« La pratique pédagogique n’est pas un acte social neutre, non seulement parce que nous pensons tous qu’elle peut contribuer à l’échec ou la réussite de nos élèves mais parce qu’elle transmet également des attitudes, des valeurs, une conception de la connaissance, un regard sur l’autre ». Professeur au collège Simin Palay de Lescar (64), Alain Delongeville est aussi expert pour le gouvernement mexicain et directeur de collection au Québec. Une double vie qui illustre la diffusion des situations problèmes, une pratique pédagogique qui repose sur l’éducation à la complexité et au regard critique des élèves.
Travailler les représentations des élèves
Comment est née cette idée des situations problèmes ? « Ce qui empêche les élèves de comprendre ce sont leurs représentations », nous répond Alain Dalongeville. « Par exemple si on veut construire la notion de saison, les élèves vont produire l’idée que la saison dépend de la distance de la terre au soleil. Ils réintroduisent l’expérience sensible que plus on s’éloigne d’une source de chaleur plus il fait froid. Si on procède par un cours magistral, la représentation reste même s’ils savent bien que c’est en même temps l’hiver et l’été sur terre ».
La situation problème va permettre aux élèves de prendre conscience de leurs représentations. « Ce n’est pas poser un problème aux enfants mais à leurs représentations », explique A Dalongeville. « La situation problème va mettre en crise les représentations. Par exemple sur l’histoire des grandes invasions on peut faire travailler sur des textes qui confirment la vision habituelle des barbares. Puis introduire d’autres documents qui relativisent. Ca interpelle les enfants qui vont critiquer les témoignages. C’ets la confrontation des documents qui permet de commencer à travailler sur les représentations ». En histoire c’est en travaillant sur des points de vue opposé . En géographie en donnant la parole à des acteurs différents.
Des prolongements internationaux
Cette démarche pédagogique, Alain Dalongeville la porte depuis de nombreuses années. Nous avions rendu compte en 2003 d’un ouvrage sur ces situations problèmes. Mais il a plus de succès à l’étranger qu’en France. D’où son investissement dans la réforme pédagogique au Mexique ou au Québec. « Cela tient aussi au fait que dans ces pays là les programmes mettent l’accent sur les concepts. On travaille sur la bourgeoisie et la traite pour le concept de mondialisation. Ou sur Louis IX pour le concept de pouvoir.
Un site pour se lancer
Est-ce abandonner les connaissances que travailler ainsi ? « Les élèves apprennent car ils comprennent les enjeux du travail. La situation problème met en réussite tous les élèves », répond A Dalongeville.
Sur son site, il propose des situations problèmes venues de 4 pays : la France,le Québec, le Mexique et l’Italie. « J’espère avec mon site la création d’un réseau d’enseignants partageant les mêmes visées éducatives ». Son site servira aussi les enseignants qui veulent varier les approches et faire des élèves en cours d’histoire de jeunes historiens.
François Jarraud