Comment appeler un fait rarissime qui se renouvelle ? « Pas de réponse. Pas de démocratie. Pas de dialogue ». Cinq syndicats (FSU, Sud, Solidaires, CGT, CGC) ont quitté le CSE le 19 décembre dans la matinée et deux autres, Unsa et Sgen Cfdt, ont partagé leur indignation. Le CSE était réuni pour examiner une vingtaine de nouveaux programmes du lycée. Un travail difficile l’administration, selon les syndicats, ne communiquant même pas sur les textes amendés !
En juillet dernier, déjà sur les programmes, presque tous les syndicats avaient quitté le Conseil supérieur de l’éducation devant le dialogue de sourd avec le ministère. Avec cet acte rarissime, les membres du CSE pensaient pouvoir compter sur la collaboration du ministère.
« Le ministère soumet au vote des textes dont on ne connait pas la nature », nous a dit Sandrine Charrier, secrétaire nationale du Snes Fsu. « Quand on lui demande quels amendements vont être retenus par l’administration , ils ne sont pas capables de le dire mais nous renvoient au cabinet qui tranchera. On ne peut pas voter sur un texte dont on ne connait pas le contenu ».
Déjà énervés par l’avalanche de textes communiqués au dernier moment, les syndicats savaient que la journée du 19 décembre serait difficile. La veille ils avaient recalé 14 programmes du lycée et adopté deux programmes (en sciences physiques).
Le 19 décembre l’ensemble des organisations n’a pu se prononcer que sur les programmes d’histoire-géographie de seconde et de première qui n’ont obtenu qu’une voix pour (Snalc) contre 47. L’enseignement de spécialité d’histoire-géo, sciences politiques a lui aussi été recalé.
Tout cela n’empêchera pas le ministère de publier les programmes, l’avis du CSE étant consultatif.
Mais cela montre qu’après le rejet des réformes du lycée, du lycée professionnel et du bac, les membres de la communauté éducative sont hostiles aux réformes Blanquer contrairement à ce que le ministre affirme.
En créant des conditions de travail impossibles et en refusant de jouer le jeu, le ministère envoie à la fois le signal qu’il n’a que faire du paritarisme. Et il évite aussi de nouveaux votes massivement négatifs.
» A cette heure, la quasi-totalité des programmes étudiés a reçu un avis négatif du CSE : français, enseignement moral et civique (0 voix pour), histoire-géographie, SES (0 voix pour), EPS (0 voix pour)… Au lieu de s’interroger sur les causes de rejet dont l’ampleur est sans précédent à ce jour, le ministère persiste dans son déni, continue de travestir la réalité et de propager ses infox ! », ont annoncé les syndicats Fsu dans un communiqué. « Avec la FSU, le SNES et le SNEP ont demandé une autre méthode de travail. Devant un telle surdité très loin du dialogue social et du respect du travail des organisations syndicales, ils ont quitté la séance. »
François Jarraud