Réunir les meilleurs experts de l’Ecole un soir dans une petite salle de banlieue, il n’y a qu’Henriette Zoughebi, pour réaliser ce tour de force. Le 17 décembre elle a invité à Pantin, dans le cadre de la Coopérative des idées du 93, N Mons, JY Rochex, M Bablet, B Moignard pour un échange sur l’Ecole avec des habitants et des lycéens. Une soirée qui a débouché sur un manifeste envoyé à l’Elysée.
Les lycéens bloqués par le coût des études
Il y a encore des lieux où les experts peuvent s’exprimer. Du moins ceux qui acceptent de co-construire avec les citoyens des solutions pour l’éducation. Un de ces lieux c’est la Coopérative des idées du 93, crée par Henriette Zoughebi, ancienne vice-présidente du conseil régional d’Ile de France en charge des lycées. Le 17 décembre durant plus de deux heures lycéens, professeurs, parents et experts ont échangé des arguments et validé une synthèse.
N Mons a présenté les travaux du Cnesco sur les inégalités scolaires en Ile de FRance. Elle a rappelé notamment que la première cause de renoncement à une orientation est économique et non scolaire. Elle montre aussi que la Seine Saint Denis a nettement mois d’enseignants titulaires que la moyenne nationale et davantage d’enseignants débutants. Les résultats des élèves sont aussi nettement moins bons.
« On sait faire quelque chose »
JY Rochex rappelle que les élèves du département ne sont pas confrontés aux mêmes normes scolaires que leurs camarades.
Marc Bablet rappelle que certains établissements du 93 malgré ces handicaps arrivent à bien faire. »On sait qu’on peut faire quelque chose », affirme t-il. Mais il faudrait un autre modèle politique que celui de la concurrence…
Pour Benjamin Moignard la question des collectifs enseignants est prioritaire. Autre question : la multiplication des dispositifs spéciaux : remédiation, promotion de la laïcité, d ela citoyenneté. « Ceux qui ont besoin de plus d’école finalement en ont moins ».
La boulangerie et les miettes de pain
Ces propos sont mis en débat devant les lycéens, enseignants et parents présents. Rachel Schneider, secrétaire départementale du Snuipp Fsu, estime qu’on doit faire face « à un projet de transformer l’école pour pas un rond ». Le principal instrument ce sont les évaluations Blanquer qui mettent les élèves en échec et réduisent les enseignants en simples exécutants.
Un professeur de lycée montre comment l’autonomie des établissements a été utilisée pour multiplier des projets dont les moyens sont maintenant repris. Finalement l’autonomie n’a servi qu’à diminuer les moyens.
Mais des lycéens sont là aussi. « Pourquoi Henri IV est prioritaire sur moi dans Parcoursup », demande une élève du lycée Le Corbusier d’Aubervilliers. Les lycéens dénoncent les algorithmes locaux de Parcoursup qui restent encore aujourd’hui secrets. Louis Boyard, président de l’UNL, dénonce le projet de JM Blanquer. « Le gouvernement transforme l’éducation sans mettre de moyens ». Pour lui, le projet de société de BLanquer met en concurrence les établissements et les jeuens pour l’accès au supérieur. L’école n’est plus là que pour préparer à l’emploi. « On a un problème de moyens », estime-t-il. « ON a besoin de toute la boulangerie pas seulement des miettes de pain ».
Le slogan n’est pas repris tel quel dans la lettre que la Coopérative envoie à Macron. Elle demande « l’égalité à l’école maintenant » c’est à dire des moyens notamment pour lever les obstacles économiques à l’orientation, stabiliser les enseignants.
F Jarraud