Julien Baldini : Nutrition et sport en 5ème avec eTwinning
Comment engager un projet pluridisciplinaire à dimension européenne au collège ? Julien Baldini, enseignant de SVT au collège Robert Schuman de Châteaubriant (44) mène avec 5 autres professeurs de Pologne, d’Italie et d’Espagne un travail autour du petit-déjeuner avec ses collégiens de 5ème. Les élèves effectuent des analyses critiques des ingrédients contenus dans les aliments mises en forme d’un livre numérique. « Les séances dédiées aux vidéoconférences sont très appréciés des élèves », nous a dit Julien Baldini, rencontré à la conférence annuelle d’eTwinning à Varsovie du 25 au 27 octobre 2018.
Quelle est l’origine de ce projet mené autour des habitudes de vie de différents européens ? Qui sont vos partenaires ?
Nous avons au collège une longue tradition de travail pluridisciplinaire. C’est en particulier vrai entre les SVT et l’EPS autour des thèmes de la santé de la nutrition et du sport. Cette fois nous voulions y intégrer l’anglais. Il nous semble donc naturel de conduire ce projet grâce à la plate-forme eTwinning afin de lui donner une dimension vivante et européenne. Très peu de temps après avoir avoir déposé l’annonce du projet, trois partenaires sont rapidement venus se joindre à nous : Jolanta Michalczuk (Zamość en Pologne), Laura Ruggiero (Valdarno en Italie) et Ariadna Romans i Sala (Lloret Del Mar en Espagne). Leur investissement et leur contribution dans la réalisation des tâches ont été essentiels.
Par exemple, quel est le travail mené autour du petit-déjeuner ?
Parmi les différents tâches proposées (défis sportifs, pyramide alimentaire…) les élèves devaient décrire simplement par une phrase et une photo ce qu’ils prenaient au petit déjeuner. La production finale a pris la forme d’un livre numérique. Ces travaux ont pu ensuite servir de matière afin d’être réinvestis dans d’autres tâches : sondages sur les habitudes alimentaires, analyse critiques des ingrédients contenus dans nos aliments…
Quels sont les retours de vos élèves sur ce travail ?
La plupart des élèves sont enthousiastes. C’est pour beaucoup d’entre eux l’occasion d’utiliser et de s’exprimer dans une langue étrangère en condition réelle pour la première fois. Ce genre de projet par le travail de groupe et l’autonomie laissée aux élèves permet aussi de pratiquer la différenciation (rarement possible dans une structure de classe « normale »). Les tâches sont nombreuses et font appel à des aptitudes très variés (dessin, activité physique, TICE, coopération, communication…).
Beaucoup d’élèves s’y retrouvent, même ceux qui peuvent être en difficulté dans leur maîtrise de la langue étrangère. C’est donc pour la classe comme pour le professeur un véritable temps de « respiration » moins formel où un certain nombre d’élèves expriment leur créativité. Les séances dédiées aux vidéoconférences ont été en particulier très appréciées.
Quels liens avez-vous pu faire avec les notions abordées en SVT au cycle 4 ?
Ce genre de projet vient en complément de nos séances en classe. Nous ne l’avons pas envisagé comme un travail supplémentaire. Il concernait des élèves de 5ème et a entièrement été réalisé sur le temps de l’accompagnement personnalisé, permettant ainsi (à deux collègues donc) d’évaluer un grand nombre de notions (nutrition et besoins du corps humain, digestion, activité physique…) et de compétences (citoyenneté, prise d’initiative, coopération, maîtrise des TICE…) pas seulement liées d’ailleurs aux SVT.
Quels ont été les engagements de vos élèves dans les échanges avec leurs homologues européens ? Quelles sont les difficultés rencontrées ?
Nous avons vraiment pris le temps de leur exposer le projet et notamment de leur expliquer les outils avec lesquels ils allaient communiquer avec leurs futurs partenaires. Ils avaient l’obligation de « régularité » dans ces échanges. C’est évidemment un préalable dans ce genre de projet. En effet les tâches proposées nécessitaient une collaboration au sein de la classe mais surtout entre les différents partenaires européens. Ce qui était un peu difficile pour eux au départ (timidité et / ou appréhension liée à leur niveau d’anglais) est devenu progressivement une routine. Les difficultés liées à la maîtrise de l’anglais ont été rapidement levées. Il faut pour cela imaginer des activités incitant à la communication. Et puis, les échanges sont aussi passés par l’envoi de colis.
Les problèmes quand il y en a eu, ont surtout été liés à des contingences techniques (problèmes de connexion) ou d’emploi du temps (difficultés à trouver un créneau commun pour les visioconférences).
Vous avez mené plusieurs projets eTwinning et partez aussi sur un échange Erasmus+. Quels conseils pouvez-vous donner à des enseignants qui souhaitent franchir le pas ? Des écueils à éviter dans la rédaction des dossiers ?
Il ne faut surtout pas hésiter ! eTwinning est la première marche vers les projets ERASMUS+. C’est une plate-forme sécurisée à disposition des professeurs et de leurs élèves dont l’usage est simple, entièrement gratuit et où les collègues européens, comme les idées de projet (kits de démarrage) sont très nombreux. Elle intègre un grand nombre d’outils (chat, forum, e mail, visioconférences…).
C’est la pratique de projets de ce genre qui nous a permis de trouver des partenaires fiables et nous a incité à franchir le pas et proposer notre candidature à ERASMUS+. La confiance entre partenaires est évidemment une des clés : dans l’idéal le dossier doit être rédigé conjointement. Il faut avoir défini et identifié les objectifs communs à atteindre et se concentrer sur des priorités claires. N’hésitez pas à vous faire conseiller par votre DAREIC, elle nous a guidé et aidé par une relecture de notre dossier.
Propos recueillis par Julien Cabioch
Dans le Café
Dossier : Par-delà les frontières : Apprendre en eTwinning