Trois semaines se sont écoulées depuis la rentrée. Les élèves de petite section se sont appropriés l’espace, en compagnie de leurs mères dans un premier temps ; puis, ils ont appris à se séparer d’elles, sans larme. Certains étaient déjà familiers de la vie en collectivité. Ils avaient fréquenté la crèche ou la classe des touts petits l’année passée, mais, dans ma classe située en REP+ à Perpignan, ces élèves sont peu nombreux. La plupart d’entre eux quittent le foyer familial, et la chaleur des bras de leur mère, tantes ou grand-mère pour entrer en maternelle à trois ans. La séparation est donc d’autant plus difficile qu’ils doivent affronter simultanément une structure inconnue, d’autres enfants qui eux aussi leur sont inconnus, parfois même une langue inconnue. Ils découvrent les jeux, seuls, en parallèle les uns des autres, chacun dans leur coin, sur un même tapis parfois.
Comme tous les élèves, ils apprennent le partage parce qu’il s’impose à eux. Quel fut mon plaisir lorsque cette semaine-là, j’ai à plusieurs reprises observé des moments d’entraide entre mes élèves ! Naturellement, ils ont trouvé qu’à deux ils allaient plus loin, qu’à deux ils pouvaient réaliser ce que seuls ils ne savaient faire. Alors, sans se parler souvent, ils se sont aidés, comme ici pour enfiler des élastiques autour d’un rouleau en carton.
Là, c’est un élève qui a eu l’idée de réaliser une ligne, et d’expliquer sa démarche à sa camarade.
Initialement ils se partageaient le tableau magnétique. Il semblerait que chacun avait choisi des formes différentes, rien ne les prédisposait donc à coopérer, néanmoins, après avoir expliqué ce que seul il faisait. Ils ont tous les deux poursuivi la longue ligne droite réalisée avec les aimants que chacun avait choisis…
Ici une élève aide une camarade à s’habiller, afin d’aller seules, autonomes, peindre dans l’espace dédié.
Naturellement, les élèves ont coopéré, pour atteindre un but qu’ils s’étaient fixé. Ils ont découvert ces situations d’échange au cours desquelles chacun s’enrichit des apports et questionnements de l’autre. L’observateur que j’étais s’est contenté de les encourager, pour que ces moments d’entraide deviennent une valeur partagée.
Clothilde Jouzeau Kraeutler