Que faire des évaluations Blanquer, demandait le Café le 15 octobre après leur publication surprise dans la presse le 14. Si les enseignants et le grand public sont invités à prendre avec des pincettes des évaluations réalisées sans que leur protocole ait été respecté, le ministre ne manque pas de s’appuyer sur elles pour démontrer la validité de ses actions. Une pratique qui n’est pas nouvelle. Revenons aux années 2010 et 2011…
2009 voit le retour de JM Blanquer au ministère où il est nommé directeur général de l’enseignement scolaire par Luc Chatel. Et c’est la Dgesco qui met en place des évaluations systématiques des écoliers en Ce1. Elles sont présentées comme des aides pour les enseignants. Leur publication école par école est annoncée mais une levée de boucliers par les enseignants l’empêche.
En effet, la publication des résultats nationaux doit à elle seule bien servir les intérêts de JM Blanquer et de son ministre. Qu’on en juge. En 2010, selon ces évaluations, 44% des élèves de Ce1 ont des acquis solides en français et 47% en maths. En 2011, ces taux passent déjà à 51% et 52%. Le pourcentage d’élèves faibles évolue en français de 8 à 7%. Ces progrès remarquables en une seule année sont à mettre au crédit de l’action ministérielle et de son dynamique directeur de l’enseignement scolaire.
Pour obtenir ce remarquable résultat, d’une année sur l’autre la Dgesco de l’époque a simplement modifié la définition des bons élèves. En 2010 en français, il faut 41 bonnes réponses aux tests pour être classé dans cette catégorie. En 2011 il ne faut plus que 39 bonnes réponses. En maths on passe de 25 à 24 bonnes réponses.
La manipulation éhontée de ces énoncés est dénoncée, tout comme leur caractère non scientifique, par la Depp et par une instance d’évaluation indépendante, le HCE. Cette publication fait scandale. La gauche enterrera ces évaluations en arrivant au pouvoir en 2012. En 2018, le ministre préfère se passer d’une instance d’évaluation indépendante, le Cnesco…
François Jarraud