouvement enseignant affronte à nouveau la réalité de la classe et de l’institution Education nationale. Il annonce des actions dans les jours qui viennent. Porteur des espoirs et des soucis de nombreux enseignants et professionnels de l’Ecole, « compris » par JM Blanquer, il lui faut ne pas décevoir.
Faire changer les choses
Comment ne pas être dépassé par un tel succès ? En quelques semaines le petit groupe de copains né sur Facebook est devenu un mouvement national, revendiquant 5% des enseignants et professionnels de l’Ecole avec une croissance qui semble ne jamais s’arrêter. Au point que le 6 janvier JM Blanquer déclare qu’il n’a « aucun problème avec la nature de leurs revendications » et qu’il « est prêt à discuter de ce qui est constructif pour la France ». Entre récupération et efficacité, les stylos rouges vont devoir faire leurs preuves.
Modératrice du groupe Facebook des stylos rouges, Julia prépare la rentrée avec son fils. Elle est professeure des écoles depuis 14 ans en Ile de France. Elle nous explique qu’elle a participé au lancement du groupe « pour faire changer les choses ».
Des revendications qui visent les réformes Blanquer
Elle nous présente le dernier manifeste des stylos rouges décidé le 6 novembre. « On veut une revalorisation salariale à la hauteur de notre travail réel », explique t-elle. On veut moins d’élèves par classe et une meilleure considération ». Par exemple que les programmes changent moins souvent et qu’il y ait une réelle concertation sur la réforme du lycée. Ces revendications « vont au delà de Blanquer » mais « il ne nous aide pas en ne nous écoutant pas ».
En fait la lecture du nouveau manifeste vise bien directement les décisions du ministre. Le gel du point d’indice avec celui du PPCR sur une année a été une des premières mesures du gouvernement E Philippe. Le manifeste refuse aussi le jour de carence et la réforme des retraites que le gouvernement prépare. Il dit non aux suppressions de postes et stop aux réformes du second degré. Enfin le texte dit « non au devoir de réserve qui musèle notre liberté d’expression », une mesure qui est la signature du nouveau ministre. Une dernière revendication mérite d’être soulignée : la limitation du nombre d’élèves par classe (20 dans le 1er degré, 24 au collège, 30 en 1ère et terminale, 24 dans le professionnel). La mesure qui va à l’encontre des 35 par classe rendue possible par la réforme du lycée. Surtout elle prend en compte, comme pour la rémunération, le décalage français par rapport aux systèmes éducatifs étrangers. Le nombre d’élèves par classe est d’ailleurs fixé nationalement en concertation avec les syndicats chez certains voisins comme en Belgique.
Professeure des écoles, Julia pointe aussi les textes publiés par JM Blanquer sur la lecture et le calcul. « On a envie qu’il nous protège de l’opinion publique. Or le livret orange nous infantilise. Il dit aux parents que l’on ne sait pas bien faire ».
Et maintenant…
Si JM Blanquer a marqué son écoute des revendications des stylos rouges le 6 janvier, Julia demande à voir. « On a l’impression qu’il nous respecte mais on attend de voir. Pour l’instant il n’a pas prouvé qu’il nous respecte ».
Les stylos rouges annonce des actions dans les jours qui viennent. A commencer par des assemblées générales dès cette semaine un peu partout en France. Des actions ont été programmées « sur le plan national et académique », précise Julia qui n’en dira pas plus. On sait simplement que le mouvement ne s’associera pas aux manifestations lycéennes qui pourraient démarrer le 8 janvier. Et qu’il lance une pétition et des actions de sensibilisation auprès des parents.
S’agit-il de remplacer les syndicats ? « On ne leur coupe pas l’herbe sous le pied », estime Julia. « Le mouvement est différent par sa forme, les réseaux sociaux, et sa composition qui dépasse telle ou telle catégorie. On est complémentaire ». Elle même d’ailleurs envisage de se syndiquer.
François Jarraud