Exhaustif – Tout le monde peut-il gagner aux élections ? En principe, non. Mais les élections 2018 sont décidément exceptionnelles. Face à un gouvernement qui remet en cause le syndicalisme comme tous les corps intermédiaires, le principal enseignement de ces élections c’est qu’en dépit des difficultés pour voter, le nombre de votants a nettement augmenté. De fait, tous les syndicats ont gagné des voix et peuvent s’en prévaloir. Et les électeurs ont eu tendance à renouveler leur confiance à l’organisation dont ils étaient déjà proches en 2014. Dans les différents corps, on observe peu de variations. La FSU conserve sa première place et l’Unsa progresse légèrement.
L’enjeu de ces élections
436 321 personnes ont participé aux élections sur 1 023 211 inscrits. Le taux de participation s’élève à 42.6% soit 0.91 point de plus qu’en 2014 (41.7%). La hausse du taux de participation, alors que presque une journée entière de vote a été perdue pour des raisons techniques, montre l’attachement des enseignants à leurs syndicats et au paritarisme.
« Ce vote ne donne pas un satisfecit à JM BLanquer mais il conforte les organisations dans leur rôle de représentant du personnel », nous a dit B Groison. « Ca montre l’intérêt des personnels pour le syndicalisme », nous a dit Frédéric Marchand , secrétaire général de l’Unsa Education.
Le vrai enjeu de ces élections professionnelles c’était le taux de participation. Le gouvernement attaque systématiquement tous les corps intermédiaires. Il a toujours à son ordre du jour la quasi suppression des commissions paritaires pour « simplifier » la gestion de ses fonctionnaires et la généralisation des contractuels. A l’Education nationale, le ministre défend une « gestion des relations humaines de proximité » qui sera surtout l’occasion de contourner les instances représentatives pour donner plus de pouvoir à la hiérarchie. Un projet qui va de pair avec la rémunération « au mérite ».
Les résultats au CTM
Le deuxième enseignement de ces élections c’est la grande stabilité des syndicats. Tous gagnent en voix, puisqu’il y a 28 000 suffrages exprimés en plus. En pourcentage, il y a très peu d’écart par rapport à 2014. La baisse de la FSU et la hausse de l’Unsa, constatés entre 2011 et 2014 sont enrayées.
La Fsu reste de loin la première fédération syndicale avec 34.9% des voix soit -0.59% et 6300 voix de plus. L’Unsa est toujours au second rang avec 21.6% des voix (-0.29%) et 4185 voix en plus. FO est à la troisième place avec 13.7% des voix (+0.08%). Le Sgen-Cfdt obtient 8.4% des voix (-0.47%). La CGT a 6.14% des voix (+0.64%) , le Snalc 6.03% des voix (+0.57%) et Sud dispose de 4.8% des voix (-0.48%).
Le Comité technique du ministère de l’éducation nationale devrait compter 6 élus Fsu, 4 Unsa, 2 FO et 1 élu pour le Sgen Cfdt, la Cgt et le Snalc. Sud n’aura plus d’élu au CTM.
Dans l’enseignement privé, la Fep Cfdt progresse avec 32% des voix et 4 sièges sur 10 au Comité consultatif ministériel. Le Spelc obtient 28% des voix et 3 sièges, le Snec CFTC 23% et 2 sièges et la Cgt 8% des voix et 1 sièges.
Les résultats pour chaque corps
Commençons par les enseignants du premier degré. Le Snuipp Fsu conserve 44% des suffrages avec 7822 voix en plus. Il conserve 6 des 10 sièges de la CAPN. Le Se-Unsa a toujours 25% des voix et 3 sièges. FO avec 14% des voix progresse un peu (+0.8%) et conserve un siège. Le Sgen Cfdt reste à 6% des voix. Sud baisse (-1.3%) avec 3.4% des suffrages.
Chez les certifiés, le Snes Fsu garde la première place avec 42% des voix. Il avait obtenu 44% des voix en 2014. Mais le Snes compte près de 900 voix supplémentaires. Malgré cela il perd un siège avec 9 des 19 sièges de la CAPN au lieu de 10 en 2014. Le Se Unsa progresse légèrement passant de 9.7% à 10.3% mais avec un millier de voix en plus. Le syndicat conserve 2 sièges. FO (avec 12%) , le Snalc (avec 11%) et le Sgen Cfdt (9%) restent stables avec chacun 2 sièges en CAPN. La CGT progresse nettement passant de 3.6 à 4.9% des voix et gagne un siège en CAPN. Sud obtient 6% des voix (mais 629 suffrages en plus) et obtient aussi un siège. Le SNCL perd le siège qu’il avait en CAPN.
Chez les PLP, le Snetaa FO reste en tête avec 27% des suffrages, mais il avait obtenu 29% des voix en 2014. Il garde 3 des 10 sièges en CAPN. La CGT education obtient 23% des voix (+1%) et garde 3 sièges. Le Snuep Fsu progresse légèrement avec 16% des voix et conserve 2 sièges. Le se Unsa est stable avec 10% des voix (1 siège) et le Sgen Cfdt est en légère baisse avec 8% des voix et un siège.
Chez les agrégés le Snes reste la première organisation avec 43% des voix (-1%) et 6 des 10 sièges. Le Snalc reste stable avec 19 % des voix et 2 sièges. Le Sgen Cfdt obtient 11% des voix (comme en 2014) et 1 siège. Le dernier siège va a FO avec 8% des voix (-1%).
Chez les professeurs d’EPS, le Snep Fsu arrive à progresser passant de 82 à 83% des suffrages (et près de 2000 voix supplémentaires). Il obtient tous les sièges de la CAPN, le Se Unsa avec 9% des voix perd son siège.
La FSU domine également chez les CPE. Le Snes conserve 39% des voix et 4 des 9 sièges. Le Se Unsa avec 24% des voix (+1%) a 3 sièges. Le Sgen Cfdt a 2 sièges avec 16% des voix (-1%). FO passe de 9 à 7% et perd un siège.
Les personnels de direction forment le seul corps où le taux de participation a baissé et le seul où il y a une évolution nette. Le Snpden Unsa reste de loin la première organisation avec 62% des voix et 5 sièges. Mais il comptait 67% des voix en 2014. I&A FO progresse légèrement avec 20% des voix et un siège. Le Sgen Cfdt passe de 10 à 11% et conserve un siège. Le SnUpden Fsu progresse légèrement (de 3 à 4%).
L’Unsa domine de façon incontestée les corps d’inspecteurs. 73% des IPR ont voté pour le SNIA Unsa soit 3 de plus qu’en 2014. L’Unsa conserve 3 des 4 sièges en CAPN. L’autre siège va au SIA qui ne compte plus que 20% des voix.
Chez les IEN le SI EN Unsa conserve 68% des voix et 5 sièges sur 6. L’autre siège va au Snpi Fsu qui progresse légèrement avec 22% des voix.
A l’issue des résultats, toutes les organisations se sont félicitées. La FSU rappelle qu’elle est « sans conteste la première fédération de l’Education nationale ». » Alors que le Ministre cherche à faire croire que les personnels lui accordent un satisfecit permanent contre l’avis des organisations syndicales, ces élections constituent un message fort envoyé par les personnels et il devra en tenir compte tant sur la méthode de concertation que sur le contenu des réformes », ajoute-elle. Le Se-Unsa estime que « le syndicalisme positif du Se-Unsa a contribué à la hausse de participation des agents de l’éducation nationale ». Tout le monde a gagné…
FRançois Jarraud