Mercredi 19 décembre, le Mémorial de la Shoah invite, sur réservation, les professeurs du 1er et du 2nd degré à découvrir l’exposition, « L’internement des Nomades ». Cette nouvelle exposition temporaire éclaire une part méconnue des victimes de la Seconde Guerre mondiale, les nomades internés d’octobre 1940 à mai 1946, dans une trentaine de camps répartis sur tout le territoire français. Témoignages, photographies inédites, documents d’archives personnels ou administratifs rappellent leur mémoire. Visites guidées et ateliers sont proposés aux jeunes de la 3ème à la terminale. Cette exposition rentre dans le cadre de la préparation au CNRD 2018-2019, qui a pour thème « Répressions et déportations en France et en Europe, 1939-1945. Espaces et histoire ».
La visite-découverte du 19 décembre
Mercredi 19 décembre, de 14h à 17h30, le service pédagogique du Mémorial de la Shoah organise pour les professeurs du premier et du second degré, toutes disciplines confondues, une formation intitulée « Autour de Ceija Stojka, une artiste rom ». Les enseignants découvriront l’exposition « L’internement des Nomades » et les activités pédagogiques la concernant pour les collégiens et lycéens. Au programme : de 14h à 15h30, visite guidée de l’exposition avec le commissaire, Théophile Leroy, de 15h45 à 16h45, découverte de Ceija Stojka, artiste rom, par Paul Bernard-Nouraud, docteur en histoire et théorie de l’art, et pour terminer lecture théâtralisée des poèmes de l’artiste. Pour participer à cette journée de formation, il est nécessaire de s’inscrire auprès de Katja Beckel, katja.beckel@memorialdelashoah.org
Une exposition-dossier
L’exposition retrace les principales étapes des préjudices subis par les personnes sans domicile fixe, à partir des dernières années du XIXème siècle. Recensés et fichés dès 1895, les nomades, bohémiens et vagabonds, surveillés depuis 1912 dans leur déplacement, avec le carnet anthropométrique, le carnet collectif et le carnet forain, subissent à partir du printemps 1940, avant même la défaite et l’occupation, des mesures discriminatoires : il s’agit de les isoler et de les enfermer pour la durée de la guerre, car on voit en eux de potentiels espions. L’histoire de leur internement et des préjudices subis est restée occultée jusqu’aux premiers travaux des historiens dans les années 1980. Avec cette exposition, le Mémorial de la Shoah perpétue sa mission primordiale pour l’étude et la mémoire des génocides.
Un parcours en trois étapes
Le Mémorial de la Shoah propose pour la première fois, un éclairage complet sur la politique menée par la France entre 1939 et 1946, envers ceux que la loi française désignait sous le terme de nomades. Cette histoire tragique est évoquée par le biais de témoignages et photographies inédits, de documents d’archives personnels ou administratifs, qui attestent de la souffrance morale et du dénuement matériel des internés. La première partie de l’exposition présente, à l’aide d’archives, la surveillance des nomades au tournant du siècle, l’historique de la politique menée en France à partir de 1895, envers tous les sans domicile fixe : carnets individuels, affiches, textes administratifs… suite à la loi sur « l’exercice des professions ambulantes et la circulation des nomades » promulguée le 16 juillet 1912, suite au décret-loi du 6 avril 1940, interdisant aux nomades de circuler sur la totalité du territoire métropolitain pour la durée de la guerre. La seconde partie de l’exposition est consacrée à l’internement, et aux conditions de vie. Dès 1941, une dizaine de camps existe déjà en France, regroupant, des populations hétéroclites, certaines étant déportées vers les camps allemands. Tant en zone libre, qu’en zone occupée, les conditions de vie sont très précaires. Les familles affrontent le froid, la faim, l’absence d’hygiène, les maladies…L’exposition présente des documents sur plusieurs camps, dont celui de Montreuil-Bellay, dans le Maine et Loire. La fin du régime d’Occupation. La Libération n’entraînent pas la fin de l’internement pour les nomades. Les derniers ne sortent des camps qu’en 1946.
En mémoire
Lors des arrestations, les nomades ont tout perdu, chevaux, roulottes, stands forains, outils de travail…rien ne leur est restitué, ils ne reçoivent aucune aide, aucune indemnisation. Le régime des nomades d’après-guerre, est remplacé en 1969 par celui des « Gens du voyage ». Les carnets anthropométriques laissent place aux carnets et livrets de circulation, qui seront supprimés en 2012. En 2010, le gouvernement français reconnaît la responsabilité des autorités françaises dans l’internement. La dernière partie de l’exposition est consacrée à la mise en place de la mémoire : témoignages de survivants, et travaux menés par des spécialistes et des chercheurs font connaître ces événements longtemps occultés.
Autour de l’exposition
Le Mémorial de la Shoah organise des visites guidées gratuites pour les individuels, les jeudis 24 janvier, 14 février, et 14 mars, de 19h30 à 21h, sans réservation préalable. L’auditorium propose des rencontres-débats, des projections de courts et longs métrages, en présence des réalisateurs.
Pour le public scolaire
Le service pédagogique propose aux élèves de la 3ème à la terminale des visites commentées d’1h30, avec un médiateur qui s’adapte au niveau des jeunes, et deux ateliers. « Destins tsiganes » revient sur l’histoire des massacres dont les Tsiganes ont été victimes pendant la Seconde Guerre mondiale, et présente les préjugés dont ils sont encore victimes. À partir du mois de janvier 2019, un nouvel atelier est prévu, « Les indésirables », qui explique aux jeunes comment le gouvernement français, à partir de 1938, a interné des réfugiés qu’il accueillait auparavant. L’étude des actualités cinématographiques, de la presse et de la radio de l’époque permet aux participants d’analyser et de mieux comprendre les raisons de ce brutal retournement. Une projection-rencontre est également programmée pour les élèves de la 3ème à la terminale, le 12 février, de 9h30 à 13h : à l’issue de la projection du documentaire « Liberty » de Tony Gatlif, ils pourront débattre avec deux historiens. Toutes les activités se réservent auprès du service pédagogique, au 01 53 01 17 38, et par mail reservation.groupes@memorialdelashoah.org
Béatrice Flammang
L’exposition « L’internement des Nomades »