Pourquoi n’a t-on pas plus tôt et plus fortement supprimé des emplois d’enseignants ? Le 17 septembre, JM Blanquer a paré la suppression de 1800 emplois à l’éducation nationale de tant d’avantages qu’on ne peut s’empêcher d’imaginer qu’il aurait du le faire plus tôt et plus fort… Les propos du ministre interrogent aussi sur le volume réel des postes supprimés dans le 1er degré et sur le devenir de l’Education nationale tombés de priorité nationale à vache à lait gouvernementale.
« Une saine gestion »
« On supprime des postes dans le second degré et les services administratifs en tenant compte des remarques faites depuis longtemps par la recherche . Car on dépense plus que la moyenne de l’OCDE dans le second degré et moins dans le premier… C’est une saine gestion de notre système éducatif ». JM Blanquer a défendu la suppression de 1800 emplois à l’Education nationale en 2019 en évoquant un rééquilibrage nécessaire entre 1er et 2d degré.
Le ministre n’a pas hésité à dire que « les pays qui réussissent mieux que nous payent mieux leurs professeurs et en ont moins que nous ». Regards sur l’éducation, le rapport annuel de l’OCDE, montre en effet la France dans les pays qui payent le moins bien leurs enseignants. En ce qui concerne l’encadrement, s’il est plus faible dans l’enseignement professionnel en France , il est plus élevé partout ailleurs. Le pire c’est au primaire où seul le Royaume Uni fait pire que nous dans les pays européens membres de l’OCDE.
Une éducation nationale privilégiée ?
Le ministre a aussi voulu convaincre que l’Education nationale était privilégiée. « L’Education nationale représente la moitié des effectifs de la fonction publique d’Etat. Donc sur 4500 suppressions, 1800 ça ne fait pas la moitié. Donc il y a un regard favorable du gouvernement sur l’Education nationale ». Ce que ne dit pas le ministre c’est que depuis 2012 l’Education nationale était sanctuarisée.
Jusqu’en 2012, ce ministère était tout en haut de la hiérarchie gouvernementale. Avec l’arrivée de JM Blanquer il est descendu à la 11ème place. Si en 2018 on a vu les premières suppressions de postes elles étaient induites, le budget officiel affichant la stabilité. En 2019 on a bien une rupture avec la fin de l’exception éducative. L’Education nationale doit rendre des postes. Et ce sont l’Intérieur et la Justice qui sont privilégiés, ces deux ministères gagnant des postes.
Combien d’enseignants en moins dans le second degré ?
Le ministre laisse ouvertes deux questions d’importance. D’abord malgré la suppression de 1800 postes, le budget global de l’Education nationale devrait , si on en croit JM Blanquer, rester en hausse de 800 millions (+1.7%). Cela interroge sur la sincérité de la première version du budget donnée en juillet. On savait le budget insuffisant pour faire face au glissement vieillesse technicité à format constant. Permettra t-il de faire face à la montée du nouveau service national (SNU) ?
Enfin JM Blanquer a détaillé la répartition des postes supprimés : 1800 postes dont 400 administratifs, les suppressions de postes d’enseignants concernant le collège et le lycée. Mais il annonce aussi des créations de postes dans le premier degré. Si la balance doit être de -1800 mais qu’il y a création de postes au primaire, alors combien de postes seront effectivement supprimés dans le second degré ? On pourrait bien se retrouver au delà de 1400, sur des chiffres nettement plus proches de ce que permet la réforme du lycée.
François Jarraud